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Laurence Kiefé (Traducteur)
EAN : 9782382923238
320 pages
Bouquins (05/01/2023)
3.45/5   30 notes
Résumé :
Après avoir vécu un épisode douloureux, Mara, désemparée, fuit en direction de la mer, laissant toute sa vie derrière elle.
Elle arrive dans une station balnéaire en fin de saison. La ville se vide et Mara traîne sa solitude et son chagrin dans les rues désertes et sur les plages oubliées. Elle survit. Lorsque l’argent vient à manquer, elle trouve un job dans une des rares boutiques restées ouvertes. Les mois passent, le quotidien se pose et, tandis qu’elle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Je tiens tout d'abord à remercier l'éditeur Bouquins ainsi wue l'opération Masse Critique pour l'envoi de ce livre.

Sara Freeman nous fait suivre le parcours de Mara, une jeune femme quittant le Canada à bord d'un bus pour s'arrêter dans une ville côtière des Etats-Unis. Nous sentons de suite qu'elle veut se faire oublier, refusant par exemple d'utiliser sa carte bancaire. Ses raisons, nous ne les découvrirons que par très petites bribes distillées lentement et tout au long du récit.

Cette femme est à la dérive, n'a que peu d'argent et doit se débrouiller pour manger, dormir et se vêtir.
L'autrice nous fait vivre ses épisodiques relations, ses sorties seule la nuit, ses nages dans l'océan, sa solitude, ses moments de dépression, sa déchéance et cela donne au texte un côté à la fois intime mais aussi assez sombre, voire sinistre.

Cette déprime, Mara me l'a parfois communiquée durant ma lecture, me poussant à à l'interrompre, pour la reprendre le jour suivant, preuve s'il en est du don de Sara Freeman à décrire l'état d'esprit de sa protagoniste. Côtoyer une personne traumatisée n'est pas toujours facile …

L'autrice nous offre de belles descriptions, et de manière sobre, tant de cette ville côtière que de l'océan et de ses marées.
Mara, comme celles-ci, alterne ses moments de calme éphémère et de difficultés.

Le texte est présenté sous forme de petits paragraphes, un ou deux par page seulement, séparés par un interligne important et un croissant de lune, créant ainsi tant une page très aérée qu'une césure dans le récit.

L'écriture est belle et sans fioritures. L'autrice nous donne un livre assez court, mélancolique, angoissant qu'il me sera difficile d'oublier.




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Que cherche Mara ? Que fuit Mara ?

Portée par l'irrésistible force d'un flux qui l'éloigne de chez elle, Mara a tout plaqué et échoue dans un petit village glacial de bord de mer. Derrière elle, sa vie, son compagnon et la douleur du drame qui la ronge, devenue insupportable au quotidien. Devant, rien ; juste la nécessité d'une pause.

En attendant - et sans savoir réellement ce qu'elle attend - elle bosse pour Simon, commerçant en vin et fromage, lui-même à un tournant de sa vie. Les solitudes s'observent, se méfient, se rapprochent, se craignent et se repoussent. C'est qu'en vrai, ça ne se partage pas la solitude et le mal-être, même temporairement. Ça ajoute même parfois à la douleur.

Flux et reflux, les jours passent, la vie passe. Et petit à petit, Mara évolue : « Elle sait que ça n'existe pas, une coupure nette. Et pourtant, elle ne peut pas s'empêcher de sentir grandir en elle quelque chose qui ressemble à l'espoir ».

Marées de Sara Freeman – traduit par Laurence Kiefé – fait partie de ces livres dont il est difficile de dire après lecture si on les a aimés ou pas. Ou en tout cas, de tenter de les juger sous cet angle binaire.

Mais dans cette atmosphère intimiste, minimaliste, presque indiscrète, j'étais bien. Spectateur de ce portrait de femme en bascule, de ce moment de vie à l'étale de la marée où l'on peut rester échoué ou repartir à l'assaut du large, j'ai été surpris de mon intérêt pour un personnage qui n'est pourtant pas destiné à susciter l'empathie.

C'est délicieusement lent, agréablement atypique, déplaira à beaucoup mais vous restera en tête longtemps après lecture.
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Marées est un court roman qui offre à ses lecteurs une histoire bien ancrée dans le réel, où l'on est amené à suivre la reconstruction psychologique et physique de Mara.
La protagoniste du livre vient s'échouer dans une ville balnéaire, avec ses maigres économies et des douleurs plein la tête : des douleurs dues à la perte, à l'incompréhension, à une addition trop chargée de chagrins et de remords. Sur la ligne de crête, Mara pourrait basculer : la vie ne lui fait pas de cadeau, mais Mara elle-même ne s'en fait pas beaucoup, de cadeaux. Elle est dure, avec son passé, avec son présent, avec les autres, avec ses souvenirs ou avec ses espoirs. Après avoir un peu erré, à la limite de la perdition, quelques rencontres lui redonnent un soupçon d'espoir, elle a même l'opportunité de travailler dans la boutique de Simon. Lui aussi porte sur ses épaules le fardeau d'une vie inachevée, douloureuse, pour des raisons bien différentes de celles de Mara. Cependant une blessure reste une blessure, peu importent les raisons. Simon et Mara apprennent à collaborer, s'apprivoisent mutuellement, se dévoilent certains pans de leurs histoires respectives. Et pendant ce temps les vagues continuent leur incessant aller-retour vers la Terre, la ville continue de vivre au rythme des saisons, l'alternance des joies et des peines continue son inexorable avancée, les désirs succèdent aux désillusions avant de leur céder à nouveau la place. À moins que ce ne soit l'inverse...

Ces tranches de vie, ces aventures terriblement banales, pourraient n'être qu'une peinture supplémentaire d'une Amérique marginalisée où l'individu peut se perdre anonymement, dans la plus grande indifférence. Cependant les marrées intérieures, ces mouvements incessants du mental et de l'égo, qui bousculent Mara, Simon, mais aussi un peu tout le monde, rendent le livre intéressant, assez attachant. le style de Sara Freeman est dépouillé, sobre, incisif aussi. de temps à autre un peu de poésie vient éclairer l'histoire, mais les détails ne sont pas légion, les descriptions restent à la surface. Chaque mot est justement posé, l'ensemble reste cohérent, réaliste, et l'on se surprend à se dire que cette sobriété confère à ces Marées une pudeur bienvenue. L'auteure ne tombe pas dans l'écueil de l'apitoiement facile ou de la critique sommaire : c'est plutôt la vie mise à nu, avec ses hauts et ses bas, son ressac interminable de beau et de sordide, de nos existences tragiques. Tout ceci, cette somme d'événements sans réelle consistance, nous leur accordons une grande valeur, puisqu'après tout il s'agit bel et bien de notre vie. Et comme Mara nous nous laissons souvent dominer/envahir par nos émotions, et l'on choisit de se faire mal ou de faire mal aux autres, ou bien de remonter la pente et de croire aussi au bonheur, aussi fugace qu'il puisse être.

Marées est donc, à mes yeux, plutôt une réussite. le style épuré, assez direct, convient plutôt bien à cette histoire puisqu'il évite de tomber dans un pathos lourdingue qu'on trouve parfois ailleurs. Il n'empêche qu'il m'est tout de même arrivé, pendant la lecture, d'avoir un léger sentiment de déjà vu (protagonistes, personnages secondaires, déroulé de l'histoire) ou de regretter un léger manque de détail dans certaines descriptions. Je dois tout de même reconnaître qu'il m'a été difficile de lâcher le bouquin un fois entré dedans, et que Mara est un personnage crédible, attachant, qui permet d'ouvrir la réflexion sur la fausse banalité de nos vies : chaque être que nous croisons porte une histoire singulière, qui tend à se dissoudre dans le collectif si on ne lui prête pas attention, comme une vague dans l'océan.

Un grand merci à l'éditeur et à Babelio pour m'avoir envoyé le livre !
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Marées est un livre de l'ordre de la sensation. C'est un livre que l'on ressent, qui parfois nous percute tandis qu'il nous berce à d'autres pages ; exactement comme les mouvements de la mer. C'est ce que j'aime appeler un "roman vérité". Rien dedans n'est idéalisé. Il s'agit de la vie telle que nous la vivons vous et moi. Cette vie pleine d'intransigeances, de pertes et de regrets, mais aussi cette vie dans laquelle on aime, on découvre et surtout, l'on vit.

Marées, c'est aussi un roman qui vit. L'eau coule à travers les pages pleines d'embruns. Ces pages dans lesquelles nous nous perdons, tout comme Mara qui se perd dans l'existence, dans son existence, dans toutes ses pensées, le vide. C'est un roman où il fait presque toujours gris, où la Gran' Rue est presque toujours déserte, où le temps s'allonge à l'infini.

Mais surtout Marées, c'est l'histoire de Mara (Marée - Mara, vous comprenez ?). Mara que l'on découvre petit à petit au fil des pages à travers ses pensées, ses émotions et son contact avec le monde. Mara qui est parti, laissant tout derrière elle pour ce front de mer où elle se retrouve terriblement seule, face à elle-même. Mara qui semble éteinte et parfois folle. Seulement, Mara est terriblement humaine. Son seul défaut est celui d'avoir le coeur en miette suite à un terrible drame. Alors elle compose, elle patiente, elle vit comme elle le peut avec ce qui lui reste, tandis que les marées continuent leur cycle éternel.

J'ai aimé cette femme qui pour moi est une force de la nature. Je l'ai trouvé noble. Je l'ai trouvé belle. Plus que tout, je l'ai trouvé forte et admirable.
J'ai aimé également me laisser bercer par les remous de la mer et son rythme qu'elle seule nous impose.
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Regarder la mer, s'étirer à l'horizon.
Regarder les vagues se former,
Qui se créer, se défont,
S'emmêlent, s'écrasent,
Qui s'animent et meurent,
perpétuellement.
Comme notre vie sur cette terre,
Comme nos sentiments et nos tourments,
Qui s'en vont, et qui reviennent,
indéfiniment.

Ce roman parle d'errance. D'un deuil qui ronge. de la vie qui continue et de celle qu'on ne veut plus. Des erreurs, des malheurs. de l'amour, de la mer, d'une mère.

En ouvrant ce roman, c'est comme si j'avais contemplé la mer, durant de longues heures. Ce sont des émotions à la seconde & de la poésie à l'état pure.


C'est finalement, un roman qui ne se lit pas, non. Il se vit.

Ce sont des mots posés sur des pages, sans véritables phrases, sans véritables attaches, mais possédant une âme et un panache, sans égal.

Dès les premiers chapitres, j'ai compris la liberté que prônait cette oeuvre. le sujet est comme enfoui sous les vagues, difficilement atteignable.

Il y avait comme ce brouillard qui obstruait mes pensées. le voile s'est levé, et j'ai compris.
Toutes les émotions que Mara ressentaient.
La mer qui vivait, en elle.
Le deuil qui l'entraînait, vers le fond des abysses.
Mais cette volonté de remonter à la surface,
Et de s'en sortir.

Mon coeur s'est réchauffé, absorbé par la plume de cette auteure.

Cette lecture, c'est comme une forte vague que l'on se prend dans le dos. On ne s'y attend pas, mais pourtant elle est là. Elle nous submerge et nous entraîne sous l'eau. Elle nous retourne, bousculant nos repères. Quand on retrouve la surface, l'air apparaît comme salvateur. Une grande bouffée d'air frais, pour notre plus grand bonheur. Après avoir refermé ce roman, c'est exactement ce que j'ai ressenti. Une grande secousse et une bouffée d'air qui s'était immiscées, au plus profond de moi.

Nous ne sommes que de passage,
Comme une vague qui se retire,
Et s'écrase,
A l'infini.

A lire, et relire.
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critiques presse (2)
Bibliobs
21 mars 2023
Dans ce beau texte, le flux douloureux des émotions laisse place à une sensation nouvelle qui ressemble à l’espoir.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
09 janvier 2023
Mara, la jeune protagoniste du premier roman de Sara Freeman, n’est pas de celles qui se remettent en selle sitôt après l’épreuve. Lorsqu’elle perd son premier bébé, cette fragile trentenaire décide de fuir le Canada pour une petite ville côtière des Etats-Unis, sans donner signe de vie à sa famille.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Pas question de se détourner de soi-même, pense-t-elle, en regardant le visage heureux, détendu de l’inconnu. Il est à sa recherche, il l’invite à aller dans un endroit plus léger, plus agréable. Il n’est pas si mal, juste un ado à qui on a donné les clés d’une voiture qu’il ne sait pas conduire. Il est candide, un innocent ; elle est le frein, le piège. T’es toujours là ? Question de perspective, pense-t-elle : elle est toute proche mais aussi loin, une balise qui se retrouve ballottée à quelques mètres du rivage.
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C’est le matin de Noël et elle s’en souvient : elle est absolument seule au monde. Elle s’enveloppe dans la couverture et descend avec une tasse de thé, la moitié oubliée d’un Donut glacé, son paquet de cigarettes déjà bien entamé. Pas un chat dans la rue. C’est exactement ce qu’elle voulait, doit-elle se répéter : se glisser dans un angle mort, fausser compagnie à sa vie.
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Il y a encore de trop nombreuses heures à remplir avant la nuit. La bière est la plus courte distance entre ce moment-ci et ce moment-là. Elle est prise en sandwich entre les deux : le vieux et le jeune, le soûl et le presque soûl. Elle se voit ainsi : viande froide, fromage fondu, tomate luisante de graines.
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Elle ouvre un gamay. Subtil, terreux, authentique, a-t-elle écrit sur l’étiquette - les mots de Simon, pas les siens. Elle boit une gorgée. C’est trop chaud, presque saignant, intérieur, comme se goûter soi-même sur les lèvres de son amant.
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Elle le sent, le passé, qui s'agrippe, qui la tire. Pas les
années les plus récentes, non; c'est le passé lointain qui l'aspire. Elle ne se débat pas. Il l'entraîne là où lui désire qu'elle aille; c'est le ressac de l'esprit.
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Video de Sara Freeman (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sara Freeman
Dans cet épisode, nous vous proposons de découvrir quelques-uns des coups de coeur des libraires de Dialogues, parmi les romans parus en ce mois de janvier. Une sélection concoctée par Catherine, Nolwenn, Rozenn et Julien.
Bibliographie : - Sortir au jour, d'Amandine Dhée (éd. Contre-Allée) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21642657-sortir-au-jour-amandine-dhee-contre-allee
- Les Ombres blanches, de Dominique Fortier (éd. Grasset) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21689841-les-ombres-blanches-roman-dominique-fortier-grasset
- Marées, de Sara Freeman (éd. Bouquins) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21712697-marees-sara-freeman-bouquins
- le Bureau d'éclaircissement des destins, de Gaëlle Nohant (éd. Grasset) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21690074-le-bureau-d-eclaircissement-des-destins-roman-gaelle-nohant-grasset
- La Nuit est mon jour préféré, de Cécile Ladjali (éd. Actes Sud) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21587635-la-nuit-est-mon-jour-prefere-cecile-ladjali-actes-sud
- Pleine et douce, de Camille Froidevaux-Metterie (éd. Sabine Wespieser) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21604091-pleine-et-douce-camille-froidevaux-metterie-sabine-wespieser-editeur
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