Ecrits de la nuit sans lune

C'est dimanche aujourd'hui et c'est jour de fête au pays : un jour pas comme les autres, un jour magique, un de ces dimanches comme on n'en a pas connu depuis longtemps.
Ce matin, dès les premières lueurs de l'aube, une effervescence inaccoutumée s'empare du village. Quelque chose se prépare. De chaque maison s'échappent des rires, des cris de joie ou d'impatience. Ici chacun est impliqué dans la préparation de la fête du Grand Patron, Abbas le vénéré, le frère tant aimé, l’ami fidèle et généreux, l'amant le plus doux et le plus loyal, l’homme le plus viril et le plus courageux du pays de Cran.
En ce dimanche de fête mémorable le village s'apprête à recevoir la visite de son grand patron. A chaque balcon sont installées des guirlandes, des étendards, des bannières aux couleurs vives, des hampes florales en abondance. Le village sort brusquement de sa torpeur quotidienne avec cette explosion de joie qui signifie que tout le monde est heureux, que la société est en parfaite harmonie, que tous les villageois sont unis dans cette célébration collective. L'amitié et l'amour règnent en maîtres au village de Cran. Personne n'y déroge : le bonheur est partagé de tous. Les villageois n'ont qu’une hâte : retrouver Abbas le bien aimé.

JE PENSE AUX ÉCRIVAINS, MES AMIS

Je pense à eux parce que je suis comme eux.
Je pense à leurs belles créations arrivées à terme après des mois de recherches, de mé-ditation, d'isolement.
Je pense à leur goût pour la fantaisie, le fantastique, le mystérieux,
Qui deviennent sous leur plume poésie.

Je pense aux livres, aux beaux livres
Qui ne seront jamais des denrées commer-ciales, des best Sellers,
Je pense à ces artistes de l'écrit qui s'échi-nent à retenir leurs rêves sur la feuille de papier.

Je pense à leur obstination créatrice malgré leurs maigres revenus,
Eux qui donnent toute leur sève contre de vagues promesses éditoriales,
Ou l'exhortation des usines à projets
Qui enferment la création dans un contrat rigide
Pour faire d'elle un produit financier.