J'aime beaucoup
Laurent Gaudé, qui a deux grandes qualités d'écrivain.
Avec lui, je ne suis jamais entièrement déçu par ses livres, car il constant dans la qualité de ses écrits.
Et puis, il est aussi un romancier et dramaturge qui a le respect de la lectrice, du lecteur et qui sous prétexte qu'il a un nom, ne nous vend jamais de « coquilles vides. »
Laurent cette fois-ci, renoue avec ses récits intenses, lyriques d'une brillante écriture survoltée, effervescente. Un récit semblable à ses pièces de théâtre comme : «
Pluie de cendres », « Salina », «
Médée Kali » ou «
le Tigre Bleu de l'Euphrate ».
Son roman est écrit comme une tragédie grecque, où l'auteur raconte un Paris surréaliste, où ses rues sont traversées par «une marche des morts », par des personnages héroïques, parfois plus intimes, par le père de l'auteur.
Et tout ce monde bruyant, auréolé et coloré défile à travers l'espace et le temps, marchant au 19e siècle pour revenir échevelé, dans une révolte au 15e siècle.
J'vous jure m'sieur
Laurent Gaudé, que je voulais faire partie de cette fête joyeuse, de cette procession. J'avais même mis mes bottes de sept lieues pour enjamber les années, j'avais vêtu mon habit de Gavroche pour être dans l'air du temps. Mais tout a été trop vite, les siècles sont passés trop vite, se sont entrechoqués dans ma tête, je ne pouvais plus me situer.
Puis j'ai manqué de référence. Citer des grands hommes ou des condamnés à morts, c'est bien pour leur redonner brillance, mais moi je n'ai pas vu certaines scènes, je ne les ai pas vécu avec vous, trop occupé à regarder sur Google pour savoir de qui vous parliez parfois.
Je connais peu la capitale, et sûrement pas assez pour me situer et pour visualiser toutes les artères, les rues et les places que vous citiez. Pour sentir leurs parfums, l'odeur des pommes de terre qui cuisent, la sueur des travailleurs ou l'urine de leurs ruelles adjacentes.
Alors un peu trop essoufflé par trop de rythme (mais peut-être suis-je trop rouillé !) Je suis resté en arrière, la foule frénétique, excitée et passionnée me tournait le dos.
Je suis resté assis sur ce bord de trottoir aux pierres usées, regardant votre procession bruyante, qui repartait déambuler dans une autre période et dans un autre quartier.
Dans certaine époque, je n'avais plus de connexion internet, comme pour savoir en exemple la raison du vol de cette pierre de l'hôtel du Pet-du-diable.
J'aurais préféré, Laurent, que vous m'indiquiez le chemin du parvis de Notre-Dame. Là où j'aurais été plus à l'aise, j'aurais pu voir danser Esméralda. Peut-être même que j'aurais changé le cours de l'histoire, en arrachant la belle gitane aux griffes du vilain Frollo.
J'ai eu l'impression hier soir, après avoir refermé le livre, que ce fabuleux voyage ne m'était peut-être pas destiné.