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Carnets d'Orient tome 6 sur 10
EAN : 9782203390027
64 pages
Casterman (11/10/2002)
4.24/5   54 notes
Résumé :

L'action, au début du récit, se situe en Algérie en novembre 1954, au cours des premières semaines de l'insurrection. On suivra en parallèle les destinées des différents personnages : Sauveur et Marianne, jeunes français insouciants qui demeurent à Alger. Samia, étudiante en médecine et son cousin Ali, également i étudiant. Octave, proche parent de Marianne, gradé récemment rentr&#... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Il vaut mieux convaincre que contraindre.
-
Ce tome fait suite à Carnets d'Orient, tome 5 : le cimetière des princesses (1995) qu'il vaut mieux avoir lu avant pour comprendre l'histoire des carnets récupérés par Saïd, et ce qu'ils représentent. Ce tome a été publié pour la première fois en 2002, sans prépublication en magazine. Il a été réalisé par Jacques Ferrandez, pour le scénario, les dessins et les couleurs, comme tous les précédents. Il s'ouvre avec une citation d'Albert Camus (1913-1960) : Bientôt, l'Algérie ne sera peuplée que de meurtriers et de victimes. Bientôt, les morts seuls y seront innocents. Vient ensuite une introduction de trois pages, rédigée par Gilles Kennel, spécialiste du monde musulman professeur à l'université Paris Sciences et Lettres, et directeur de la chaire Moyen-Orient Méditerranée à l'École Normale Supérieure. Il évoque le choix du bédéaste de tout dire, en particulier les violences et les tortures, et le fait qu'il n'y a ici nul jugement sur le tort des uns ou des autres, mais simplement cette remarquable mise à plat que permet la bande dessinée. Puis se trouve un résumé en une colonne succincte présentant Marianne et les carnets d'Orient de Joseph Constant, rappelant que les cinq premiers tomes, regroupés sous le titre des carnets d'Orient recouvraient la période allant de 1830 à 1954. Ces tomes 6 à 10 forment un deuxième cycle titré Carnets d'Algérie et couvrant la période de 1954 à 1962. Ce tome a reçu le prix Maurice-Petitdidier en 2003, et le Prix France Info de la Bande dessinée d'actualité et de reportage 2003.

En pleine campagne algérienne, la voiture d'Adrien Marnier fait des tonneaux en quittant la route. Sauveur s'arrête à hauteur de l'accident et se précipite pour sortir Marianne de la voiture, puis Marnier. Saïd, un jeune garçon paysan, accourt sans être vu et il ramasse un des carnets de Joseph Constant qui est tombé hors de la voiture pendant les tonneaux. Il le conserve précieusement, alors que les trois blancs regagnent le véhicule de Sauveur. Il rejoint ses chèvres et repart dans la montagne. Il regarde le contenu des carnets, à la lueur de la bougie : il s'agit du journal du peintre, accompagné d'études à la peinture, et de croquis de nu. Il est appelé par son père pour revenir garder les chèvres. Sur le chemin, il croise Si Mahmoud, le garde-champêtre. Dans le massif de l'Ouarsenis en octobre 1954, Mahmoud aide Saïd à lire les carnets, pour apprendre le français.

À la fin de la journée, Mahmoud raccompagne Saïd au village : un homme est en train de commenter les écritures saintes. le garde-champêtre essaye de convaincre le père de Saïd de le laisser aller à l'école française, gratuite. La discussion s'anime, entre le garde-champêtre prônant les bienfaits de la France, le père et le religieux rappelant les préceptes de la Foi, évoquant le fait que les Français ne seront pas toujours là. le premier novembre 1954 à Tipasa, une demi-douzaine de jeunes adultes se détendent à la plage, loin de la ville. Parmi eux, Sauveur étudiant en médecine, Samia étudiante en médecine également, son cousin Ali, Marianne, et deux copains Roro et Mimi. Ils vont se baigner.

Le tome précédent date de 1995, et l'auteur a choisi de prendre du temps avant d'entamer son second cycle, se déroulant dans des années plus récentes, débutant avec l'année de création du Front de Libération Nationale (FLN). le lecteur a bien conscience que l'enjeu de ce cycle est dans la continuité du premier cycle : mettre en scène l'Histoire du pays. Dès la scène d'ouverture, il note une première différence : le personnage est un jeune garçon algérien, enfant de paysans, pas un blanc ou un descendant de colons français. Par la suite, d'autres personnages d'origine maghrébine jouent un premier rôle, par différence avec le premier cycle où les personnages principaux étaient d'origine française de métropole, ou en descendaient directement. Il y a donc Saïd, entrant tout juste dans l'adolescence et gardien de chèvres, son père également éleveur, le garde-champêtre de la génération avant celle du père, le prêcheur, Samia algéroise étudiante en médecine et son cousin, Ali, Mourad qui va prendre le nom de Bouzid alors qu'il entre en tant que nouvelle recrue dans l'organisation du FLN, ainsi que des rôles secondaires également magrébins.

La seconde évolution réside dans le fait que le lecteur a plus conscience qu'une partie significative des interventions des personnages a pour objet et pour fonction d'exposer la situation politique et sociale, ainsi que les convictions des uns et des autres. C'est la raison d'être de cette série, le lecteur sait ce qu'il en est. le présent tome commence en octobre 1954, et il se termine fin octobre 1956, soit une période assez courte. Pour autant les informations nécessaires à la compréhension de la situation représentent une quantité importante. La situation est complexe et la lecture reste très agréable, sans impression de faire face à des pavés d'exposition magistraux, ou des dialogues n'étant qu'un discours dogmatique. Cette sensation agréable de lecture provient de la narration visuelle qui est d'une qualité remarquable. Les premières pages se présentent sous la forme de cases rectangulaires sagement alignées en bande. La planche 2b est composée d'un facsimilé des pages du carnet que Said est en train de lire : des croquis, une peinture, les notes du journal de Joseph Constant, des factures.

La narration en bandes classiques reprend en planche trois. Les planches quatre et cinq sont en vis-à-vis avec le premier tiers supérieur occupé par une case sans bordure s'étalant sur les deux planches, un superbe paysage du massif de l'Ouarsenis. Avec les planches huit & neuf, le lecteur voit apparaître une structure de double page, réutilisée à sept reprises par la suite. L'artiste établit un paysage naturel ou urbain en toile de fond sur les deux pages en vis-à-vis, et apparent dans la partie centrale de la double page. Il appose des cases à gauche de la page de gauche, et à droite de la page de droite, pour une narration en case et en bande, ces dernières par forcément toutes de la même largeur. Ce dispositif fonctionne très bien pour présenter le lieu, en augmentant également l'intérêt visuel d'une séquence qui peut être essentiellement composée de dialogues.

Fort heureusement, les personnages ont conservé leur épaisseur de caractère, ne se résumant pas à une coquille vide pour porter un point de vue. le lecteur voit le jeune garçon Saïd courir vers la voiture qui commence à être la proie des flammes : il peut observer son entrain sans retenue, sa curiosité, son plaisir d'avoir trouvé les carnets, un vrai trésor à ses yeux. Par la suite, il réapparait au cours d'une demi-douzaine de pages dans ce tome. Sa vie dépend entièrement d'événements arbitraires sur lesquels il n'a aucune prise, en particulier l'arrivée des militaires français dans son village et l'emprisonnement de son père considéré comme complice des attentats. le lecteur regarde cet enfant, et les images lui font comprendre que les événements que vit le garçon s'impriment dans son esprit comme autant d'exemples de comportement des adultes, des exemples à suivre par mimétisme car c'est la normalité de son quotidien. le garde-champêtre apparaît tout aussi vivant aux yeux du lecteur, très digne dans sa fonction, convaincu des bienfaits de l'apport de la colonisation pour un Algérien comme lui, anticipant le déchaînement de violence que génèrerait une rébellion. le lecteur fait également connaissance avec Bouzid, ouvrier dans une usine propriété d'un pied-noir. Il le regarde et voit un homme qui a conscience des inégalités sociales qu'il subit, du décalage entre sa culture et celle qui lui est imposée. Ses postures et ses expressions montrent quelqu'un qui souhaite en découdre, qui souhaite pouvoir se battre contre cet ordre établi en s'en prenant aux individus qui l'incarnent. Les personnages principaux issus de la France présentent tout autant de personnalité par leur représentation dans les cases, par leurs gestes, par les expressions de leur visage.

Le lecteur est tout aussi aise que le personnage principal soit bien présent dans ces pages : l'Algérie. Tout commence dans le massif de l'Ouarsenis, avec un trait de crayon sec et fin pour détourer discrètement le relief, et des couleurs à l'aquarelle pour rendre compte de la couleur du sol, du vert des quelques arbres, de l'ambiance lumineuse. Puis, le lecteur s'intègre à un groupe mixte en train de jouer au foot, de pique-niquer, de se baigner dans une crique à Tipasa. L'artiste ne résiste pas à dessiner la poitrine nue de Samia, une jeune femme. Toutefois, il ne s'agit pas d'une titillation gratuite, mais plutôt du paradoxe entre la douceur de vivre de ce moment, et le poids de la tradition musulmane qui va revenir. Quelques pages plus loin, le lecteur découvre un aperçu en légère surélévation des toits de la casbah d'Alger, alors que le soleil finit de se coucher. Il marche un peu dans les rues de ce quartier d'Alger à la nuit tombée, puis dans les couloirs d'un hôpital très éclairé en pleine journée. Il voit Alger depuis la mer, telle que la découvrent les militaires revenant de mission. Il marche à côté des moudjahidines dans une zone désertique pour gagner un petit village de paysans. Il progresse à côté des soldats français dans une zone de basse montagne pour aller déloger des terroristes dans une grotte. L'amour ou au moins l'affection de ‘artiste pour ce pays transparaît dans ces représentations faisant ressortir la beauté de ces lieux.

D'un côté, la volonté d'un auteur de dire l'histoire d'un pays dans lequel il est né et a grandi, pour lequel il conserve une profonde affection. de l'autre côté, la difficulté de rendre compte de l'Histoire récente, et du combat d'un peuple luttant pour regagner sa liberté. En fin d'ouvrage se trouve une bibliographie recensant trente-cinq ouvrages lus par l'auteur. Albert Camus (1913-1960) fait une apparition le temps d'une page, pour une conférence donnée à Alger, ainsi que son éditeur Edmond Charlot (1915-2004). Dès les premières séquences, le lecteur constate que Jacques Ferrandez évoque les événements par le biais de plusieurs points de vue dans un récit choral dans lequel chaque personnage est unique et bien incarné. Il ne prétend pas réaliser une reconstitution exhaustive : il rend compte de la complexité de la situation, de l'unicité de chaque situation personnelle en mettant en scène des individus complexes. Il n'est pas possible d'attribuer un rôle de méchant au capitaine Octave Alban, parachutiste de retour de la guerre d'Indochine, ni à Bouzid, Algérien ayant fait la démarche de s'intégrer au Front de Libération Nationale, avec l'intention de tuer des Français pieds-noirs le plus vite possible. Ces deux hommes ont une histoire individuelle qui les a conduits à cette position. le parachutiste a conscience qu'il va continuer à exercer le seul métier qu'il sait faire, les armes, et que le départ sans honneur d'Indochine pèse lourdement sur lui, comme une incitation à prouver la valeur de l'armée avec une vraie victoire en Algérie. Bouzid a pleinement conscience qu'il lutte pour se libérer du joug français, tout en acceptant d'autres contraintes, en particulier les actions meurtrières. Les atrocités commises par les deux forces en présence apparaissent tout autant barbares dans ce tome, que la torture soit pratiquée par l'armée française, ou les mutilations pratiquées par le FLN. Un devoir de mémoire de grande qualité, une anamnèse empathique et émouvante.
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"Bientôt l'Algérie ne sera peuplée que de meurtriers et de victimes. Bientôt les morts seuls y seronT innocents."
La citation d'Albert Camus en exergue de la BD de Ferrandez donne le ton.
Dans ce 6ème Tome des carnets d'Orient l'auteur s'attaque à un sujet qui n'a pas fini de fracturer la société française, les dits "événements" d'AlgérIe.
Comme l'annonce Gilles Kepel dans le titre de sa préface, il s'agit de "Montrer ce qu'il y à à voir."
"La douceur de vivre un jour de Toussaint à Tipasa et l'âpreté du maquis (...) les uns pratiquent la torture et les autres la mutilation."
La force de la BD de Ferrandez est de faire évoluer ses personnages dans un contexte politique et militaire qui contraint leur jugement et vient à le déformer.
Il dépasse l'opposition manichéenne entre Algériens et Pieds-Noirs pour montrer que les lignes de fracture agissent aussi au sein de chacune des communautés.
Le jeune Saïd réussit à l'école "française" mais son père Omar lui fait suivre l'enseignement de l'école coranique, alors que Si Mahmoud le garde champêtre ancien combattant l'incite à apprendre le français et à réussir.
Les convictions de Si Mahmoud le conduirotn à la mort.
A Tipasa, Ali un jeune étudiant algérien fréquente des pieds-noirs qui s'étonnent de le voir citer Albert Camus et pensent qu'il pourrait "sortir le couteau" s'ils manquent de respect à sa cousine Samia étudiante en médecine. Ali ne peut que s'engager aux côtés du FLN.
A l'hôpital, les collègues de Samia l'interpellent face aux blessures par mutilations, nez tranchés, qui sont amenés aux urgences :
"Ce sont des musulmans qui ont fait ça à des musulmans... Tu peux m'expliquer ?"
Les relations entre communautés sont de plus en plus difficiles, l'escalade de la terreur impose à chacun de choisir son camp, jamais en fonction de ses intimes convictions, mais en fonction de son appartenance.
Ferrandez déploie son talent pour illustrer les crises de conscience qui traversent les esprits. Soldats s'interrogeant sur le rôle que l'état leur fait jouer contre partisans de la terre brûlée. Combattants du FLN remettant en cause les interdictions absurdes qu'on leur impose, le tabac et l'alcool notamment accusés d'intelligence avec l'occupant.
Le combat de Camus pour "réconciler les hommes de bonne volonté" est perdu à tout jamais.
Seul l'amour entre Octave le soldat français et Samia réprouvé par les deux communautés pourrait faire changer l'avenir mais est-ce réaliste ?
Encore du grand Ferrandez.






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Ce premier tome du second cycle des Carnets d'orient part sur les chapeaux de roues.
Ferrandez – qui a bien progressé en réalisme dans ses dessins depuis le début du premier cycle – teste de nouvelles présentations inventives, comme ces cases incrustées de chaque côté de deux pages en vis-à-vis, avec des scènes de paysage en arrière-plan. C'est beau, et ça fonctionne.
On retrouve par ailleurs les personnages qu'on avait laissés en suspens : Sauveur, l'interne en médecine, devenu médecin à l'hôpital d'Alger, ses deux frères les benêts colonialistes, Marianne l'ancienne étudiante des Beaux Arts, devenue vendeuse dans une librairie, Octave l'enfant du pays, officier de parachutistes revenu de sa captivité en Indochine, et même... les carnets ! Ceux qu'on croyait perdus dans un incendie. C'est qu'ils sont un personnage à part entière de cette saga fleuve, et même le plus durable et le plus fédérateur.
On rencontre d'autres personnages tout aussi intéressants. Samia l'interne en médecine arabe, déchirée entre deux cultures, le petit Saïd, déchiré entre deux influences contradictoires, et Bouzid, devenu combattant du FLN à la suite d'une énième vexation par son patron français.
Pas de manichéisme ici : Ferrandez ne juge pas, il explique L Histoire en racontant une histoire.
Une série qui s'impose vraiment comme un modèle pédagogique à mettre entre les mains de tous ceux qui veulent comprendre la terrible histoire franco-algérienne.
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Avant de commencer cette seconde partie des carnets d'orient, il m'est nécessaire de me replonger dans l'univers de Jacques Ferrandez.
Dans la première partie, on a bouclé la boucle sur la carrière de Joseph Constant, ce peintre orientaliste mis à l'honneur avec Marianne et Sauveur.

Maintenant, nous sommes en novembre 1954 …
Les préjugés ont la peau dure, les arabes n'ont jamais lu Albert Camus, les filles ne peuvent pas devenir docteur, et les filles arabes ce n'est pas concevable.
Il est arrivé le temps pour les algériens « patriotes » de se purifier, on ne fume plus, on ne boit plus l'anisette, on ne joue plus aux jeux de hasard.
On accompagne les Djounouds (combattants) qui pour l'instant cherchent à « conquérir les coeurs et être dans la population comme le poisson dans l'eau ».

Des mots qui raisonnent avec l'actualité de ces jours ci
« C'est parce que je suis né ici, comme toi, que je crois à l'entente avec les musulmans, parce que nous sommes condamnés à vivre ensemble. Ou à mourir. Ce pays mérite la paix et la justice. La pacification n'est pas la répression ».
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Le tome 6 est un tournant dans la radicalisation du conflit amorcé. Nous sommes en novembre 1954. le petit Said sauve les carnets de Joseph Constant d'un incendie. Les diverses communautés se mélangent au cours de baignades dans le décor idyllique de Tipasa, mais les dissensions, chez les étudiants, prennent un tour dramatique. Jacques Ferrandez excelle dans la description des histoires familiales, à travers les adultères, l'audace des couples mixtes, les conflits politiques intra-familiaux, le magnifique personnage de Samia, future médecin en quête d'émancipation. En janvier 1955, les militaires, charriant leur part d'humiliation à travers la défaite d'Indochine, vont attiser la violence en recourrant à la torture la plus abjecte. La voix de la raison est symbolisée par le premier éditeur de Camus, Edmond Charlot, qui tient une librairie à Alger. L'auteur met l'accent sur l'exacerbation de l'attachement à la terre qui permet toutes les exactions. Malgré l'exhaltation des amours, c'est l'engrenage de la violence qui nous noue la gorge.
Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
- Attends, Omar, ne t'en va pas ! Ce que tu dis n'est pas vrai ! L'eau de la source, elle est bonne, et elle est gratuite. Le rayon de soleil qui te réchauffe en hiver, lui aussi tu en bénéficies. Sans payer...
- Mon fils il garde les chèvres, alors le français, à quoi ça lui servirait ? Tandis qu'avec la connaissance du Coran, il deviendra ouled à son tour et il enseignera le livre sacré. Si Dieu veut...
- Mais il aura aussi bien besoin de savoir le français, ça pourra lui être utile plus tard !...
- Les Français ici on les voit jamais, et quand on les voit, c'est mauvais signe !...
- Quand ils viennent jusqu'ici, c'est pour nous prendre nos enfants, qu'ils envoient faire la guerre dont ils ne reviennent pas !...
- C'est faux, moi j'en suis revenu. Et avec des médailles ; et maintenant je suis garde-champêtre.
- Toi tu bois l'anisette au café avec les Français !
- Tu fais partie des hypocrites qui cherchent leurs amis chez les infidèles plutôt que chez les croyants.
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Ce récit fait suite aux cinq Carnets d’Orient qui évoquaient la période coloniale en Algérie entre 1830 et 1954. Le cimetière des princesses, dernier album de la série, paru en 1995, se déroulait en 1954. Marianne, jeune algéroise, étudiante aux >Beaux-Arts, y suivait les traces du peintre Joseph Constant, héros du premier album, dont elle avait retrouvé les carnets. Elle découvrait en cette veille d’insurrection, l’Algérie parcourue 120 ans plus tôt par le peintre, à l’époque de Bugeaud et d’Abd el-Kader. On a vu ces carnets disparaître à la fin du périple dans l‘accident et l’incendie de la voiture. Mais rien n’est jamais tout à fait perdu. C’est une question de point de vue. Car, selon le romancier américain Jim Harrison : il n’y a pas de vérité, il n’y a que des histoires. – Jacques Ferrandez
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Samia, cette guerre était en train de m’abîmer le cœur et l‘esprit avant que je ne te rencontre. C’est parce que je suis né ici, comme toi, que je crois à l’entente avec les musulmans, parce que nous sommes condamnés à vivre ensemble. Ou à mourir. Ce pays mérite la paix et la justice. La pacification n’est pas la répression. Je le sais, moi, qui ai chanté le Chant des Partisans : Ami, quand tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place. Cette guerre fantôme est celle d’une armée contre un peuple. J’ai commencé à perdre l’estime de moi-même en Indochine, car j’ai vu des choses qui nient la dignité humaine et que ce type de guerre pousse les combattants des deux camps à commettre. Je vois la même chose arriver ici. Je pars pour l’Égypte avec des militaires à qui on a volé la victoire en Indochine et qui ont besoin d’une revanche. À Suez d’abord, en Algérie ensuite. J’ai gardé ton foulard. Il me protégera. Ton parfum m’accompagne. Un peu de ton courage aussi. J’en aurai besoin. Je t’aime. Octave.
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Pour le moment, il y a juste un mot d’ordre à faire passer. On ne fume plus. On ne boit plus l’anisette. On ne joue plus aux jeux de hasard. Les Français ont corrompu notre peuple. Ils ont voulu nous greffer leur âme. Chez beaucoup, la greffe a pris. Il est temps de se libérer, et pour ça il faut se purifier. Tu vas faire passer le message auprès des frères sur ton lieu de travail. Et tu commences par l’appliquer à toi-même. Donne-moi ton paquet de cigarettes. À partir d’aujourd’hui, ceux qui seront pris à fumer, seront considérés comme des traîtres, des hommes sans honneur, en nif.
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La douceur de vivre un jour de Toussaint à Tipasa et l’âpreté du maquis vont soudain basculer dans un univers où les uns pratiquent la torture, et les autres la mutilation dans un crescendo de l’horreur. Ferrandez a choisi de tout dire à travers les regards portés sur le drame par ceux qui y sont pris. Ainsi, la scène de l’embuscade – l’une des plus intenses et des plus terribles. Les jeunes appelés du contingent, d’un côté, discutent de la guerre, échangeant leurs points de vue comme on ferait au café. De l’autre côté, les maquisards se préparent à l’action. Quelques images plus loin, les uns auront été massacrés et dépouillés, les autres brûlés vifs et leurs cadavres exposés après qu’un commando de paras leur aura donné la chasse. Ill n’y a ici nul jugement sur les torts des uns et des autres, mais simplement cette remarquable mise à plat que permet la bande dessinée. – Gilles Kepel
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Vidéo de Jacques Ferrandez
À l'occasion de la 33ème édition du festival "Etonnants voyageurs" à Saint-Malo, Jacques Ferrandez vous présente son ouvrage "Suites algériennes : 1962-2019. Vol. 2. Seconde partie" aux éditions Casterman.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2762559/jacques-ferrandez-suites-algeriennes-1962-2019-vol-2-seconde-partie
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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