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EAN : 9782757896907
416 pages
Points (19/08/2022)
3.88/5   20 notes
Résumé :
De l’aube de l’époque moderne au milieu du XXe siècle, les sociétés occidentales ont débattu du changement climatique, de ses causes et de ses effets sur les équilibres écologiques, sociaux, politiques. Cette question fut posée par les Conquistadors au Nouveau Monde, par les révolutionnaires de 1789, par les savants et les tribuns politiques du XIXe siècle, par les impérialistes européens en Asie et en Afrique jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un livre important et déroutant
Voici un livre qui traite d'un sujet passionnant et qui démontre que notre société n'est pas la première, de loin, à s'être préoccupée des éventuelles répercussions de ses actions sur le climat. le livre démontre au contraire que, dès l'époque moderne, on se posait beaucoup de questions, sur la déforestation en particulier, ses liens avec le cycle de l'eau etc...Parfois de manière totalement erronée d'ailleurs mais ces interrogations étaient là. Et puis finalement avec la perception d'un temps plus long, géologique par exemple, ces interrogations se sont réduites car on les a cru, à tort, moins essentielles.
L'ouvrage est très intéressants, globalement pointu, il faut toutefois le reconnaitre car on s''intéresse ici à la production scientifique de personnalités généralement de second plan, pas toujours. Les auteurs y croisent parfois le fer avec certains de leurs confrères historiens, et le livre s'appuie sur une bibliographie considérable. Mais je rappelle bien qu'il ne s'agit pas du tout d'une histoire de la perception récente du changement climatique, et le livre n'est pas forcément ultra facile à lire. Ceux qui seraient inquiets par cette dernière remarque se consoleront en se disant qu'il ne fait guère plus de 300 p....
En revanche, on apprend beaucoup sur les relations complexes entre l'homme et le climat, et le livre à le mérite de bousculer bien des idées reçues.
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« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs... », J. Chirac, 2002.
L'année 2022 semble nous forcer à regarder en face la réalité du changement climatique : méga-feux, sécheresse des cours d'eaux, fonte des glaciers, succession de vagues de chaleur, températures records, moussons déréglées et dévastatrices au Pakistan, Secrétaire Général de l'ONU parlant de « suicide collectif » face à notre inaction...
L'histoire nous apprend cependant, à travers les recherches et le travail de Jean-Baptiste Fressoz et de Fabien Locher, que, si nous avons longtemps « regardé ailleurs », c'est parce que la science nous a incité à le faire. le but de leur ouvrage est ainsi de montrer que les savants et les scientifiques de l'Epoque Moderne à nos jours sont très nombreux à avoir réfléchi sur le climat, ils ont longtemps nié l'action de l'homme sur le climat, ou la minimisaient, ou, au contraire, y voyaient le signe d'un progrès. Il fallait se rendre « maîtres et possesseurs de la nature » pour reprendre les mots de Descartes, domestiquer le climat pour le modeler selon ses besoins.
Or, cette histoire des sciences est également très politique : les savants sont liés aux politiques, ou du moins s'inscrivent dans le débat politique de leur temps, et cela influence leurs recherches et leurs conclusions. Ainsi, la Révolution veut régénérer la nature française comme elle a régénéré son gouvernement, nature corrompue, souillée et dégradée par l'Ancien Régime. A la Restauration, un grand débat a lieu en France sur le sort des forêts : doivent-elles être vendues pour en tirer du profit et donc éponger les dettes des guerres révolutionnaires et impériales, ou sauvegarder pour être exploitées avec contrôle pour la marine de guerre et l'industrie, tout en permettant de garantir un climat sain, humide mais pas trop chaud, propre à l'agriculture et au développement de la population ? de même, les administrateurs des empires coloniaux, Britanniques et Français notamment, regardent avec un mépris raciste les sécheresses en Inde et en Afrique, dues selon eux aux mauvais entretien des forêts par les « indigènes », coupables de déboisements incontrôlés.
Oui, le climat est politique. Certains scientifiques semblent constater un réchauffement, mais ils l'interprètent de façon positive : si les températures montent, la population ne souffrira plus des vagues de froids des hivers rigoureux ou des catastrophes comme l'explosion du volcan Tambora en 1815 qui cause « l'année sans été ». Et progressivement, cette thématique disparaît du champ du savoir à la fin du XIX ème siècle : les incidents météorologiques et climatiques deviennent prévisibles avec des modèles et des calculs, et les effets d'une sécheresse ou d'une inondation sont combattus avec les progrès des transports – en cas de pénurie dans une région, le train permet d'amener la nourriture ailleurs.
Ce n'est qu'à partir des années 50 que les scientifiques font de réels progrès, qui font aujourd'hui consensus, mais il a fallu pour cela un travail long, mobilisant de nombreux moyens humains, technologiques et informatiques pour réaliser les mesures d'observations, les calculs...
On ne regardait pas, parce qu'on nous avait dit qu'il n'y avait rien à regarder...
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La collection Points offre aux curieux de très bon ouvrages de vulgarisation. Les révoltés du ciel, Une histoire du changement climatique XVe-XXe siècle est un condensé d'érudition accessible aux néophytes dont je fais parti. Les deux auteurs sont des historiens de l'environnement.
La question du changement climatique semble avoir intéressée les philosophes puis les scientifiques depuis l'exploration du monde au XVe siècle avec les expéditions portugaises et espagnoles et le commerce triangulaire. Pour asseoir leur domination sur le monde, les pays européens ont exporté leur colons, leurs esclaves, leurs pratiques pour plus de terres cultivables. Dans un premier temps, le défrichement des forêts était une solution pour contrôler le climat. Réduire les hivers rigoureux et les pluies abondantes faisant obstacle à la culture et à l'élevage. En France, la question du climat s'invite à la suite de la révolution de 1789. Les révolutionnaires accusent la royauté des abus de la déforestation d'autant que les forêts étaient un bien royal (chasse, bois de chauffage, etc.). le braconnage était sévèrement puni. Après la révolution, les forêts ont été confisqués aux églises, aux aristocrates. Déjà, à cette époque, il y avait des lanceurs d'alerte comme François-Antoine Rauch, géographe au service des Ponts et chaussées. le déboisement en Europe et dans les Caraïbes et aux Amériques avait un impact sur le climat et la pluviométrie.
Dans le dernier tiers de l'ouvrage, les deux auteurs développent le concept de changement anthropique du climat lié à l'activité humaine, au consumérisme et à la mondialisation. L'industrialisation, les marchés, le recours aux énergies fossiles bouleversent les paysages ruraux. Les villes se développent ainsi que les transports réduisant les milieux naturels.
Mais la question du climat, au fil des siècles s'est complexifiée. La météorologie, la vulcanologie, les forces de pression au sein du globe ont un impact sur le climat. le temps de la nature et le temps des sociétés sont-ils irréconciliables ?
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Jean-Baptiste Fressoz, spécialiste de l'histoire de la Terre, Fabien Locher, tout deux historiens des sciences, nous livre un récit passionnant, fruit de longues années d'enquête, sur la place du changement climatique dans L Histoire et on apprend des choses : que la question de l'agir humain sur le climat ne date pas d'hier ; qu'elle a même été exploitée lors de la colonisation européenne notamment en Afrique (avec un focus sur l'Algérie par la France) et lors de la conquête du Nouveau Monde (avec pour slogan "l'Homme blanc qui adoucit le climat") ; qu'elle figure en France avec l'anxiété climatique, depuis notamment la Révolution française avec la forêt comme enjeu politique central ; qu'elle disparaîtra pendant le XIXe siècle qui placera le charbon comme vertu de la Révolution industrielle, etc etc etc. J'aurais juste aimé avoir plus de développement sur la question et son évolution durant la moitié du XXe siècle, mais cet aspect pourrait être facilement complété par d'autres lectures.
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Un livre particulièrement universitaire, voire érudit et donc pas à la portée du premier néophyte venu.
Je m'attendais à une description des changements climatiques depuis le 15ème siècle, pour y déceler les prémices de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui.
Mais le livre (la thèse) s'oriente surtout sur le ressenti de l'homme face au climat. On avait, à l'époque, une vue très locale des causes des évolutions du climat. La forêt était considérée comme l'élément clé de ces évolutions. Et les actions décidées étaient déjà orientées politique politicienne.
Un ouvrage pour les historiens.
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critiques presse (1)
LaViedesIdees
05 octobre 2021
Dès les débuts de l’époque moderne, les sociétés occidentales débattent et s’inquiètent du climat, de son évolution et de la responsabilité des humains. Sur cette question comme sur bien d’autres, l’idée qu’un grand partage aurait longtemps prévalu entre nature et culture s’en trouve fragilisée.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ce livre a décrit les contextes politiques, théologiques, impériaux et savants au sein desquels le changement climatique fut perçu, pensé, anticipé, craint, enduré mais aussi célébré depuis le XVIème siècle. Un autre récit est toutefois possible, qui dégage dans le maelström des théories du XIX ème siècle – portant sur la chaleur, la physique du Globe, les âges glaciaires ou la spectroscopie des gaz – les avancées scientifiques ayant abouti au diagnostic contemporain du réchauffement global. Cette histoire est infiniment plus claire, plus courte, mais aussi plus rassurante. Les savoirs en question ont été validés par la physique contemporaine, le doute en est exclu de même que la politique, les conquêtes, les forêts, les mauvaises récoltes, le peule, la faim, les révoltes.
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« Si le réchauffement global a été et reste un choc pour les consciences, c'est parce que le début du XX ème siècle, la civilisation industrielle et la science nous ont inculqué deux idées confortables mais fausses. D'une part, que l'agir humain ne saurait perturber le climat, de l'autre que les sociétés riches n'avaient, pour l'essentiel, plus rien à craindre de ses soubresauts. Notre sidération face à la crise existentielle du réchauffement tient largement à ces illusions rassurantes d'un climat à la fois inébranlable et inoffensif. Elle est l'épilogue funeste de l'histoire qu'a retracé ce livre ».
Début de l'épilogue.
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Au bout de notre enquête, nous n'avons pas découvert "l'origine" d'une "conscience" écologique, mais plutôt l'inverse : "la fabrication industrielle et scientifique d'une forme d'apathie face à l'agir climatique. La genèse de sociétés qui se plaisaient à croire qu'elles avaient enfin conjuré cette menace.
Fin de l'introduction.
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Videos de Jean-Baptiste Fressoz (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Baptiste Fressoz
Rencontre avec Jean-Baptiste Fressoz à l'occasion de la parution de "Sans transition" aux @editions_du_seuil
Solidement documenté, passionnant et à bien des égards édifiant, ce livre d'histoire nous invite à nous défaire d'un bon nombre d'idées reçues, notamment celle d'une transition d'un système énergétique à un autre. Plutôt que cette succession communément admise et très instrumentalisée politiquement, Jean-Baptiste Fressoz fait la démonstration, preuves à l'appui, d'un profond syncrétisme dans la production d'énergie depuis l'aube de l'ère industrielle. Cette nouvelle histoire énergétique est un préalable indispensable pour comprendre ce qui se cache derrière les promesses de verdissement de l'économie et autres transitions énergétiques miraculeuses.
Alors si vous voulez voir de quel bois nous nous sommes chauffés et comment nous allons collectivement continuer d'aller au charbon, LISEZ CE LIVRE !
Dispo à la librairie et ici : https://www.millepages.fr/livre/9782021538557-sans-transition-une-nouvelle-histoire-de-l-energie
David Even à la réalisation Rencontre animée par Pascal Thuot et Simon Payen
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