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EAN : 978B00EE8OOJW
Editions L'Harmattan (01/01/2011)
5/5   3 notes
Résumé :
La question du Sens et des clés de son interprétation revient au premier plan des interrogations philosophiques actuelles. En témoignent des approches aussi différentes que la psychanalyse jungienne, l'épistémologie d'un G. Bachelard, l'herméneutique de Paul Ric?ur ou la mythanalyse de G. Durand. Toutes revendiquent d'ailleurs, chacune à sa manière, l'imaginaire et le symbole comme accès traditionnels au sacré qui donne sens. Toutefois, instruments privilégiés de la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre est en fait une thèse soutenue par l'auteur en 1996.
Mais que l'on ne s'effraie pas. Comme le dit Bruno Pinchard, qui introduit à merveille cette réédition, " L'ouvrage n'est pas une exposition de plus de la pensée de René Guénon, ni même une évaluation de sa présence dans la pensée contemporaine. La méthode en somme n'est pas hagiographique. Elle consiste à reconstituer certains enjeux de la modernité intellectuelle et à montrer à chaque fois, combien l'ignorance, la mésinterprétation, l'inévitable déformation des enseignements traditionnels de la métaphysique auront contribué à fourvoyer les idées dominantes sur notre place dans l'univers. On aura reconnu ici non pas tant la signature de Guénon que sa méthode, celle en particulier des « Comptes-rendus » et des inépuisables études de détail qui accumulent des informations souvent peu considérées et en tirent un jugement d'une rigueur géométrique sur l'état du monde et l'avenir de l'intelligence.
Car c'est l'intelligence, ou l'intellect qui est en jeu. Qui prend en charge sa santé et la portée de ses actes ? C'est précisément l'objet de Patrick Geay et c'est pourquoi il a été confronté très tôt aux conséquences d'un subjectivisme et d'un esprit pauvrement critique qu'on ne sauraient confondre avec les actes supérieurs de l'intelligence."
Pour le chercheur ou celui qui "oeuvre" de l'intérieur, cet ouvrage est une porte vers une compréhension supérieure des forces qui sont au travail pour démanteler à travers les siècles les relations qui unissent l'Humain aux plans supérieurs. C'est un véritable cours de méta-histoire. Citons de nouveau Pinchard:
" Les méfaits en sont particulièrement sensibles dans le domaine de la philosophie religieuse. Patrick Geay s'est fait une spécialité d'évaluer les formes de retour du sacré qui ont occupé les décennies précédentes. « Retour du sacré » ? Qui ne serait d'accord pour réenchanter le monde ? Mais précisément c'est cet accord qui est suspect. Et de fait, derrière l'unanimité, on a vite fait de déceler un potentiel de destruction et de nihilisme qu'on ne soupçonnerait pas chez les restaurateurs patentés du « mystère du monde. Poussés par une théologie moderniste, souvent d'origine protestante, les auteurs étudiés dans ce livre sont partagés entre un éloge esthétique des spiritualités traditionnelles, qui les prive de toute portée réelle, et une réévaluation dithyrambique de leurs pouvoirs, au nom des forces psychiques inconscientes qui s'y exprimeraient ou s'y libéreraient. Dans tous les cas, l'herméneutique du monde religieux est livrée à une culture de la créativité de l'esprit et c'est assez avouer que l'essentiel de l'oeuvre intellectuelle est perdue, celle qui enracine l'intelligence dans la claire vision d'un principe transcendant qui la fonde et l'oriente.
Ces thèses remythologisantes sont d'abord des fruits d'une « démythologisation » radicale auxquelles elles n'auraient pu parvenir sans la contribution de toute la philosophie moderne. C'est pourquoi Patrick Geay ne se contente pas de marquer les présupposés destructeurs de l'herméneutique que Paul Ricoeur résume, il lui faut remonter à Freud, à Hegel, à Kant, à l'époque baroque et à toutes les formes du tournant subjectiviste De La Renaissance."
Un chapitre admirable traite de la psychanalyse dont je ne saurais que trop recommander la lecture tant la démonstration de la nature de cette dernière est d'une parfaite clarté. Je ne peux tout évoquer. Peut-être encore ceci: le chapitre sur la science des lettres, celui sur la doctrine de l'Imaginal et encore celui sur Saint Jean qui clôt l'ouvrage sont époustouflants non seulement d'érudition, mais de cette logique supérieure dont l'incomparable goût est bien connu de ceux qui vivent au Coeur des choses. Une oeuvre chevaleresque.
Sylvain Labeste.

Lien : http://ladivinemorsureducina..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Son [Henry Corbin] attachement pour la philosophie, nettement perceptible à travers la critique qu’il fera de Ghazâlî, permet également de mieux saisir sa position(1). Or, cette même positionne s’explique à son tour que si l’on mentionne une autre caractéristique de la pensée de Corbin : sa fascination pour le shî’isme. Certes, celle-ci ne peut être considérée comme étant responsable d’une mauvaise interprétation de l’Imaginal, dont il n’est pas possible d’accuser Corbin. Mais en revanche, elle est la cause d’une présentation parfois gravement faussée de l’œuvre d’Ibn ‘Arabî et du soufisme. Ce sont en effet ses « chères amitiés shî’ites »(2) qui ont incité l’islamologue à conjoindre dangereusement philosophie et expérience mystique(3), alors que précisément, dans le tassawuf, il est préjudiciable de mêler « l’eau des puits », c’est-à-dire la science spéculative avec la science extatique(4). Ce sont elles aussi qui ont poussé Corbin à faire d’Ibn ‘Arabî un adepte secret du shî’isme. Or, non seulement le Shaykh al-Akbar s’est toujours déclaré sunnite, comme l’a signalé M. Chodkiewicz, mais il fut en outre un vigoureux adversaire des thèses shî’ites(5). Les conséquences de ce détournement fallacieux de la doctrine véritable du « plus grand des Maîtres » sont multiples et nous ne pouvons toutes les évoquer. Qu’il s’agisse de la question du Centre suprême ou de l’eschatologie, elles nécessiteraient, pour être mesurées correctement, un examen complet de l’hérésiologie musulmane.

L’important nous paraît d’insister sur le fait que la valorisation, quasi obsessionnelle chez Corbin, d’une forme spéculative d’exégèse (ta’wîl), systématiquement associée au shî’isme considéré à tort comme « la gnose de l’Islam »(6), allait être à l’origine, en particulier, de prises de positions favorables aux conceptions de Jung, c’est-à-dire à des idées foncièrement inconciliables avec le corpus métaphysique traditionnel. R. Guénon avait d’ailleurs noté, à propos de Corbin, qu’il fallait, à l’inverse de ce dernier, bien différencier le soufisme véritable de la philosophie(7), même « illuminative ».

(1) Cf. H. Corbin, Histoire de la philosophie islamique, Gallimard, 1986, pp. 253-262.

(2) Cf. L’imagination créatrice…, p. 68.

(3) Ibid., p. 61.

(4) M. Chodkiewicz, Le Sceau des saints, p. 193, n. 3. Ibn ‘Arabî oppose ici, « l’eau de pluie, céleste et pure, symbole de miséricorde et celle des fleuves, terrestre et polluée ».

(5) Ibid., pp. 15, 34, 58, 67-68 n. 1, et 132, n. 1, où il est question d’une visite d’Ibn ‘Arabî chez un personnage appartenant à la hiérarchie des rajabiyyun qui était en mesure de déceler les shi’ite extrémistes en les voyant se métamorphoser en porcs.

(6) Cf. H. Corbin, Histoire de la philosophie islamique, p. 55.

(7) Cf. R. Guénon, Aperçus sur l’ésotérisme islamique…, pp. 143-144. On constate de nouveau ici à quel point Guénon s’inscrit bien dans la perspective akbarienne distinguant Religion Droite et Non-droite. A l’inverse, le péris de Corbin pour la religion « légalitaire » (cf. Histoire…, p. 55) montre en quoi il s’oppose à la religion Droite). (pp. 190-191)
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L’essor du fantastique à la fin du XVIIIe siècle, la fascination pour de vieux thèmes de la mystique juive tel le Golem (bien que mal connus dans leurs significations profondes), partagée aussi d’un autre côté par la cybernétique naissante(1) au début du XXe siècle, montre à quel point la modernité s’est nourrie de la substance morte – pour elle – des anciens mythes. En les transposant sous la forme de fictions romanesques, elle a continué à puiser sa vie dans un corpus ancestral, littéralement vampirisé puis déformé, de telle sorte que la copie paraisse plus aimable que l’original(2). L’obsession démiurgique pour la fabrication de petits univers subjectifs a donc pris la succession d’une mythologie « non-faite de main d’homme ».

Compte tenu du retrait de l’Imaginal, celle-là en est arrivée, grâce à une collaboration inattendue entre science et culture, à rouvrir, surtout par le moyen des techniques cinématographiques, un ‘’espace’’ enchanteur où l’homme moderne, accablé de rationalisme et de pragmatisme, pourrait retrouver le fabuleux dont il a la secrète nostalgie. Le fait qu’un metteur en scène tel que G. Lucas ait nommé sa société de production ‘’Industrial Light and Magic’’ montre en effet comment la technologie vient au secours d’un psychisme occidental avide de prodiges qu’il ne trouve plus dans son existence, ternie par l’industrie et la mécanisation.

Cette ‘’matérialisation’’ de l’imaginaire, envisagée comme porte de sortie du monde, vise à concrétiser un désir double : celui de pouvoir ‘’créer’’ l’être, et disions-nous, celui de remplacer le merveilleux manquant.

La complexité croissante des ‘’effets spéciaux’’, qu’ils recherchent l’horreur ou l’esthétisme, simule en fait le rite magique traditionnel des métamorphoses.

(1) Cf. sur ce point l’intéressante préface d’H. Atlan au livre de M. Idel, Le Golem, pp. 7-26

(2) Nous pensons ici au fameux ouvrage de Tolkien intitulé Le Seigneur des Anneaux. Ce roman, qui a connu un succès mondial, fut entièrement conçu à partir d’éléments – parodiés – en provenance des mythologies nordiques. (p. 83)
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