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EAN : 9782377351633
288 pages
Archipoche (04/07/2018)
3.43/5   30 notes
Résumé :
Le Bon Soldat est un chef d'oeuvre du vingtième siècle, une inspiration pour de nombreux écrivains, tels que Graham Greene. L'action se passe avant la Première Guerre mondiale. C'est l'histoire de deux couples, fortunés et sophistiqués, l'un Anglais, l'autre Américain, de la façon dont ils voyagent, font des rencontres, fréquentent les villes d'eaux dans plusieurs villes d'Europe.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
«C'est l'histoire la plus triste que j'ai jamais entendue», en effet, les premières lignes de ce livre résument parfaitement la teneur de ce roman. le narrateur américain John Dowell nous entraîne dans l'histoire d'une amitié entre deux couples, lui et sa femme Florence avec le couple anglais Edward et Leonora Ashburnham, une amitié qui commence très innocemment mais dont la fin dramatique (un suicide de chacun côté) est immédiatement précisé. Il n'y a donc pas beaucoup de suspense, hormis la manière dont les deux victimes trouveront leur fin. Il devient vite clair que l'infidélité et la tromperie dominent l'intrigue, donc pas de surprise là non plus.
Quelle est alors la force de ce roman ? Je n'ai pas besoin de réfléchir longtemps à cela : la voix narrative apparemment spontanée et engageante de John Dowell. Il en parle tout au long de ce livre, Dowell est un bavard qui nous entraîne dans un tourbillon d'évolutions amoureuses improbables, et dont il doit admettre qu'il ne comprend presque rien lui-même. Il devient évident très vite qu'il s'agit d'un homme très naïf qui a été induit en erreur par sa femme dès le début de leur mariage et qui doit également admettre à plusieurs reprises à quel point il avait une vision erronée des Ashburnham. On ne peut guère s'empêcher d'éprouver de la pitié et de la sympathie pour lui. Mais en même temps, on a aussi régulièrement le sentiment qu'il n'est peut-être pas tout à fait simple, que son histoire est particulièrement colorée et que, même s'il prétend être la plus grande victime, il n'en est peut-être pas une. Madox Ford donne l'impression qu'il s'agit d'une forme de littérature de confession et d'écriture thérapeutique (« Pardonnez mon écriture de ces choses monstrueuses de cette manière frivole. Si je ne le faisais pas, je devrais m'effondrer et pleurer »), dans laquelle le narrateur John Dowell, d'une manière apparemment « neutre », tente de découvrir ce qui se passait exactement. Madox Ford joue un jeu pervers avec le lecteur, avec des changements de sens sémantiques dans l'argumentation de Dowell (le titre « le bon soldat » en fait partie) et des déclarations qui nous induisent régulièrement en erreur (les sentiments extrêmement chaleureux que Dowell continue d'éprouver pour le Ashburnhams, par exemple). C'est cette accumulation sans fin d'ambiguïtés qui en fait une oeuvre littéraire extrêmement fascinante, très similaire au roman de 100 ans plus vieux, Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos.
Mais la plus grande force de ce livre est aussi sa plus grande faiblesse : l'auteur laisse peut-être parler un peu trop longtemps notre narrateur, dans un style narratif associatif (consciemment) chancelant, avec de nouveaux développements toutes les 30 pages, dans un réseau complexe de flashbacks et d'aperçus, de changements de perspective et de chronologie, d'analyse, d'introspection et de dialogue, jusqu'à ce que cela devienne un peu trop. Même aux trois quarts du livre, Dowell entame une nouvelle série de développements, comme s'il ne pouvait pas se contrôler : « Peut-être que toutes ces réflexions sont une nuisance ; mais ils se pressent sur moi. Je vais essayer de raconter l'histoire/i>. À ce moment-là, vous soupirez en vous demandant quelle tournure l'histoire va prendre ensuite. Mais ne vous inquiétez pas, cela reste un roman impressionnant, l'un des grands de la littérature de l'entre-deux-guerres.
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Il y a neuf ans (et six semaines pour être exacte), le couple John et Florence Dowell rencontrait le couple Leonora et Edward Ashburnham aux bains de Nauheim. Devenus très vite amis, « une évidence » dixit John, le narrateur, les deux couples ont pris l'habitude de se retrouver tous les ans au même endroit. de ces quatre individus, il ne reste plus que John et Leonora. John nous annonce assez rapidement que Florence et Edward sont morts à très peu de temps d'intervalle. Est-ce la maladie du coeur dont chacun souffrait qui les a emportés?

Six mois après leur décès, depuis la propriété des Ashburnham, « Fordingbridge », John relate ces neuf années d'amitié ainsi que les confidences de Leonora à la mort de leurs époux respectifs. Sa tendre Florence n'était peut-être aussi pure et fragile qu'elle le prétendait et Edward n'était peut-être pas aussi bon seigneur et honnête qu'il le laissait paraître. John se rend alors compte que leur amitié qu'il pensait indestructible était en fait vérolée depuis bien longtemps.

J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman. J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de longueurs, de répétitions et très peu de dialogues. John raconte ce récit au gré de ses souvenirs, ce qui donne un effet totalement décousu et très confus. Les événements sont racontés dans le désordre, de manière très aléatoire, ce qui m'a déstabilisée. Même si cette construction est souhaitée, j'avoue avoir eu beaucoup de mal garder le fil de l'histoire et à être rester captivée. de même, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages que j'ai jugés très froids.

Dans ce roman, il est question d'amour et surtout de relations amoureuses. le si héroïque colonel Edward cache un homme aux multiples conquêtes, empli de vices, malade. Sa chère épouse cherche à sauver les apparences et à accepter ses maîtresses, allant même jusqu'à payer pour qu'elles puissent le rejoindre! Leonora a un seul leitmotiv: montrer à Edward qu'il peut compter sur elle en toute circonstance et surtout prouver que son mariage est heureux. Entre les deux là pourtant, le mariage n'a pas été d'amour mais a été arrangé par les parents qui se languissaient d'une union (et d'argent par la même occasion). Une union qui était vouée à l'échec depuis ses prémices. le couple Florence/John n'est pas en reste. La si pure Florence ne l'était déjà plus quand elle a rencontré John mais s'était énamourée d'un petit voyou, avec le consentement de son oncle. John s'est occupé de sa femme, dévoué (et très naïf) qu'il est, tandis que celle-ci, manipulatrice et jalouse, batifolait avec le mari d'une amie.

Les relations sont toutes relatées avec beaucoup de cynisme et de fatalité. A travers ces personnages tous viciés derrière des apparences très pieuses, c'est toute la bourgeoisie britannique qui est épinglée et son folklore de l'apparence et du mensonge.

Je conseille?

Petite déception pour ce roman bien différent de ce que je pensais. Si, en lisant le résumé, l'histoire de départ avait tout pour me plaire, les trop nombreuses répétitions et cet aspect décousu auront eu raison de mon intérêt. Dommage.

Lien : https://ladybookss.wordpress..
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Un roman des apparences

Le roman se présente sous la forme d'un récit mené par John Dowell qui oscille constamment entre passé et présent. L'intérêt de ce type de narration, c'est la mise en avant constante du point de vue subjectif du narrateur qui évolue régulièrement au vu des révélations qu'il fait à son lecteur et montre ainsi la complexité des sentiments humains. Trahi par son épouse et son « meilleur » ami, John Dowell commence, comme tout un chacun, par juger (ici, Edward) avant de se lancer dans une tentative de compréhension : pourquoi n'a-t-il rien vu ? Pourquoi lui et pas un autre ? Pourquoi Edward a-t-il trahi cette épouse remarquable et parfaite qu'est Leonora ? Edward est-il le moins irréprochable de tous ? Et c'est à cette introspection que l'on assiste tout au long du roman et qui, encore une fois, nous prouve que les apparences sont souvent trompeuses. En cela, John Dowell est un être remarquable car, avant de condamner, il accepte de rechercher cette vérité dont il sait, quoi qu'il arrive, qu'elle le fera souffrir.

Malgré les apparences, Ashburnham est un faux Don Juan, terrifié par les femmes. Il séduit, certes, mais il est trop sentimental pour ne pas souffrir et finir victime lui-même de son « addiction ». C'est d'ailleurs ce qu'ont bien compris Florence Dowell et Leonora, son épouse. Florence se sert d'Edward comme d'un échappatoire à son histoire d'amour avec John éventée avant même qu'elle ne débute. Par « respect » pour son époux, elle joue la comédie, feint la maladie pour vivre une passion qui lui sera finalement fatale. L'épouse parfaite ne supporte pas (même pour les yeux du bel Edward) l'idée de voir le vernis de son apparente honnêteté se craqueler aux yeux d'un époux qui lui a tout sacrifié. Quant à Leonora, en bonne catholique, elle trouve dans les infidélités d'Edward son salut éternel. Face au mensonge, elle se pense dotée d'une mission : celle de ramener cet homme à elle en rachetant ses péchés. Leonora, faute d'être respectée en tant qu'épouse, veut, au moins, acquérir le statut de sainte aux yeux du monde… et ce quels que soient les moyens utilisés. On peut, en effet, lui reconnaître un atout : elle est géniale pour fomenter des complots afin d'atteindre son objectif. Là, il n'est plus question de féminisme outragé, ses consoeurs deviennent à ses yeux de simples moyens pour parvenir à ses fins. Au fur et à mesure des pages, ce n'est plus la femme trompée qui agit mais son ego au point que même ses directeurs de conscience n'arrivent plus à la contrôler voire « condamnent » ses intentions. Elle ne cherche plus à être aimée d'Edward, elle veut simplement qu'il lui appartienne corps et âme, telle une marionnette ou « un bon soldat » dont elle est la seule à décider du destin. Et elle y parviendra, abandonnant sans scrupules derrière elle quelques « âmes » sacrifiées.

Au final, un très beau roman introspectif, sans doute pas assez connu en France.
Lien : https://mespetitsplaisirsamo..
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Ce roman ne m'a pas séduit.

Pourtant cité parmi les 100 livres à lire (classements fallacieux souvent réalisés par des anglophones d'ailleurs), j'y suis resté hermétique.

J'ai galéré pour avancer dans les 100 premières pages, avec une éclaircie par la suite et un certain intérêt sur la fin. Il m'est difficile d'expliquer ce qui m'a rebuté. L'écriture un peu ampoulée, la conception du couple et du gentleman désuète, la lenteur de l'histoire sont autant de raisons potentielles.

Une littérature de l'attente ne me dérange pas, j'en veux pour preuve que j'adore Julien Gracq, mais ici, le style n'atteint pas un tel sommet que pour permettre au lecteur de faire du sur place. L'intrigue fait penser à un vieil opéra alors que ce roman date du XXème siècle.

Je viens de terminer plusieurs mois de romanciers américains (Lewis, Wolfe, Fante, Robert Penn Warren, Bukowski, ...) et j'ai peut être du mal à revenir vers un certain classicisme british?

J'ai mis 3 étoiles pour l'écriture qui reste quand même belle et l'intrigue qui se révèle sur la fin. Mon appréciation sur le plaisir de lecture vole bien moins haut, vous l'aurez compris...
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Le narrateur, John Dowell, nous fait vivre l'histoire de l'intérieur mais en même temps est tellement en retrait et s'est tellement laissé biaiser qu'on reste en quelque sorte dans une totale découverte des secrets de son mariage et de ses relations amicales. Il s'interroge beaucoup et j'ai aimé ces réflexions sur l'âme humaine après qu'on l'ait trahi !

Sa manière de raconter est très spéciale : beaucoup de digressions avant de revenir à son propos initial (un peu proustien quand on y pense), mais on s'y fait vite et cela permet de découvrir tant de souvenirs du personnage ! J'adore cette façon originale de passer d'une pensée à une autre qui est très riche, mais j'avoue je ne suis pas très objective puisque c'est exactement la mienne…

Comme le dénouement des deux couples est annoncé dès le départ, on s'attend sans cesse à arriver à la cassure, mais elle n'arrive pas de suite, ce qui peut amener à des quiproquos assez drôles et très sûrement voulus par l'auteur : je n'avais jamais vu ça auparavant et le concept m'a séduit !

On a quelques propos assez familier également, ils m'ont beaucoup amusés puisque je ne les imagineais pas du tout dans un tel contexte de bourgeoisie anglo-saxonne.. On découvre vraiment ses dessous et non-dits comme l'annonce le résumé !

On a également droit à plusieurs retours en arrière pour expliquer le mariage de John et Florence ainsi que quelques mises au point sur certains événements mis aux lumières des révélations que vient d'avoir John.. Passionnant mais je n'en dis pas plus !

Manipulation, souvenirs maintenant entâchés, rélfexions sur l'âme humaine et ses penchants.. Un roman absorbant qui m'a conquise et que je recommande les yeux fermés, tant il est original pour l'époque (d'après mes maigres connaissances), et toujours entraînant à l'heure actuelle !
Lien : https://insideyourbooks.word..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La vraie fureur amoureuse, véhémente, la vraie passion brûlante et longtemps nourrie, qui consume le coeur de l'homme, c'est l'insatiable besoin de s'identifier à la créature qu'il aime. Il désire voir des mêmes yeux, toucher du même sens, entendre des mêmes oreilles, trouver en elle enveloppe et soutien.
[...]
Si donc une passion de ma sorte touche à son accomplissement, l'homme sera comblé pour un temps. Il y trouvera la réconfort, l'encouragement, l'oubli de sa solitude. Mais ce sont choses éphémères ; elles passent comme passent les ombres d'un cadran solaire, inéluctablement.
P.132
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Le décor familier de la pièce s'était soudain métamorphosé. Irréels paraissaient les chenets à pommes ornementées de fleurs de cuivre ; les bûches embrasées, symbole douillet d'un mode de vie indestructible, n'étaient plus que feu de bûches. Contre la haute plaque du foyer la flamme vacillait ; le saint-bernard soupirait dans son sommeil. Dehors tombait la pluie d'hiver, rageuse.
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