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Rivière Blanche (Autre)Arnauld Pontier (Autre)
EAN : 9781649321756
300 pages
Riviere blanche (30/11/-1)
4.75/5   2 notes
Résumé :
Lorsque le bâtiment jaillit brusquement du trou de ver, Colorado comprit qu’un nouveau drame était survenu. Ce n’était pas l’espace normal qu’elle découvrait autour de son navire, mais une terrible et dangereuse nasse spatiotemporelle, un piège effroyable dans lequel s’était jeté le Piet Hein. Elle aurait pu l’accepter pour elle-même, mais rien ne saurait être facile pour une IA de pilotage, surtout quand son équipage se réduisait à un ado de seize ans et qu’en face... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le problème avec les bons romans, c'est que ça se lit trop vite...
Mais c'est tout de même mieux dans ce sens.

2080, un réseau de maisons closes pour VIP est démantelé. le fils d'une des prostituées est confié à son père, un ponte de la spatiale, une sorte de NASA et d'armée du futur. Futur proche donc, on se retrouve sur Terre à suivre les pas d'un ado qui va découvrir l'espace. Une mise en bouche pleine de saveurs. le temps de faire connaissance et hop, direction Neptune pour une mission double casquette scientifique et espionnage et à devoir éduquer une IA pour en faire une IA dotée d'empathie et capable de discerner les biais humains. A partir de là, à l'occasion d'une sortie dans le système solaire, va arriver l'impossible...

L'auteur nous emmène dans un coin de l'espace où le temps fluctue, se contracte, se replie, se dilue. Un temps qui a des conséquences matériels et parfois biologiques. Un temps ennemi, un temps quasi anarchiste. Il arrive à nous faire comprendre la peur que ressentent les protagonistes face à ce temps impalpable et muable.

J'ai beaucoup aimé, allez, ne soyons pas avare de superlatif, j'ai adoré cette lecture qui m'a dépaysé et surtout qui se joue du lecteur : on pense être dans un space opera classique mais l'auteur nous révèle bien des surprises pour épicer le tout, bref, c'est loin d'être linéaire. Je n'en dévoile pas plus pour ne pas déflorer l'aventure. L'auteur lie plusieurs intrigues et cela permet de surprendre le lecteur. Juste un bémol sur les personnages un peu inconsistant, mais cela est dû au fait d'en avoir beaucoup. L'un des points forts est l'intelligence artificielle qui y est développé. En outre, il y en a plusieurs avec des niveaux de développement et d'intelligence différents.

Autre point fort, l'auteur arrive à faire de ce roman, dont l'univers est une série, un parfait one shot alors que le background général est assez ahurissant. Qui plus est, c'est fait de manière légère, je n'ai pas eu l'impression de lire des résumés assommants.

Pour finir, le tout est préfacé par un autre de mes auteurs chouchous : Arnauld Pontier.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
LA PREFACE d'Arnauld Pontier

Vineta… Curieux nom, curieux titre. Je n’ai pu m’empêcher de chercher à en savoir plus.

Une ville de Madagascar, une autre, en Namibie, portent ce nom. Vineta a également été l’une des plus grandes cités européennes aux XIe et XIIe siècles, située aux confins de la Baltique. Son « envoûtant appel » et ses brumes sont évoquées dans deux œuvres réputées de la littérature symboliste scandinave : "Les Liens invisibles" (1895) et "Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède" (1906/1907) . Atlantide nordique, sa richesse, selon sa légende, d’origine poméranienne, était si grande que : « ses cloches étaient en argent et les mères y frottaient le derrière de leurs enfants avec des brioches » !

Vineta apparaît également, de façon plus anecdotique, dans le titre d’un court-métrage letton, signé Robert Kulenko (2017), "Laura et Vineta" : un film dans lequel un éleveur de patates est expulsé manu militari de sa ferme par des men in black, parce qu’un OVNI vient d’atterrir dans son champ… et de foutre en l’air sa récolte. Un divertissement à ne manquer sous aucun prétexte ! Dans lequel il est question d’une opération « Wormhole », en français « trou de ver ». Tiens, tiens… Où donc l’inspiration de JCG va-t-elle se nicher ?

Dans "Lost In Space" , peut-être, car Vineta, ville-conglomérat de vaisseaux spatiaux capturés par la Gueule de vers de Mirus est bel et bien égarée. Mais plus sûrement dans "D.A.R.Y.L.". JCG consacre d’ailleurs une page de son site internet à ses bioandroïdes et aux incohérences de ce long-métrage qui a si mal vieilli. Je ne vais donc pas m’y arrêter. L’auteur explique mieux que quiconque cette inspiration-là.
Il ne nous cache guère non plus ses autres sources : l’indépendance curieuse, la combativité des héroïnes de Vineta et des autres volumes de la saga syssolienne, comme Yessica, Ananké, Anaïs… rappellent d’autres protagonistes de papier, comme Yoko Tsuno, de Roger Leloup ou encore Jirel de Joiry, de Catherine L. Moore. On pourrait y ajouter des égéries du grand écran et du jeu vidéo : Tali Zorah ("Mass Effect"), Samus Aran ("Metroid"), Sarah Kerrigan ("StarCraft"), Trinity ("Matrix"), Jaylah ("Star Trek"), Selene ("Underworld")… Des héroïnes bien éloignées des clichés pulp dans lesquels le genre les a un temps cantonnées.

"2001, l’odyssée de l’espace", de Stanley Kubrick, il l’avoue bien volontiers, lui a par ailleurs inspiré ses IA : Colorado, qui deviendra C7, et sa cohorte de sous-IA empathes. Des clones bienveillants de HAL. Les multiples duplications de Dick, de Jens, de Yessica…, elles, ne sont pas sans rappeler le personnage d’Henri Vernes, l’Ombre Jaune, du « Cycle du temps », ennemi juré de Bob Morane, qui possède ce don de duplication…

Les S’zrefx, sans révéler leur nature, me font, eux, penser aux Meyres… des entités que j’ai mis en scène dans l’un de mes propres ouvrages. Des entités présentes depuis la naissance de l’univers. Des créatures qui ne sont pas de simples living ships, bio ships ou autres Jabitha , comme on peut en trouver dans le jeu vidéo "No Man’s Sky", dans l’œuvre de Kameron Hurley ou dans celle de bien d’autres auteurs de SF, mais de véritables êtres vivants, pensants. Me voilà donc soudain en terrain frère, dans une illustration de l’univers qui rejoint ma propre vision. Un univers-cerveau, fait de milliards de galaxies, arrangées en filaments et en nœuds, comme autant de synapses. « La distribution des fluctuations au sein d’un réseau neuronal suit la même progression que la distribution de la matière dans la toile cosmique », fait remarquer l’astrophysicien Franco Vazza. Est-ce donc par narcissisme que l’œuvre de JCG me parle, me plaît ? Allez savoir…

Mais ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus, pour vous résumer le cycle syssolien, qui comprend déjà quatre ouvrages et devrait, à l’avenir, en compter six de plus ! Je vous laisse faire la connaissance de Dick Hanson, ado martien ; d’Audrey, sa garde du corps ; de son navire sans équipage, le Piet Hein et son IA pilote, Colorado ; de Michaël Es-Den, le scientifique ; de Yessica, l’espionne de la spatiale et amante ; de Damienzo, le jeune prodige… Leur quête les conduit de monde en monde, de SysSol en SysSol… Je vous laisse ainsi découvrir d’autres terreaux à cette imagination débridée et pourtant si maîtrisée qui est celle de l’auteur.

« A la base, il n’existe aucune forme. L’homme produit ses gestalts et se crée des images à partir du néant », écrivait Robert Sheckley dans une formidable nouvelle : "La Mission du Quedak". Je me demande si, par un renversement du temps, il n'écrivit pas cela à JCG. Car JCG fait sien ces mots, à chaque page ; il nous captive, non pas seulement parce qu’il sait écrire et raconter, mais parce que ses histoires nous projettent dans une réalité connexe, au gré d’événements imprévisibles, engendré par ces Gueules de vers qui disloquent le temps, le distordent, empilent personnage sur personnage, en une sorte de maelstrom temporel : d’abord Dick, le premier d’entre eux, puis Rick et de ses autres doubles, avatars, « idios » (Jens, Anaïs, Yessica...). Des êtres à part, mais qui appartiennent encore à leur modèle, au golem initial qui leur a donné forme et vie. Un invisible cordon ombilical les relie, une réelle syngéneia. Nous sommes tous issus de quelque chose, de quelque part, de quelqu’un ; ce sont nos racines qui nous créent. Ensuite, c’est à nous de jouer, de nous détacher de ce berceau, de prendre notre indépendance. Ici, dans l’univers de JCG, c’est le temps qui crée et lui seul. Jusqu’à Castalie… un nouveau personnage qui apparaît à la fin de Vineta, comme un nouvel espoir.

Robert Sheckley écrivait encore : « L’espace d’un instant, l’univers ordonné est démantelé et le tissu de notre confiance en nous se déchire ». JCG applique à profusion ce concept : il déstructure au fil des pages ce qu’il a patiemment bâti, réussi à vous faire finalement gober dès ses premières lignes. Et c’est le tissu de vos certitudes qui se déchire : lequel des Dick, des Xhosa, des Essanna… est l’original ? Et cela a-t-il vraiment de l’importance ? Le jeune Jens retrouvé dans Vineta est-il celui qui expira/expirera dans les bras de Dick, au début/à la fin du cycle ; ou n’a-t-il jamais vécu/ne vivra-t-il jamais cet épisode ? Ainsi, l’univers syssolien bâti par JCG avec une rigueur de moine cistercien ouvre des failles de questionnements, des bifurcations, des potentialités. Le propos allie d’ailleurs explications scientifiques et intrigue, afin de vous offrir des histoires rigoureusement agencées, des rebondissements crédibles, mais dans un environnement qui produit d’incessants surgeons et autres télescopages : les flux et les reflux des Gueules.

Dans Vineta, des vaisseaux sont piégés dans la nasse, Changuu, ils s’y trouvent dupliqués, agglomérés (condition sine qua non de la survie de leur équipage), mais sans que l’ordre de leur arrivée et/ou de leur duplication constitue une quelconque priorité : la flèche du temps place parfois en premier une copie, voire la copie de cette copie. Avant l’original. Comme si l’effet précédait la cause. Effet gigogne inversé. Et toutes ces vies de spaciens, de scientifiques, de techniciens, d’hommes et de femmes, se croisent, entre passé et futur sans laisser au présent la moindre chance d’être le référent. Sauf pour quelques instants de répit, le temps pour l’auteur d’installer de nouveaux épisodes, de les imbriquer dans la trame de sa saga. Le monde de JCG se situe ainsi – presque – dans un instant non déterminé, au-delà de nos certitudes. Il pose la question, prométhéenne, de ce que l’humanité peut s’octroyer et du prix qu’il faudra payer ; il interroge la nature même de l’avenir, âge d’or qui pourrait tout aussi bien nous (re)conduire au chaos.

La Terre, pendant ce temps, vieillit à son rythme, déconnectée des aventures de nos héros. Et quelle importance ? Au fil des pages, son sort ne nous intéresse plus. On n’y songe plus. Seul ce qui arrive à nos « perdus dans l’espace » vaut la peine d’être suivi. Vineta et au-delà, le cycle syssolien, est un huis clos, une nouvelle Scythie, située « juste derrière le monde connu », sans autre frontière que le temps et donc l’espace. Sans d’autre intrigue, finalement, que la mémoire désordonnée, morcelée, dupliquée de ceux qui s’y confrontent. Pour notre plus grand bonheur.

Le cycle syssolien n’est pas achevé, je l’ai dit, mais une vaste trame existe déjà, un organigramme logique, précis, une sorte de carte de Tendre, que ce grand horloger d’auteur déroule d’une main de maitre, afin de nous indiquer le chemin de l’immortalité. Une immortalité que nos descendants pourraient bien connaître un jour et qui passera par la maîtrise des Gueules.

Et ce n’est pas pour rien que Vineta débute à Vienne : JCG aime nous faire valser…

Arnauld Pontier
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