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EAN : 9782810414369
192 pages
Editions Prisma (02/04/2015)
4/5   2 notes
Résumé :
Un angle inattendu pour un sujet grave et grinçant ! Cet ouvrage est un recueil de citations historiques attestées (carnets manuscrits, biographies...) dans lequel on aura plaisir à piocher de bons mots et à s'amuser de ces pirouettes verbales. On apprend en introduction, l'incroyable destinée de M. Guillotin qui, dans sa volonté d'offrir une mort plus digne aux détenus, s'est retrouvé malgré lui lié à celle de la guillotine. Les citations sont réparties dans cinq c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Outre le côté instructif de ce livre quant à l'évolution de la peine de mort en France, je l'ai trouvé très intéressant du point de vue humain. Qu'est-ce qu'un homme ou une femme à qui on est sur le point d'ôter la vie peut bien penser à l'aube de la date fatidique? de bons mots qui font sourire parfois, d'autres parfois moins "fins".
J'ai beaucoup aimé le livre en lui-même, en forme de guillotine! Bref, malgré le sujet peu rigolo, c'est une lecture très agréable, que je recommande.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le rasoir national

Le 26 mars 1814, rue Saint-Honoré à Paris, à l'angle de la rue de la Sourdière, un médecin se présente, la mine grave, pour examiner un brave homme de soixante-quinze ans qui est aussi un confrère. Le diagnostic n'est pas bon et le patient le sait. Sa femme Marie-Louise, son neveu Joseph-Raymond Plassan sont là, aux petits soins pour le mourant, qui demande un prêtre. S'étant confessé, quoique franc-maçon, Joseph-Ignace Guillotin passe à l'Orient éternel, avec la satisfaction du devoir accompli. Et sans doute pense-t-il, dans ses derniers instants de lucidité, à ce qu'il a noté dans son testament : «Il est difficile de faire du bien aux hommes sans qu'il en résulte pour soi quelques désagréments.»

Contrairement à ce que voudrait une légende tenace, l'homme qui a donné son nom à la guillotine n'est donc pas mort sous le couperet : il s'est éteint doucement, dans son lit, entouré des siens, muni des sacrements de l'Église. Que de légendes il est vrai, que d'élucubrations au sujet de ce pauvre Guillotin, qui n'a pas inventé la guillotine, qui se désolait de l'avoir parrainée, qui n'a jamais assisté à une exécution capitale et qui était le contraire d'un sanguinaire !

Le récit légendaire commence dès sa naissance, à Saintes, qu'on écrivait «Xaintes» à l'époque, le 25 mai 1738. Les Guillotin, famille bourgeoise, habitent rue Saint-Pierre, près de la place où ont lieu les exécutions. Sous la monarchie, celles-ci offrent à la population un véritable spectacle, gratuit, long et affreusement sonore. Jusqu'à l'abolition de la torture, par Louis XVI, en 1780, les malandrins subissent la question avant le procès et peuvent encore, endurer d'effroyables supplices en place publique : la marque au fer rouge, le tenaillement, l'écartèlement, la pendaison forment autant d'attractions courantes, tandis que la décollation à «l'épée de justice», dans cette société d'ordres qui méconnaît l'égalité jusques dans le trépas, demeure le privilège de la noblesse. À Saintes, le bourreau local est régulièrement requis pour rouer les coupables, c'est-à-dire, d'une lourde barre qu'il manie comme une hache, broyer les os de malheureux attachés à une roue horizontale montée sur l'échafaud.

Ce 25 mai 1738, les cris du roué sont si intenses, si atroces, que dame Guillotin, les nerfs à vif, met bas avant terme : le petit Joseph-Ignace voit le jour dans une ambiance de supplice, oyant comme premiers sons qui lui viennent du monde les hurlements d'un condamné qu'on pile à mort... Cette tradition locale semble trop belle pour qu'on la détruise : né dans les affres d'une exécution, Guillotin aurait consacré sa vie à rendre ces cérémonies plus douces et plus brèves...

Le fait certain, objectif, est qu'il tourne le dos aux professions judiciaires pour tâcher de soulager les maux de l'humanité. Son père est avocat, son grand-père maternel juge sénéchal en l'île de Ré; lui rompt la tradition familiale pour faire sa médecine, à Bordeaux, puis à Paris. En 1768, il obtient son doctorat à Reims, parce que le diplôme y est moins cher, mais dès 1770, il reçoit le droit d'exercer à Paris, où il va devenir un médecin en vue.

Passé chez les Jésuites, tenté un moment par la prêtrise, le jeune Guillotin s'en éloigne et se passionne pour les conceptions humanistes des francs-maçons, dont les ateliers essaiment alors à travers le royaume. Initié au sein de La Parfaite Union, à l'Orient d'Angoulême, il sera vénérable de la loge parisienne La Concorde en 1776 et, trois ans plus tard, membre de la prestigieuse loge des Neuf-Soeurs, où il va assister à l'initiation de Voltaire. Quand il s'agit d'organiser les frères et de surmonter leurs querelles doctrinales, le Dr Guillotin compte parmi les fondateurs du Grand Orient de France.

Le petit provincial a donc fait son chemin à Paris quand la vieille monarchie commence à se fissurer. La première invention de Guillotin est alors strictement politique : une pétition au chef de l'État ! Révolutionnaire dans son texte, qui conteste les droits de la naissance et demande une représentation du tiers-état proportionnelle à son importance numérique, sa Pétition des citoyens domiciliés à Paris du 8 décembre 1788 l'est encore plus par la méthode : c'est la première fois qu'on ose interpeller directement le monarque par ce genre d'écrit revendicatif et ce crime de lèse-majesté lui vaut une condamnation ordonnant la saisie des exemplaires imprimés.

Voici Guillotin sur le devant de la scène, porte-parole des six corps de marchands et bourgeois de Paris : le 15 mai 1789, il est logiquement élu député du tiers aux États généraux et va déployer une grande activité au service de ses collègues. Non seulement il signe le Serment du Jeu de paume, mais c'est lui qui a eu l'idée de rassembler les députés dans cette vaste salle de jeu, lui qui en a négocié l'ouverture avec le gérant.
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