Matei Gall a risqué sa vie comme militant antifasciste. Il a cru dans la valeur de la vie et de la liberté, il s'est révolté contre les inégalités et les injustices de toutes sortes. Dans sa jeunesse, il a cru que ces idéaux honorables pouvaient prendre corps dans une « société démocratique populaire », « socialiste ». Il a vécu la répression anticommuniste des années 1938–1944, et le climat de suspicion et de terreur psychologique des années ultérieures, lorsque–ce livre le raconte–il a dû se justifier à maintes reprises pour avoir été aux côtés de trois autres camarades de détention, à Râbnița en Transnistrie, le miraculeux survivant d'un assassinat collectif. Et par les faits vécus, il a compris qu'il avait été confronté aux ressorts irrationnels de l'Histoire.
(p.7, extrait de la préface de Vasile Morar)
L’histoire de Matei Gall révèle la fragilité et la précarité de la morale lorsque les événements historiques se libèrent du contrôle de la raison et ne sont plus déterminés que par des passions destructrices. Celles-ci s’avèrent presque impossibles à stopper lorsqu’elles s’associent la force de la science et le pouvoir de l’État, identifié à son tour à un personnage maléfique. Après Olivier Lustig et Liviu Beris, le récit que l’on va lire constitue un admirable témoignage sur l’holocauste des Juifs de Roumanie, sur la faillite de l’espérance communiste, et sur le simple désir de rester, malgré tout, un homme.
(p.9, extrait de la préface de Vasile Morar)
La peur est l'un des phénomènes normaux et passagers de la vie de l'homme. Mais ce fut l'épouvante et le tremblement d'effroi permanent qui ont caractérisé l'état –tout à fait anormal– dans lequel nous avons vécu pendant des années, même après la mort de Staline. La Roumanie étant peut-être le seul pays "socialiste" dans lequel les documents du vingtième Congrès du PCUS et les enseignements qui en découlaient n'avaient pas été débattus et expliqués, le seul pays n'ayant pas entrepris la déstalinisation.
p. 255