AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,62

sur 320 notes
5
25 avis
4
36 avis
3
13 avis
2
2 avis
1
0 avis
Paris, ville de mots et de maux :

Mots, quand elle se raconte à travers ses terrasses, ses habitants, ses visiteurs, ses artistes ou ses infrastructures;
Maux, quand elle se remémore les traumatismes d'une guerre mondiale, invoque ses douleurs comme la mort de Victor Hugo ou regrette d'avoir fait si peu cas du congrès de grands auteurs noirs (afro, américano-caribéens). Etonnant, pour une ville lumière.

Il restera néanmoins des voix comme celle du narrateur pour revenir sur des "ratés". A des décennies d'intervalle ?



Commenter  J’apprécie          242
Qui es tu toi ?
C'est la question que pose un homme agité à Laurent Gaudé,  sur l'esplanade de la gare Montparnasse  .
A la fin du livre Laurent Gaudé nous laisse en réflexion " C'est à cause que tout doit finir que tout est si beau "
En réalité nous ne sommes pas dans un livre mais dans une déambulation dans Paris aux mille vies.
Cet opuscule est un bonbon, acidulé,  parfois très acide ou amer.
Qui es tu toi ? qui vit à Paris au milieu de cette foultitude, de cette multitude. Multitude d'aujourd'hui mais aussi d'hier et d'avant hier.
Dans son style  entre poésie et fantastique Laurent  Gaudé nous entraîne dans les rues de Paris, dans les pas de son père,  dans les élans de la jeunesse quelque soit le siècle , aux côtés des communards, des résistants,  ou encore dans les vers de Villon, Rimbaud et Verlaine.
Laurent Gaudé nous conte son Paris Mille Vies. Il célèbre sa ville le temps d'une nuit. Une ville faite depuis des millénaires d'inconnus,  de personnages historiques qui nous devancent , qui nous accompagnent  ou qui nous prolongeront.
La réflexion de Laurent Gaudé est universelle et quelque soit notre village, notre ville de coeur,
La question Qui es tu toi ? reste fondamentale. Nous sommes un parmi tous .Il est essentiel d'en avoir conscience afin de ne rien oublier, de ne rien laisser dans l'ombre.
Toutes ces présences sont devenus des fantômes de l'existence.
"Qui es tu toi ?. Je fais résonner une dernière fois la question en moi mais je sais y répondre, maintenant. Je suis nombreux. Homme, femme, vieillard et enfant à la fois. Tous se pressent en moi car je suis vaste  comme une terre qui attend sa foule " ( page 84 )
.... Et c'est à cause que tout doit finir que tout est si beau !
Un opuscule lumineux comme Paris ville lumière.
 Un petit livre a garder à portée de main.
L'ouvrir au hasard et se laisser dériver avec la poésie de Laurent Gaudé.
Commenter  J’apprécie          241
« Puisses-tu ne jamais oublier ceux qui meurent sur tes pavés
Comme ceux qui s'embrassent sur tes bancs. »

Tel est l'épigraphe de ce récit, adressé par l'auteur à la ville de Paris. C'est en sortant sur le parvis de la gare Montparnasse que le narrateur est interpelé par un vagabond hirsute et dépenaillé, torse et pieds nus, qui lui lance cette question résonnant comme une énigme venue du fond des âges : « Qui es-tu, toi ?... Qui es-tu ? »

Je l'ai reconnu, Onysos le furieux, ce personnage de théâtre avec lequel j'ai fait mes premières armes dans l'oeuvre mystique de Laurent Gaudé. « Il en a tous les attributs : la violente beauté, la nudité souveraine et la crasse solaire. » le narrateur aussi reconnait celui qu'il a fait naître dans l'encre et le papier en invoquant les puissances de son imagination. Et il ne parvient pas à se débarrasser de sa question. Débute alors une errance dans la ville de Paris, un monologue qui a tout de l'incantation pour déverser la mémoire de ceux qui marchèrent et vécurent avant ce jour sur ces mêmes pavés, ces mêmes places et ces mêmes avenues. « Aux morts ! Allez ! »

Le narrateur arrive jusqu'à la rue Liancourt où son propre père fit une chute mortelle, respire dans la rue Boulard de son enfance, entend gronder les jeunes gens de la Libération, convoque le poète François Villon qui dut fuir Paris après avoir poignardé un prêtre, regarde Victor Hugo enterrer son fils au Père-Lachaise, voit passer un garçon de seize ans nommé Rimbaud qui voyage les mains dans les poches et les yeux tournés vers des lumières nouvelles… « Dernière marche pour tous ceux qui ont pris place en mon esprit. Je veux partir, que le jour se lève, et avec lui, le bruit et la cohue des vivants ». Car après les morts, l'auteur se souvient de l'amour et de la vie, de cette vie qui anime et animera toujours Paris.

Dans ce texte parfois inégal qui se laisse lire néanmoins d'une traite, comme pris dans une danse macabre, Laurent Gaudé prête sa voix au souvenir de ceux qui ont marché à Paris et péri. Avec cette ode à la mort comme à la vie, célébration d'une ville toute bruissante d'histoire, Gaudé se fait passeur sur Le Styx.

Commenter  J’apprécie          225
Ce n'est pas un roman mais une errance, une recherche de soi au travers d'un périple dans Paris, à la rencontre de vies qui ont marqué la capitale. le père de l'auteur, François Villon, André Dupont et André Faucher (très jeunes résistants) et quelques autres. Nous y découvrons des histoires dont le dénominateur commun est la mort plus que la ville et ses hauts lieux - principalement ses grandes gares.

L'écriture est habile et nous offre de très beaux transports de l'esprit. Il n'y a pas vraiment d'histoire mais de petits récits. Dix courts chapitres. L'homme entraperçu au début ne joue pas un grand rôle, et c'est dommage. Il sert plus de catalyseur et de pique pour l'auteur qui se pose beaucoup de questions.

Lecture plaisante pour le brio de la plume, les anecdotes et les matières à réflexion qui nous sont offerts. L'auteur vit comme au travers des morts, c'est un peu notre lot à tous dès qu'on prend conscience de vivre dans les pas de ceux qui nous ont précédé.

L'amour d'une ville et des gens qui la peuplent, l'amour du passé, l'amour d'une femme dont la description nous touche. Amour ancien, toujours vivant ? Nous n'en saurons pas plus.
Lien : https://www.patricedefreminv..
Commenter  J’apprécie          222
Laurent Gaudé nous invite à le suivre dans une traversée nocturne de Paris, désertée de ses habitants mais peuplée des âmes des parisiens d'antan qui s'y sont battus pour la liberté ou pour leurs idées (résistants, communards, joyeux drilles insolents des danses macabres du moyen âge...). Il nous fait aussi entendre l'écho de quelques voix qui ont résonné sur ces pavés : celles de Villon, d'Hugo, de Rimbaud, d'Artaud. Et il y a aussi l'image de son père dont la mort absurde et brutale hante l'auteur. Ce dernier semble un moment hésiter entre la vie et l'appel des fantômes du passé mais son double qui l'a accompagné tout au long de sa déambulation saura le pousser vers la cohorte des vivants avec cette phrase pour viatique : "C'est à cause que tout doit finir que tout est si beau."

C'est un livre bref, mélancolique et qui m'a touché même si j'ai le sentiment que l'auteur manque ici l'occasion de nous faire (et peut-être de se faire) des aveux plus intimes. Certes l'histoire des deux jeunes cheminots fusillés quelques jours avant la Libération de Paris est bouleversante mais n'est-ce pas aussi une façon de ne rien dire de plus sur la mort de son père, ni sur ce qu'il a ressenti ? Il nous dit que la famille attendait qu'on lui rende le corps (suite à une autopsie) "pour que l'on puisse en prendre soin [...], déposer de la terre sur sa dépouille" et cela lui permet d'évoquer le sort d'Antigone ("Jamais le cri d'Antigone [...] ne m'a été aussi proche")... et donc de regarder ailleurs ! de même, la courte page où il évoque un amour de jeunesse ("Sur tes lèvres, où je déposais mes angoisses de jeune homme et où je prenais les tiennes") se termine bien vite sur une énumération d'hôtels où tous deux se sont retrouvés... hôtels choisis pour avoir hébergé jadis d'illustres écrivains !

Il y a certes "mille vies" dont aurait pu nous parler avec brio Laurent Gaudé et ce livre était évidemment trop court pour les contenir toutes. Mais à côté des quelques écrivains illustres et des quasi-inconnus morts pour la défense de la liberté dont il nous trace un rapide portrait, il y a ces deux autres vies évoquées mais trop habilement escamotées. C'est un regret que j'ai eu à la lecture de cet ouvrage.
Commenter  J’apprécie          202
Roman scintillant et poétique, brillant et tendre : une oeuvre d'art en forme d'hommage à la ville qui a vu naître son auteur.
Une ballade nocturne dans Paris à la recherche de soi-même à travers mille vies : celle de son père, mort tragiquement, des poètes maudits "Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis", des "Vilains Bonshommes" et des zutistes ; des héros de la Commune et des journées du 19 au 24 août 1944 où palpitèrent les coeurs et jaillit le sang ; de Rose Valland qui tint un registre secret des oeuvres confisquées aux juifs ; d'Antonin Artaud ("Artaud remonte à ma mémoire comme un vieux corbeau traînant derrière lui son aile cassée") qui se produisit au théâtre du Vieux Colombier en janvier 1947 ; de tous ceux qui participèrent au Premier Congrès des écrivains et des artistes noirs en 1956 ...
Et de tant et tant d'autres... Aux inconnus aussi, à tous ceux qui y vécurent et travaillèrent, y aimèrent et moururent, ou seulement qui ne firent qu'y passer et y laissèrent quelque chose d'eux.
Ces existences unes et multiples nous sont parvenues en héritage et nous les transmettrons à notre tour par la pierre et le verre des monuments et l'écriture.
Une très belle oeuvre.





Commenter  J’apprécie          206
Magnifique récit. Précisons tout de suite à ceux qui pourraient ne pas être intéressés, pensant qu'il s'agit seulement d'une ode à Paris qu'il est très loin de n'être que cela et qu'il n'est nul besoin de connaître la capitale pour apprécier, siroter, prendre un plaisir fou à cette lecture.
Il s'agit d'une réflexion poétique ayant certes pour cadre Paris, la ville de naissance de l'auteur (qui évoque la mort accidentelle de son père) sur la vie, la mort, le présent, le passé, les joies, les tragédies des vies humaines.
Une ombre invite le narrateur à une déambulation où le passé et le présent se mêlent, des vies englouties, les morts connus, les écrivains et les "vies effacées" : ceux qui ont une plaque et qui ont été oubliés, de jeunes résistants tombés à la Libération en particulier dont l'auteur imagine la vie.
L'ombre, un passeur invite le narrateur à un voyage dans le passé, les fêtes, les joies, les carnavals ainsi qu'une part moins raisonnée de lui-même.
Réflexion sur l'écriture qui permet de faire ressurgir le passé, de créer des êtres, de ne pas les oublier.
Passé et présent, morts et vivants réunis dans une folle cavalcade.
Commenter  J’apprécie          202
J'ai découvert Laurent Gaudé grâce à Babelio, avec « Eldorado », et j'ai tout de suite aimé cette écriture. Alors je n'ai pas hésité une seconde à acheter ce petit livre lorsque je l'ai vu sur l'étal de mon libraire.

Interpellé par un homme errant sur le parvis de la gare Montparnasse le protagoniste, troublé par la question « qui es-tu ? » que lui pose l'homme, part dans une errance dans les rues de Paris.

Au fil de sa déambulation il plonge dans un espace-temps multiple, fait revivre dans son imaginaire différentes époques. Nous voici témoin de la libération de Paris, du soulèvement étudiant de mai 68, du carnaval au temps de Villon. On croise Rimbaud, Verlaine, Hugo et Artaud, tandis que plane sur notre promeneur l'ombre de son père décédé.

Un récit entre rêve et réalité. Une pérégrination qui convie histoire et philosophie, mélange les morts et les vivants, suscite souvenirs et émotions. C'est toute la diversité et tous les mystères de la ville-lumière qui sont questionnés. 1000 vies, au souvenir toujours vivace ou effacé, à évoquer, rencontrer, explorer, célébrer.

Une lecture qui en période de confinement donne encore plus envie de renouer avec la vraie vie, celle des promenades le nez en l'air à l'affut d'une plaque, d'une architecture, celle des rencontres inattendues, des cafés en terrasse, des diners entre amis, des pauses amoureuses sur les bancs. L'envie de partir à la rencontre de ces mille vies qui nous attendent dans cette ville aux cent villages, aux mille visages.

Une rêverie hors du temps, comme une bouffée d'oxygène en temps de confinement. Un livre trop court qui appelle d'autres flâneries poétiques impulsées par la fine et riche plume de Laurent Gaudé.
Commenter  J’apprécie          190

Toutes les époques s'entremêlent dans un Paris vidé de ses habitants, de ses habitudes. 
Paris et des hommes qui lui ont donné son identité et qui se sont nourris d'elle, Antoine Artaud, Arthur Rimbaud, François Villon, les poètes… sont à l'honneur de ce récit fantastique et lyrique. 

Qui es-tu, toi ?
Rien ne finit jamais. Ton aïeul est là, qui murmure encore ses idéaux, ses échecs à ton oreille. Il est là, tu le portes en toi, en ton esprit et c'est avec tes pieds et ta tête qu'il voyage. 
Qu'est-ce que l'ombre attend du narrateur ?
Cette ombre qui passe dans les rues de Paris, au milieu d'un été. 
"Les morts appellent et l'ombre les entend. Est-elle là pour nous rappeler que des vibrations invisibles traversent nos existences ?"

Ce livre célèbre la mémoire, l'héroïsme des hommes, Paris et la jeunesse, l'insouciance, l'histoire.

"Peut-être est-ce que ce sont ces cris-là, ces visages au sourire large qu'il reconvoquera en son esprit lorsqu'il sera au fond d'une cellule ? Il le fera pour se dire qu'il a vécu, oui, vécu, qu'il est riche de tant d'éclats de vie et qu'il peut bien disparaître puisqu'il ne meurt pas vide."

Certains extraits m'ont touchés par leur ferveur pure et pour le reste, j'ai été moins conquise que par ses autres romans car les époques, les scènes, les hommes se sont mêlés trop vite pour moi, je n'avais pas toutes les références malheureusement pour apprécier cette marche des morts. Cette ardeur vers la vie en revanche était vive et belle.
Cela ne va pas m'empêcher de dévorer prochainement les romans de Gaudé que je ne connais pas encore !
Et " C'est à cause que tout doit finir que tout est si beau." C'est l'aspect éphémère qui donne la profondeur, la beauté, qui sert les tripes.
Commenter  J’apprécie          140
Un petit livre avec un grand talent littéraire et poétique que le lecteur déguste avec gourmandise. Paris la nuit, agitation minimum propice au rêve et à la déambulation d'un promeneur solitaire qui, au gré des lieux qu'il arpente, se souvient de faits historiques, de personnages, toutes époques confondues qui l'ont précédé et ont laissé leur empreinte. de François Villon à Victor Hugo et Arthur Rimbaud en passant par la commune, Artaud et la libération de Paris, l'auteur par quelques évocations fugaces mais très bien senties réinvestit les lieux qu'il parcoure de scènes du passé. Superbe évocation de la mémoire d'une ville qui se termine par : “C'est à cause que tout doit finir que tout est si beau.”
Commenter  J’apprécie          140




Lecteurs (709) Voir plus



Quiz Voir plus

Laurent Gaudé

En quelle année est né Laurent Gaudé?

1965
1967
1970
1972

10 questions
180 lecteurs ont répondu
Thème : Laurent GaudéCréer un quiz sur ce livre

{* *}