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EAN : 9782745301451
198 pages
Honore Champion (03/05/2000)
3/5   1 notes
Résumé :
Porcie, la première des sept tragédies de Garnier, paraît en 1568. Le texte publié ici est celui de 1585, c'est-à-dire de la dernière version revue par l'auteur. On trouvera en fin de volume toutes les variantes des trois éditions précédentes.
Garnier va chercher le sujet de sa pièce chez les historiens, Plutarque, Appien et Dion Cassius. Pour le traiter, il fait siens le style véhément de Sénèque et de Lucain, qui vise à émouvoir, et, en partie, leur vision ... >Voir plus
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Que lire après Porcie : TragédieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Première fois que je lis une pièce de théâtre d'un auteur français du XVIe siècle. Ça se fête !

Bon je vais rester sobre. L'auteur est Robert Garnier, plutôt connu à l'époque semble-t-il. Je ne sais pas si sa pièce Porcie est représentative de la production de l'époque, mais j'ai eu plus l'impression de lire une tragédie antique qu'une récit shakespearien. La présence des choeurs, en particulier, est typique. D'après Wikipedia, les pièces de Robert Garnier sont dans le style sénéquien

Porcie est une tragédie romaine. L'héroïne n'est autre que l'épouse de Brutus, le fils adoptif de César qui a participé à son assassinat. Je ne connaissais pas le personnage qui a pourtant laissé sa marque, vu le nombre de peintures, de pièces reprenant son histoire ; même un film hollywoodien avec Deborah Kerr a été tourné. Dans la pièce, Porcie attend le résultat de la bataille de Philippes, opposant le triumvirat Octave, Marc-Antoine et Lépide, héritiers de César, à Brutus et Cassius, du camp républicain. Lorsqu'elle apprend la rude nouvelle de la mort de son époux, elle se suicide en avalant des charbons ardents (effectivement ça a de quoi laisser trace dans l'Histoire).

J'ai un ressenti mitigé sur ce que j'ai lu. Robert Garnier maitrise à merveille l'alexandrin, mais il me crispe avec de trop longs monologues, souvent trop larmoyants (le « trop » est mon ressenti subjectif). Marc-Antoine aurait pu se passer de décrire la totalité des travaux d'Hercule pour appuyer le fait qu'il est censé en être un descendant.
Plusieurs passages sont cependant savoureux, comme ceux mettant en scène un Octave implacable envers ses ennemis, aux antipodes du clément Auguste de Cinna (l'homme a bien vieilli). Certains dialogues fusent à grande vitesse comme une balle de ping-pong. de nombreuses métaphores rappellent la mythologie gréco-romaine ; c'est une qualité aussi bien qu'un défaut car il faut bien connaître ses légendes grecques pour tout saisir.
Enfin, les interventions du choeur m'ont complètement échappé. On les aurait enlevées que cela n'aurait rien changé aux actes ; cela les aurait allégés au contraire.

On sent clairement que Robert Garnier n'a pas choisi ce thème de guerre civile par hasard. La pièce date de 1568, aux environs de la deuxième et troisièmes guerres de religion. L'auteur déplore la mésentente et les carnages, mais qui l'écoute ? J'ai été un peu surpris de voir Brutus en champion de la liberté. En 1568, l'idée de République est encore loin. Garnier a-t-il voulu passer un message politique contre la royauté ?

Lire cette pièce était intellectuellement intéressant et parfois plaisant. Mais je ne pense pas me précipiter sur d'autres oeuvres de Robert Garnier tant que je n'aurait pas fini mes classiques.
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Il s'agit de la première pièce publiée de Robert Garnier, en 1561, à peine 15 ans après la création de Cléopâtre captive d'Etienne Jodelle, présentée comme la première pièce moderne française créée selon le modèle antique. Un nouveau théâtre est en train de naître, qui fait disparaître le théâtre médiéval, et Robert Garnier est un auteur important, qui va poser des jalons essentiels pour la suite de l'évolution du genre.

Soyons honnête : ce théâtre est celui d'hommes cultivés, amateur de l'antiquité, qui ont des activités autres, Garnier est juriste de formation, et va occuper différentes charges administratives importantes. Ce n'est pas un professionnel de la scène, comme ne le sont pas les auteurs de son époque. Les représentations des pièces ont souvent lieu dans les cours royales ou princières, dans les collèges, ils sont joués par des amateurs. Toutefois, des mentions des représentations par des troupes d'acteurs dont c'est le métier et la principale activité, en particulier pour les pièces de Garnier, existent, les textes ne sont pas protégés par des droits d'auteurs et tout le monde peut s'en emparer. Cela montre qu'il existe une demande sociale pour le théâtre.

Les auteurs de l'époque inventent un genre. Ils pensent reproduire le modèle antique, ils ont accès à la création italienne, pionnière en la matière, mais ce qu'ils font, va devenir original et bien sûr très différent. Il est relativement difficile de se représenter avec précision comment ce théâtre était joué et reçu, les sources sont bien moins nombreuses qu'au XVIIe siècle. Tel quel, il semble difficile à jouer aujourd'hui. L'aspect qui me pose question est par exemple le choeur, qui est très présent dans ces premières pièces modernes. Dans les deux seules représentations du théâtre du XVIIe siècle français auxquelles j'ai pu assister, le texte de ce choeur était dit (voire lu) par une seule personne, et surtout dans un cas, très raccourci. Or il semblerait qu'à l'époque de sa création, il s'agissait vraiment d'un choeur de plusieurs personnes. Je ne sais pas s'il y avait de la musique, comme dans le théâtre antique, il ne semble pas que des partitions aient été conservées. Un sujet que je vais essayer de creuser dans mes prochaines lectures.

Porcie est donc la première pièce de Garnier, et cela se sent. Autant sa deuxième pièce, Hippolyte, m'avait semblé intéressante, autant je trouve celle-ci vraiment d'une construction trop bancale. Nous sommes encore proche de la Cléopâtre de Jodelle, dans une sorte de déploration. Mais en même temps, Garnier tente de donner un peu d'action à sa pièce, et tout cela ne colle pas très bien ensemble.

Porcie est la femme de Brutus, apprenant la mort de son mari, défait pas Antoine, elle se suicide.
Le premier acte est une sorte de prologue, composé d'un long monologue de Mégère, l'une des trois Erinyes, qui incite les Romains à la guerre civile, suivi d'un choeur qui déplore les malheurs de Rome dans la tourmente. Dans le deuxième acte, Porcie vient exprimer son angoisse au sujet du sort de son mari ; le choeur pleure la paix disparue. Entre la Nourrice, suit un échange avec Porcie qui se laisse aller à exprimer ses appréhensions, que la vieille femme tente de calmer. Un choeur effrayé souhaite le succès du camp de Brutus.

Dans l'acte suivant, après un monologue d'Aree, un philosophe qui déplore les malheurs de l'époque, entre en scène Octave, puis Antoine et Lepide. Leur camp a gagné, ils se partagent le monde. Octave, suivi par Lepide, se montre sanguinaire, et veut poursuivre jusqu'à la mort tous les conjurés et leurs soutiens. Marc Antoine essaie de les tempérer. Intervient un choeur martial de soldats. Dans l'acte quatre, un messager vient conter les événements, la défaite et la mort de Brutus, au désespoir de Porcie et du choeur. Au cinquième acte enfin, la Nourrice vient raconter le suicide de Porcie, puis se suicide à son tour. le choeur est sur un mode déploratif.

Même si tout est joué, et que la mort de l'héroïne est inévitable, Garnier tente de mettre un peu de suspens, au début de la pièce, on ne sait pas encore que Brutus est mort. le messager n'annonce pas de suite la nouvelle, il raconte les événements avec luxe de détails, il y a des retournements. Garnier essaie aussi de donner plus d'étoffe à ses personnages, par exemple les trois triomphateurs, ont des personnalités distinctes, qui annoncent forcément les dissensions à venir. Mais tout cela reste un peu théorique, maladroit, pas terriblement crédible. Garnier a beaucoup emprunté à diverses tragédies de Sénèque pour écrire la sienne, et le côté patchwork est assez sensible à la lecture.

Mais il s'agissait d'un premier essai, il a incontestablement mieux réussi par la suite.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
LA NOURRICE
Mais le tyran vainqueur, incontinent détruit,
De ses heureux combats n'emporta pas grand fruit.
PORCIE
Plût au grand Jupiter qu'il dominât encore !
Nous n'aurions pas les maux qui nous tenaillent ore;
Nous vivrions bienheureux en repos souhaité,
Sans perte seulement que de la liberté;
Nous ne verrions sous lui la Ville pleine d'armes,
Commise à l'abandon d'un amas de gendarmes.
Rome ne verrait pas un millier de proscrits,
Sous l'appas d'un guerdon en tant de lieux meurtris;
Ni par divers cantons tant de têtes tranchées,
Pour un épouvantail aux rostres attachées.
Or, je te plains, César ! César, je plains ta mort.
Et confesse à présent que l’on t'a fait grand tort :
Tu devais encor vivre, tu devais encor être
De ce chétif empire et le prince et le maître :
Vraiment je te regrette, et cuide fermement
Que Brute et que Cassie ont fait injustement.
(Acte II)
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Des Enfers tenebreux les gouffres homicides
N'ont encore soulé leurs cruautez avides :
Encore mi-deserts les champs Tenariens
Demandent à Pluton de nouveaux citoyens.
Toy, qui armas le Gendre encontre le Beau-pere,
Toy, l'horreur des humains, execrable Megere,
Qui portes dans le sein la rage et les fureurs :
Toy, toy, qui peux combler tout ce monde d'horreurs,
Embrase de rechef la guerriere poitrine,
Et le sang genereux de ceste gent Latine.
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Sus, miserable, sus, sus, pauvres infortunee,
Recommence tes pleurs avecques la journee :
Que les piteux regrets des Alcyoniens,
Et les plaintes que font les Pandioniens,
Gemissant leur Itys sur les ondes chenuës,
Ne puissent egaler tes larmes continuës,
Helas ! car aussi bien, car aussi bien, helas !
Leurs desastres cruels les tiens n'egallent pas.
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O triste langueur !
O malheur qui nous suit !
O peuple vainqueur,
Las, te voila destruit !
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