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3,9

sur 829 notes
Etrange roman en forme d'hommage à Haïti (traditions, croyances, mode de vie) durement touchée par les séismes. Irruption du fantastique sur un mode onirique que j'ai trouvée un peu déstabilisante... Surtout à la fin (mélange des morts et des vivants...). Une belle écriture très poétique qui encourage quand même à aller au bout de ce roman inclassable et dérangeant.
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Laurent Gaudé, qu'on avait découvert sous le soleil écrasant des Pouilles, nous transporte ici à Haïti. Mais pas à n'importe quel moment ; au moment où l'île connaît un séisme important, un tremblement de terre phénoménal, le 12 Janvier 2010.

A travers quelques personnages singuliers et qui représentent la diversité de la population le décor du récit est planté. On aborde la vie locale à travers de multiples prismes, qui se rejoignent parfois, se retrouvent, s'éloignent à nouveau. Une richesse. Les tumultes politiques ne sont pas passés sous silence et l'espoir d'une jeunesse pour le renouveau est bien mis en avant. Un espoir, un horizon ... enfin !

Mais voilà, un phénomène naturel d'une extrême violence va tout détruire : les vies bien sûr, mais aussi les lieux, les liens entre personnes, l'organisation générale de la société. Tout est chamboulé. Et si le séisme avait réveillé l'esprit des morts enterrés ? Que viennent-ils hantés les vivants, les survivants ? Qui est mort ? Qui est vivant dans ce fatras ?

Bien écrit, c'est sûr, et avec des personnages attachants j'ai quand même eu du mal à accrocher à ce roman surtout à la fin, cette longue danse macabre et oppressante.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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J'ai lu récemment "Bain de lune" de Yanick Lahens qui m'avait un peu désarçonné, trop authentique sans doute. Ici, nous sommes en terrain littéraire connu. Laurent Gaudé aborde tous les rivages avec un égal plaisir, y compris dans l'horreur. Il dépeint l'atmosphère haitienne telle que nous l'imaginons. Il est en phase avec ses lecteurs. La culture vaudoue est mise en avant, l'abandon de toute forme d'organisation étatique aussi et la débrouille face aux éléments ne surprend pas. Les personnages sont attachants, extraordinairement vivants, d'une solidarité charnelle très caribéenne. Tout cela donne un roman bien écrit; une vision très européenne du malheur, transcendé par cette capacité de résilience que "ces gens" possèdent et que nous aurions perdu. Marcher avec les morts est un terrible aveu d'impuissance, Port au Prince est-elle condamnée à subir les coups du sort sans autre alternative que la cohabitation avec les esprits ? L'auteur semble en être convaincu.
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Après la disparition de sa soeur cadette, Lucine retourne à Port-au-Prince, ville quittée à regret cinq ans auparavant, lorsqu'elle avait mis sa vie entre parenthèses pour aider cette soeur irresponsable à élever ses enfants, Antonine dite Nine, "celle qui dépare la nuit en roulant des yeux fous et lance aux hommes dans les rues de Jacmel, des paroles obscènes, aguicheuses, s'offrant au regard avec des poses lascives".

En quittant Port-au-Prince, Lucine avait enterré ses études et son activité politique d'opposante au régime d'Aristide. Ce retour contraint dans le chaos de la capitale est comme une renaissance.

«Elle était là, elle, au milieu de tout cela, et elle sentait qu'elle retrouvait non seulement sa ville, puante, grouillante, frénétique, mais aussi sa propre existence. Et alors, surprise elle-même de pouvoir le faire, elle sourit.»

Accueillie comme locataire dans une ancienne maison close «chez Fessou», elle renoue avec l'idée d'un avenir en compagnie de ceux qui s'y retrouvent, amis unis par les luttes politiques, la camaraderie, les discussions à n'en plus finir et la joie de vivre malgré la misère et les ombres de l'Histoire.

«Chez Fessou, on pouvait boire, on pouvait jouir, on pouvait tout se dire et s'engueuler, il n'y avait qu'une seule règle : parler au moins un peu de politique.»

Cet espoir embryonnaire d'une vie enfin sereine va être balayé par le tremblement de terre de janvier 2010, cataclysme inhumain qui rouvre toutes les plaies.

«Là où la terre a faim, les poteaux électriques s'effondrent et les murs s'écroulent. Là où la terre a faim, les arbres sont déracinés, les voitures aplaties par mille objets carambolés. Là où la terre a faim, ce n'est que désastre et carnage. le sol ouvre sa gueule d'appétit. Il n'y a pas de sang parce que tout est dissimulé par un grand nuage blanc qui monte lentement du sol.»

Autour d'une galerie de personnages sombres et lumineux, parfois manichéens et un peu trop attendus, «Danser les ombres» permet d'exposer une image d'Haïti «au bouche à bouche avec l'Histoire», les contrastes révoltants entre richesse et misère, la dignité malgré les blessures ouvertes de la pauvreté et les vieux démons nés des dictatures depuis "Papa Doc".
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Laurent Gaudé parvient à sublimer la tragédie du séisme qui détruit Haïti en mettant en scène les mythes d'un pays méconnu.

Alors qu'une partie de la vie des Haïtiens s'écroule, l'auteur décrit comment la force des esprits vaudous trouble la psyché collective, autant qu'elle forme un refuge. En effet, le peuple est meurtri, les morts et les vivants semblent se côtoyer... jusqu'à rendre fous chacun d'eux. D'une part, la catastrophe touche tout le monde et les morts ne peuvent pas être enterrés convenablement. Les esprits, morts et vivants, sont en colère. D'autre part, comment un peuple anéanti et sans ressource, peut-il se relever d'une pareille épreuve et affronter la mort ?

J'ai beaucoup aimé ce roman relativement court. Les personnages et leurs relations sont très touchants. La plume de l'écrivain est particulièrement envoûtante et plaisante. Enfin, cela donne envie d'en savoir plus sur un pays connu seulement pour ses malheurs. Laurent Gaudé réussit en effet ce tour de force qui consiste à mettre en lumière la force d'un peuple dans le drame du tiers-monde sur lequel le sort s'acharne, sans jamais l'essentialiser, ni l'exotiser.
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Un roman choral troublant qui se déroule à Haïti, dans la capitale Port-au-Prince, avant, pendant et juste après le séisme de janvier 2010 qui a fait près de 300 000 morts, autant de blessés et plus d'1 million de sans-abris. Il nous conte les destins croisés de différents personnages. Un sujet dramatique et prometteur. Pourtant mon ressenti est assez mitigé. J'ai apprécié l'écriture de Laurent Gaudé toujours sobre et belle, ses mots bien choisis, ses phrases et chapitres relativement courts, qui devraient faciliter la lecture. Pourtant je suis réservée et je le regrette.

La première partie de ce roman m'a parue très longue. Pendant environ cent vingt pages (l'ouvrage lui-même en compte 250) l'auteur plante le décor et présente un grand nombre de personnages, jeunes et vieux, issus d'horizons différents ; il évoque le passé trouble et parfois énigmatique de certains d'entre eux, dans un pays très contrasté, au régime totalitaire et où la culture vaudou est encore bien présente. J'ai trouvé ces descriptions légèrement fastidieuses, parfois confuses et désordonnées, si bien je me suis un peu perdue dedans et que j'ai eu du mal à avoir une vision globale. Mais j'ai senti tout l'espoir que ces divers personnages en souffrance mettaient dans l'avenir, à présent qu'ils étaient débarrassés du Père Aristide, digne héritier malgré lui de la famille Duvalier et de ses tontons Macoutes. La vie et rien d'autre allait pouvoir reprendre. Enfin le droit au bonheur !

Hélas la population Haïti n'a fini de souffrir. Tout d'un coup, brutalement, sournoisement, la Terre va se mettre à trembler… Une première secousse meurtrière puis, peu de temps après, une réplique d'une rare violence. C‘est l'apocalypse que Laurent Gaudé décrit magistralement avec un réalisme terrifiant, pendant une trentaine de pages Son style est puissant, percutant. le lecteur en a froid dans le dos. Et après l'hébétude, dans les décombles de la ville, un immense élan de solidarité et de fraternité va se mettre en place naturellement parmi les survivants. C'est magnifique !

Enfin vient la troisième et dernière partie du roman où Laurent Gaudé entraine le lecteur dans l'irréel, l'irrationnel, le monde des esprits. Les morts vont se mêler aux rescapés dans une longue marche où les vivants vont danser avec les ombres gardant toujours espérance et amour de la vie. Je dois avouer, que ce passage bien que très poétique m'a dérangée et ne m'a hélas pas touchée. Je crois que je suis trop « terre à terre »
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Voici l'histoire de Lucine, Nine, Saul, Firmin, Vieux Tess, Lily et tous les autres. C'est l'histoire d'Haïti, sa misère, ses croyances occultes, les dictatures, les tontons macoutes, la torture mais surtout cette énergie de vie, de se reconstruire. Mais à peine les fractures se referment que la Terre se met à trembler, s'ouvre, engloutit l'île et tout est sens dessus dessous. Les morts côtoient les vivants, il faut faire danser les ombres.
J'ai trouvé ce roman très émouvant, impressionnant de résilience.
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Haïti, pays martyr, découvert par Colomb, peuplé d'esclaves ramenés d'Afrique, posé sur la route des ouragans, installé à l'épicentre de nombreux tremblements de terre.
Haiti, à la population martyre, occupée par l'explorateur et ses sbires, dirigée par des dictateurs sanguinaires frappant, torturant, massacrant toute opposition, une population pauvre, abandonnée mais pleine de soleil.
En 2010, un tremblement de terre de magnitude 7 suivi de dizaines de répliques rasa ce pays sans ressources.
Laurent Gaudé nous présente ce peuple joyeux, fraternel, écrasé de rancunes mais faisant mine de les oublier pour vivre. Les « héros » choisis par l'auteur ont tous vécu ou vivent encore des drames mais ils ont un point commun, ils ont crus à un moment de leur vie en une révolution, furent dispersés par la répression, la torture, la mort.
Ils se retrouvent dans une ancienne maison close qui reste leur phare. Ils refont le monde…..puis, au matin, la terre tremble, les murs s'écroulent, la population court éperdue, rien ni personne ne peut leur venir en aide….alors, ils retroussent leurs manches et s'organisent pour soigner les encore plus démunis…..ils se recherchent, se retrouvent ou ramassent les corps écrasés, sans vie de leurs compagnons.
Vite les anciens, les plus fragiles, les plus lucides comprennent qu'il faut accompagner les ombres, les aider à accepter leur état, conduire leurs âmes vers le repos…non, ils ne seront pas oubliés mais il leur faut laisser les vivants.
Ok, je suis fan de Laurent Gaude……mais c'est un grand livre plein d'amour et de générosité.
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Je suis un peu mitigée sur ce roman. Certes, j'apprécie la belle écriture de Laurent Gaudé. Un peu long au démarrage jusqu'aux pages du tremblement de terre captivantes, émouvantes, belles et fortes. Mais tout le long de la lecture, j'avais l'impression de voir un film américain avec tous les ingrédients pour en faire un succès : on présente les personnages, la catastrophe, les retrouvailles. L'impression de voyeurisme à se faire de l'argent sur un drame. J'espère que l'auteur reversera des royalties aux Haïtiens. Quand pense Lyonel Trouillot que j'admire à qui il fait une dédicace au début du livre ?
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Je n'etais pas certain d'apprécier pleinement ce roman autour du terrible tremblement de terre d'Haïti mais j'avais tellement aimé "La Mort du roi Tsongor" et "Le Soleil des Scorta" que je me suis lancé....et laissé prendre par la magie de l'écriture de Laurent Gaudé qui n'a pas son pareil pour vous transporter dans l'univers de ses personnages toujours très attachants et même parfois improbables. Il nous emporte cette fois en Haïti avant le séisme et surtout,pendant et après, cette terrible épreuve pour la population. D'une écriture attachante et tendre l'auteur nous fait partager totalement l'intensité de la situation au travers des peurs et des morts dans un élan d'immense fraternité dans un pays où les esprits et croyances restent très présents. Laissez- vous emporter par Ti Sourire, Lucine, Saul ...et les autres; et n'ayez pas peur de l'esprit vaudou.
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