AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9788417216627
477 pages
Harper Bolsillo (01/01/2020)
5/5   2 notes
Résumé :
Carlos Lombardi, expolicía criminalista y ahora preso político por lealtad a la República, cumple redención de pena en Cuelgamuros trabajando en las obras para el mausoleo del Valle de los Caídos. Pocos días antes de Navidad, Lombardi es liberado inesperadamente y trasladado a las dependencias de la Policía, donde le recibe su antiguo jefe Balbino Ulloa, a quien años atrás ayudó a no ser expulsado del cuerpo facilitándole un improvisado carné del Frente Popular. La ... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Tiempo de SiegaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Heureuse surprise: acheter pour la plage ce qui ressemble à du hard boiled d'après la photo assez convenue, commencer à lire et s'apercevoir au bout de deux pages que si l'habit ne fait pas le moine, la couverture ne fait pas le roman. On referme illico le livre et on file le lire chez soi, au calme, parce qu'on tient enfin un polar comme on n'en a pas lu depuis longtemps.
Carlos Lombardi (moitié Argentin, d'où le patronyme) est un ancien membre de la police criminelle resté fidèle à la République. Déchu de ses fonctions, il est envoyé comme prisonnier politique à Cuelgamuros pour travailler comme esclave à la construction du Valle de los Caídos. En cette fin d'année 1941, son ancien collègue Balbino Ulloa qui a pris du galon le fait momentanément libérer afin qu'il se charge d'une affaire délicate: enquêter sur la mort d'un prêtre. Car le crime présente des similitudes avec des affaires non résolues sur lesquelles Lombardi avait enquêté avant la guerre.

La plupart du temps, les intrigues de polar tiennent sur un ticket de métro et sont délayées dans du jus de chaussette. Ici Guillermo Galván (dont je n'avais jamais entendu parler) offre une trame complexe à souhait dans l'Espagne de la post guerre, période épouvantable s'il en est à part pour une poignée de thuriféraires.
Le dernier bon polar lu sur cette période (à part l'excellent Perros que duermen de Juan Madrid qui se déroulait sur deux époques) était El Arte de matar dragones de del Valle, avec un héros phalangiste. Ici Lombardi est un Républicain, -«  No soy un disidente: el Régimen es el disidente con la legalidad republicana. » - qui retrouve momentanément la liberté dans un Madrid ravagé par les épidémies (tuberculose, gale, teigne…), la famine, les arrestations et les exécutions. .
Car nous sommes en pleine « Période bleue » et ce n'est pas du Picasso.L'après-guerre est marquée par une violente répression, les prisons et les camps de concentration sont pleins, les fosses parsèment tout le territoire. En plus de cette politique de la terreur et la situation économique dramatique du pays, Guillermo Galván montre à travers de nombreux personnages secondaires (le diplomate Josef Hans Lazar , nommé par Goebbels, qui a la main mise sur le pays et la presse, Alfredo Kindelán Duany, Serrano Súñer el Cuñadísimo, le singulier prêtre Leocadio José Lobo..) de quelle manière l'Angleterre et l'Allemagne manoeuvrent pour orienter la politique de Franco pendant que la haute bourgeoisie, le clergé, les phalangistes, les monarchistes se disputent le pouvoir.

Enquête dans une ville morte, Tiempo de Siega (Le Temps de la Moisson), fait aussi la part belle aux personnages complexes: Lombardi l'anti-héros qui retrouve ses réflexes de policier, son adjointe Alicia Quirós, phalangiste convaincue reléguée aux tâches subalternes parce femme, Ignacio Mora, journaliste un peu trop fantaisiste pour l'époque et la fonction… Bref, Guillermo Galván m'a littéralement charmée, par son sens de l'intrigue, sa manière d'ancrer l'histoire dans une période peu traitée dans les romans policiers, par son art de parsemer faits et anecdotes sans plomber son roman. Et je me félicite d'avoir acheté en même temps que Tiempos de Siega la suite intitulée La Virgen de los Huesos, en espérant que cet auteur soit traduit et publié en France.
Commenter  J’apprécie          6213
Vous me connaissez, je n'allais pas laisser Pecosa trainer toute seule par ces parages. C'aurait pu etre dangereux. Alors, bien que mort de peur, je me suis lance a sa suite, dans le noir, dans CE noir. C'est mon cote chevaleresque, c'est mon cote casse-pieds.

J'erre donc apres elle dans les rues et les places de Madrid en 1941. Une ville encore en ruines suite aux bombardements de la guerre civile, ou deambulent des ruines d'hommes et de femmes, estropies, sans travail parce qu'il y a peu de travail et que de toutes facons on ne donne pas de travail a ceux qui ont soutenu la republique, ou les grandes arteres ont ete rebaptisees au gout des franquistes, ou il est dangereux de se tromper sur les nouveaux mots, les nouveaux termes, soulevement national, Caudillo par la grace de Dieu, mais ou derriere des fenetres fermees on affuble ce caudillo, ce chef de guerre, d'un sobriquet juteux, “la culona", celle au gros cul (au feminin, ultime offense!).

Cela me ramene a un ete de la fin des annees 50 ou, enfant, j'avais passe en famille quelques semaines a Ronda (une petite ville du sud autour d'une gorge impressionnante) dans une fonda, une auberge tenue par deux soeurs, dont une tres grosse qu'on denommait “ culito", petit cul. Je me rappelle avoir ri de ce surnom reduisant la realite et qu'on m'avait lance: Culona no hay mas que una, por la gracia de Dios, Gros cul il n'y en a qu'une, par la grace de Dieu. Je n'avais evidemment pas compris a l'epoque a qui etait destinee la pointe.

Entre les decombres madrilenes s'active un ancien policier criminaliste, condamne a 12 ans de prison pour etre reste loyal a la republique, mais mis en liberte provisoire pour aider a resoudre une affaire de crime nauseabond. C'est un individualiste, se mefiant de tout et de tous, mais sachant choisir a qui accorder sa confiance, goguenard, sarcastique, mais derriere cette façade grand coeur, attache (encore!) a une cause perdue, mais pas du tout pleureur ou martyr. Tout un personnage, qui me rappellerait un Marlowe mal fringue.

Il cherche un meurtrier dont le modus operandi ressemble a quelques affaires qu'il n'avait pas reussi a elucider en leur temps. L'intrigue nous entraine sur des pistes differentes, qui se suivent et s'entremelent, que ce soient l'anticlericalisme, la prostitution, le traffic d'oeuvres d'art, les rivalites d'espionnage entre allemands et anglais. L'auteur devoile sa demarche en explicant le titre: "Es tiempo de siega, hora de separar el trigo de la cizaña" C'est le temps de la moisson, le temps de separer le ble de l'ivraie.

Sur cette intrigue, ou cet enchevetrement d'intrigues, se superposent des allusions historiques: les joutes pour le pouvoir entre phalangistes, militaires, ecclesiastiques et magnats d'industrie; la montee de l'influence de l'Opus Dei (que l'auteur cache sous le nom de Mediator Dei, et des fois l'affuble, par derision, de celui de Mercator Dei, Marchand de Dieu); la mainmise de l'ambassade d'Allemagne sur la presse espagnole; la corruption generalisee. Tout cela s'additionne, s'enrichit au fil des pages pour donner en fin de compte un excellent roman noir. Que j'ai savoure.

Que j'ai savoure? Oui, exactement comme le heros, apres des annees de faim en prison, savoure les mets les plus simples, les plus populaires, les meilleurs, des “bocadillos", sandwiches aux calamars ou aux tripes frites, ou une “cazuela de callos" (ragout de tripes), ou une “sopa de picadillo” (soupe aux vermicelles ou aux miettes de pain et aux restes de viandes), sans oublier les petits verres de “tinto", rouge, ou meme, certains soirs glacials, une infusion de camomille, baptisee comme il se doit avec un filet d'anis. Je salive.

Pour continuer a saliver, a savourer, je vais essayer de suivre le heros dans les autres livres qu'il protagonise. Je connais son nom, Carlos Lombardi, mais pas son adresse. J'espere que Pecosa acceptera, bon enfant, de me la passer.
Commenter  J’apprécie          5713


autres livres classés : après-guerreVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}