Lorsqu’on considère notre époque ou les époques passées, la beauté et la justice divine semblent en être absentes : l’innocent souffre toujours, le méchant continue de prospérer…
Les théologiens appellent « eschatologie non accomplie » ce pessimisme temporel, ce sentiment d’accablement que nous pouvons tous ressentir lorsque nous considérons le présent comme le passé. Il semble, en effet, que nous soyons bien loin de l’eschatologie, c’est-à-dire de l’expérience du temps de Dieu, de l’accomplissement des temps, « lorsque la justice coulera comme une rivière » et que le lion dormira avec l’agneau.
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Une société laïque sans vision spirituelle produit du divertissement, non pas de l’art : tôt ou tard elle succombe à la prostitution de l’âme de l’artiste.
Einstein avait entrevu cette perspective lorsqu’il affirmait : « La plus importante fonction de l’art et de la science est le réveil et l’entretien du sentiment religieux cosmique. »
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L’indifférence, c’est-à-dire l’insouciance, l’apathie, la froideur du cœur et la perte de la passion, est un péché très grave.
Dans la Bible, ce n’est pas la haine mais la froideur du cœur qui est le contraire de l’amour.
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« La démesure est l’essence même de la création.
Après la démesure initiale de la création, l’univers a continué à fonctionner dans la démesure, projetant ses complexités et ses colosses dans le vide incommensurable, débordant d’une abondance prodigue avec une vigueur toujours renouvelée.
Et le spectacle continu depuis qu’on a levé le rideau » Annie Dillard
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… la spiritualité chute/rédemption a été favorisée parce qu’elle servait les intérêts avoués ou inconscients des bâtisseurs d’empire, du patriarcat et de certains systèmes politico-économiques, mieux que ne l’aurait fait la spiritualité de la création.
Les idéologies chute/rédemption ont contribué à maintenir les pauvres dans leur pauvreté. Elles ne favorisent ni la confiance, ni la créativité, ni l’indignation morale, ni l’appel prophétique, ni la solidarité en vue de transformations sociales, dont l’opprimé a besoin d’entendre parler.
Bref, la théologie chute/rédemption est une théologie de l’oppresseur.
(page 338) - La grâce originelle