D'un côté,
Stéphane François, universitaire spécialisé dans différentes fractions d'extrême-droite, dont j'ai déjà lu quelques livres ou articles.
De l'autre, le Bord de l'eau, maison d'édition dont j'ai quelques livres en attente dans mes étagères et dont le catalogue me paraît extrêmement pertinent.
Entre les deux, un titre et une thématique qui m'intéresse, notamment dans son sous-titre : "Identité, écologie et paganisme".
Et au final, quelle déception !
Dans une note en préambule, l'on apprend que ce livre est en fait une compilation d'articles. Aïe. Ça ne m'enchante pas trop. Il est annoncé que "les articles parus [...] ont été retravaillés et complétés, les redites existantes d'un article à l'autre ayant été supprimées pour éviter des répétitions inutiles."
Je n'ose imaginer ce qu'aurait donné ce livre sans ces coupes... Ou bien est-ce la mauvaise version qui est partie à l'impression ?
Que de répétitions ! de formules copiées-collées, de citations réutilisées, de redites en tout genre. Jusqu'à avoir la même phrase sur deux pages de suite. Ou bien la même formule en fin d'une note de bas de page, et en début de la phrase suivante dans le texte.
C'est incroyable.
Par ailleurs, mettre "écologie" dans le titre alors qu'un chapitre seulement, sur quatorze, y est consacré, c'est plutôt audacieux. Surtout que dans ce chapitre, si on enlève ce qui a déjà été dit ou ce qui le ressera... Il ne reste plus grand chose.
Ceci étant dit, il y a beaucoup de choses à retenir, d'explications intéressantes et un gros travail sur les sources.
L'un des fils rouges, et qui attire tout particulièrement mon attention, concerne l'aspect "diffusion" de ces idées "néo-droitières", et au-delà. Notamment via de nombreuses maisons d'éditions qu'il est appréciable de pouvoir identifier et relier entre elles via les personnages étant aux manoeuvres.
Dans la conclusion,
Stéphane François insiste sur la cohérence des idées de la Nouvelle Droite. Mais ce n'est pas la conclusion que je tire personnellement de la lecture de son livre. Les nombreuses brouilles, personnelles, financières ou idéologiques des acteurs (on ne croise que deux femmes, anciennes nazies, dans les plumes de ces mouvements) rendent difficile la description stable de qui sont ces grécistes ou néo-droitiers. Reste la figure tutélaire, et fil conducteur du livre, d'Alain de Benoist, éminence grise et grand graphomane, sous divers pseudonymes.
Un livre raté dans la forme, et j'en suis le premier déçu et désolé.
Il en ressort une impression de "lit de Procuste". Si l'auteur est un spécialiste de la Nouvelle Droite pour l'étudier depuis deux décennies, ce patchwork ne convaint pas dans la "cohérence" qu'il veut apporter aux différents personnages et courants qu'il présente. L'ajout de la notion de "dissidence" dans le titre ne me suffit pas.
Reste une mine d'informations sur ces f(r)anges d'extrême-droite qui ne peuvent qu'être utiles pour mieux appréhender certains discours et leur généalogie. Et, si on le souhaite, pour mieux les combattre.