Ce sixième tome de la saga phare de
Neil Gaiman propose neuf histoires indépendantes qui invitent à voyager dans le temps, à la rencontre de personnages emblématiques et de leurs rêves.
«La Chute» (Fear of Falling), dessinée par Kent Williams, invite à suivre les peurs de Todd Faber, le directeur d'une troupe de théâtre qui s'apprête à interpréter sa pièce intitulée Typhoid Mary. J'ai bien aimé cette première histoire où Dream vient influer sur la décision et sur la vie de Todd à travers ses rêves.
J'ai par contre beaucoup moins apprécié les trois histoires suivantes, dont les titres font référence à des mois de l'année dans différents calendriers («Trois septembre et un Janvier», «Thermidor» et «Auguste»). La première (Three Septembers and a January), dessinée par
Shawn McManus, met en scène plusieurs Eternels et se concentre sur le défi lancé par Despair, incitant Dream à transformer un certain Joshua Abraham Norton en premier Empereur des États-Unis d'Amérique. Ce récit qui ne m'a pas trop emballé permet néanmoins de croiser Sam Clemens, alias
Mark Twain, et de développer un peu plus la relation tendue entre Despair et Dream. La deuxième, dessinée par
Stan Woch, se situe chronologiquement après "La chanson d'Orphée" et relate le pacte passé entre Dream et Lady Johanna Constantine (déjà aperçue dans le tome 2 : "La maison de poupée") afin de retrouver la tête d'Orphée, aux mains des révolutionnaires français en 1794. Ce récit qui accompagne la chute de
Maximilien Robespierre est le plus intéressant des trois. La troisième, dessinée par
Bryan Talbot, invite à suivre l'empereur Auguste en l'an 7 après J.-C.
«En chasse» (The Hunt), dessinée par
Duncan Eagleson, est un conte inspirée de la mythologie russe, qui mêle loups-garous, gitans, la sorcière Baba Yaga, le bibliothécaire des rêves, Lucien, et Dream évidemment. L'histoire est agréable à suivre, mais la conclusion n'est pas extraordinaire.
«Terres Molles» (Soft Places), dessinée par
John Watkiss, accompagne Marco Polo dans le désert du Taklamakan, l'endroit idéal pour rencontrer le marchand de sable. Cette histoire rythmée par d'étranges rencontres dans un endroit où le temps est malléable, est pas mal du tout, sans être extraordinaire.
«La chanson d'Orphée» (The Song of Orpheus), dessinée par
Bryan Talbot et composée de quatre chapitres et d'un épilogue, est le plat de résistance de cet album et de loin la meilleure histoire. Ce récit qui se situe chronologiquement avant celui de «Thermidor» débute par le mariage d'Orphée et d'Eurydice, en compagnie des Eternels, mais vire vite au drame. le désespoir d'Orphée, son voyage aux Enfers et la conclusion tragique de cette histoire sont vraiment excellents. Une très bonne histoire qui relève le niveau de cet album.
«Le Tribunal des corneilles» (The Parliament of Rooks), dessinée par Jill Thompson, raconte l'histoire d'un bébé qui se rend dans le monde des rêves, où Eve, Matthew le corbeau, Abel et Caïn vont jouer aux baby-sitters en lui racontant des histoires, dont celle du Tribunal des corneilles ou des trois femmes d'Adam. Un récit très plaisant !
«Ramadan», dessinée par
P. Craig Russell, s'inspire des contes des Mille et Une Nuits, se déroule pendant le jeûne du Ramadan et raconte l'histoire de Bagdad, bien avant qu'elle ne soit réduite en ruines par la Guerre du Golfe. Ce mélange de contes, de rêves et de réalité fonctionne parfaitement et c'est probablement la meilleure histoire de l'album, avec «La chanson d'Orphée».
Bref, un album qui débute assez moyennement, mais dont la deuxième moitié est vraiment excellente !