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EAN : 9791096906307
130 pages
GOUTTE D'OR (14/10/2021)
4.22/5   36 notes
Résumé :
La bande-dessinée Flic raconte l’histoire vraie du premier journaliste à avoir infiltré la police française.

Une arme à la ceinture, Valentin Gendrot a rejoint une brigade parisienne dont certains membres tutoyaient, insultaient et distribuaient des coups à des jeunes hommes noirs et d’origine arabe qu’ils surnommaient « les bâtards ». Ses révélations publiées aux éditions Goutte d’Or en septembre 2020 ont fait la Une de journaux internationaux. Le mi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
C'est l'histoire d'un journaliste indépendant Valentin Gendrot qui s'infiltre dans la police de manière tout à fait légal afin de raconter les tabous de ce métier. Il brosse en réalité un saisissant portrait de ce métier difficile et complexe.

En moins de trois mois de formation, le voilà policier avec une arme en main prêt à plonger dans l'espace publique dans le 19ème arrondissement de Paris. Je sais en ma qualité de juriste après 5 années d'université de droit que la loi est quelque chose d'assez complexe. Comment mettre des agents qui doivent la faire respecter dans un délai aussi court ? C'est totalement incompréhensible et cela va expliquer bien des choses. La filière devrait être plus sélective.

Evidemment, cela ne sera guère reluisant quand le regard est impartial. C'est un témoignage saisissant à la fois abrupt et d'une sensibilité vibrante. La plupart des policiers, dans leurs sentiments mêlés de frustration et de ressentiments, ne savent malheureusement pas faire preuve de discernement et de retenue et se laisse aller à des comportements pour le moins bestiaux. C'est le triste et accablant constat établi par notre journaliste.

Il n'y aura pas de complaisance dans l'analyse des faits vécus. Pourtant, les policiers sont confrontés le plus souvent au pire avec des situations difficiles qui sont leur lot quotidien entre la mort et des situations de déchéance. Il y a sans doute un parti pris à force de constatations objectives et ceci est respectable dans un état de droit et une démocratie comme la nôtre.

Cependant, les forces de l'ordre sont souvent mal préparés ce qui entraînent des pratiques pour le moins violentes et profondément racistes. Ce n'est pas pour rien que ce milieu regorge de sympathisants d'extrême droite qui feront la loi une fois leur chef de file installée au pouvoir suprême. C'est assez effrayant sur ce qui nous attend surtout si on fait partie des minorités. Gare cependant à la revanche des bâtards comme ils les appellent ! La paix sociale devrait être un objectif prioritaire.

A vrai dire, je ne suis pas très étonné de ce que j'ai lu. Je pense que le système corrompt les âmes charitables qui veulent au départ faire respecter la loi. On voit bien que dans son application, il y a de sérieux dysfonctionnements qui sont condamnables. C'est éditant notamment dans cette force disproportionnée par rapport à l'atteinte. Et surtout, cela n'inspire pas confiance en notre police même pour d'honnêtes citoyens, très loin de là ! Surveiller et punir au lieu de protéger et servir !

Un mot sur les violences conjugales. Je commence à comprendre pourquoi il y a une telle explosion dans notre pays car la police refuse tout simplement de prendre en compte les menaces de mort, faute d'une formation appuyée et efficace en la matière. Certes, on pourra nous balancer les chiffres de taux de satisfaction des victimes qui sont sujets à caution.

L'analyse qui est effectuée me paraît juste. Les « bâtards » ne méritent pour les policiers aucun respect, aucune considération. Il y a une totale déshumanisation qui justifie la violence policière dans une impunité systématique. le pire, c'est que tout cela dépend de ce qu'il est (de par des caractéristiques raciaux) et non de ce qu'il a fait. Comment le jeune pourrait-il par la suite faire confiance en la police ? C'est vraiment consternant.

Par ailleurs, on pourra également crier au loup et dire que c'est une pure invention journalistique mais je n'ai aucun doute sur la sincérité du propos tant l'argumentation est imparable face aux faits. Mon indignation est maximum. Qu'importe les atermoiements et indignations des syndicats de policier qui ont l'impression qu'on salit ce métier noble. Oui, parfois, on ne peut plus masquer l'incompétence entre tabassages et bavures ou misogynie et racisme.

Il faut savoir que par la suite, cette ouvrage a fait l'objet d'une enquête publique de l'IGPN à la demande du Ministère de l'Intérieur et surtout d'un nombre d'articles impressionnants jusque dans la presse internationale.

Heureusement que des têtes de chats ont remplacé les humains afin de respecter l'anonymat. Cela permet d'avoir un peu de recul pour prendre son souffle. Et puis, c'est sans doute plus réaliste de représenter des « poulets » par des chats agressifs. A noter que cette BD se lit assez facilement et sera accessible au plus grand nombre. Mais bon, il ne faut pas s'attendre à lire un autre « Blacksad » ! Cela serait plus proche de « Maus » par certains mauvais côtés...

Ce dernier n'avait pas l'intention de dénigrer la police mais de se baser sur les faits et de constituer par la suite un constat objectif. Certes, cette étude n'est guère favorable aux forces de l'ordre. C'est désormais un problème politique qui se pose dans notre pays.

Cependant, on ne peut s'empêcher parfois de comprendre le désarroi des agents qui arrêtent vingt fois les mêmes individus qui se retrouvent à nouveau dans la rue pour commettre les mêmes infractions. Il y a une certaine forme de lassitude mais également de colère face à ces injustices. Ils font leur boulot mais ce n'est pas suivi d'une sanction exemplaire pour ces petits malfrats qui recommencent. C'est tout un système qui ne va pas bien. Puisque la justice ne fait rien, ils se font justicier eux-mêmes comme Clint Eastwood en cognant les individus faibles, jeunes ou migrants de préférence qui n'iront pas porter plainte.

Et puis, il y a ce chiffre qui en dit long : le taux de suicide dans cette profession est supérieur de 36% à celui de la population générale. Ce chiffre traduit quand même un certain malaise. Que dire également du drame de Magnanville en 2015 où un djihadiste a tué un couple de policier à leur domicile devant leur petit garçon ?

Des rythmes de travail décalés, des conditions matérielles difficiles, une population qui les méprisent et les harcèlent, l'absence de reconnaissance, un rapport plus fréquent à la mort, une pression migratoire sans précédent ; autant d'éléments qui font que c'est un métier qui ne donne pas envie. Pour être un modèle de vertu, encore faut-il que toutes les conditions de travail soient irréprochables.

Evidemment, c'est une oeuvre d'utilité publique assez glaçante pour se pencher notamment sur les violences policières dans un métier rongé par le racisme et la violence dans un contexte particulièrement difficile. Il est temps de s'interroger sur les dérives policières de notre société car le maintien de l'ordre ne justifie pas tout. Bravo également à l'auteur Valentin Gendrot pour son courage exemplaire.

Sinon, j'espère que cette administration changera un jour dans sa mentalité pour qu'on puisse à nouveau avoir confiance car c'est un enjeu fondamental pour notre démocratie. On peut toujours avoir un peu d'espoir dans une réforme en profondeur. Gageons que cette fois-ci, cette réforme emportera l'adhésion populaire sans avoir des millions de gens dans la rue.
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Infiltrer un groupe pendant quelques semaines demande une attention, une vigilance, une capacité d'adaptation importante et une grande intelligence pour ne pas se faire débusquer. Pendant 2 ans l'infiltration dans un groupe de surcroît dans la police et dans le commissariat du 19e demande un courage et une maîtrise de soi tout à fait remarquable, cela relève d'un exploit. C'est ce qu'a fait le journaliste Valentin Gendrot.
Dire que je suis surprise de ne voir que deux critiques sur Babelio est le moins que je puisse dire. Comment cette bande dessinée peut passer inaperçue et ne pas faire l'objet d'une lecture massive ???
Je ne comprends vraiment pas.

Même si on sait que tout est loin d'être irréprochable (d'ailleurs y a-t-il un endroit irréprochable ?) au sein de la police, ce que l'on apprend sur les formations, les ADS (adjoint de sécurité) est juste hallucinant. de plus lire noir sur blanc les propos xénophobes, racistes, le plaisir d'humilier, de massacrer fait vraiment froid dans le dos.
Je ne vais pas tomber dans ce que je dénonce très souvent à savoir l'amalgame, la généralisation mais tout de même cette étude sociologique de terrain ne fait que renforcer l'image violente, pour ne pas dire inhumaine, de certaines pratiques policières.
A la fin de cet album, sont insérés des articles de presse nationaux et internationaux sur cette infiltration et les enquêtes qui ont été diligentées mais aujourd'hui ???
Le sujet est tel que l'on oublie presque de parler des dessins qui pourtant sont excellents.
On pourrait penser que remplacer les hommes par des chats va adoucir le propos mais non, les expressions et attitudes sont telles qu' on en oublie que ce sont des chats. C'est une vraie réussite.
Je ne peux terminer ce billet sans, moi aussi, m'interroger sur l'attitude parfois trop "timorée" ou sur l'absence de dénonciation des actes vu par notre journaliste, en cours d'infiltration, mais il s'en explique à plusieurs reprises.
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"Ce livre est d'utilité publique"
titre le Monde. Valentin Gendrot, journaliste, infiltre la Police pendant 2 ans. Avoir moins de 30 ans est le seul prérequis pour intégrer la formation des adjoints de sécurité. Ce cursus de trois mois comprend 3 heures sur les violences conjugales et 10 heures sur le code de déontologie....À son issue sur le terrain, avec une arme!..."Notre journaliste ADS" se retrouve en poste dans le 19ème arrondissement de Paris.

Nous est livrée une chronique, cauchemardesque à en hurler, du quotidien dans un commissariat sensible employant 400 personnes.
Les violences physiques et verbales pleuvent chaque jour sur nos concitoyens, actées par les uns, validées par le silence des autres.

C'est l'histoire de la mort du rat: les maltraités maltraitent. le taux de suicide des flics est important. Ils sont mal formés, mal payés, mal encadrés, exposés en première ligne à tous les drames et les horreurs de notre société ....

En juin 2021, une dépêche AFP annonce la nomination d'un juge d'instruction pour enquêter sur les violences dénoncées dans ce livre.

Lire Flic est nécessaire pour ne pas mourir idiot
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Mon fils m'a fait découvrir ce roman graphique. Valentin Gendrot, journaliste, décide d'infiltrer la police pour faire un reportage. Il va pour cela devoir se former 3 mois... Ça nous semble invraisemblable 3 mois de formation pour un si dur métier, même s'il ne s'agit que d'une certaine catégorie de flics. On comprend alors les maladresses, les dérives dues au manque de formation. Ce métier dans lequel on devrait donner l'exemple et d'où viennent souvent la violence, le racisme, la discrimination...Valentin s'offusque, il aimerait réagir, mais il est au bas de l'échelle et doit donc se taire, il doit parfois témoigner... Il restera 2 ans, 2 ans qui lui ont permis de comprendre aussi pourquoi parfois, dans ce métier si difficile où l'on manque de moyen la dérive n'est pas simple à éviter.
J'ai apprécié ce roman graphique, le dessin est agréable. En revanche je n'ai pas compris le choix des chats pour représenter les hommes ? Inspiration de Maus ???
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Après le livre « Flic » de Valentin Gendrot où il raconte son infiltration dans le monde de la police, je viens de découvrir le roman graphique éponyme.
Les deux se complètent. Si dans la bande dessinée, les faits sont les mêmes que dans le témoignage, il y a, en plus, l'interrogatoire de Valentin Gendrot par l'IGPN suite à ses révélations.
Pour ce qui est des dessins, on peut être surpris que les humains aient des têtes de chat. Ils ont tout des humains, le corps et les expressions du « visage », notamment le regard ainsi que l'attitude. J'ai lu sur le site de l'éditeur que c'était volontaire. En effet, pour garantir l'anonymat des personnes nommées et pour éviter tous les a priori, mettre des personnages animaux permet au lecteur d'entrer dans l'histoire de façon différente, en gardant du recul. En ce qui concerne toutes les formes de violence, il y a des tâches rouges.
Les situations présentées sont les mêmes que dans le livre. Mais parfois, le fait de les voir « en images » marque plus, interpelle et on comprend que certains choisissent de fermer les yeux ou de tourner la tête. Je suis révoltée contre le manque de formation et d'accompagnement des ces hommes.
Dans les dernières pages, des extraits d'articles de presse sur « Flic ». Qu'a réellement donné l'enquête ? Quelles ont été les réponses ? Peut-être serait-il intéressant que Valentin Gendrot nous informe sur la suite donnée à ses fracassantes révélations.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans mon monde, ces deux baffes représentent une violence rare. Ici, elles ne font lever la tête de personne.
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Ce statut de" flic low cost" formé en 3 mois et envoyé sur le terrain n'apparaît nulle part dans les organigrammes de la Police Nationale .
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Dans la majorité des cas, cette hiérarchie n'a pas le choix, à force de demander l'impossible à ses hommes et ses femmes de terrain, elle ne peut ensuite que les couvrir.
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Dans un commissariat, on est dans une ambiance de vestiaire de foot. Une ambiance virile ou les personnes violentes sont tolérées, et rarement recadrées. Parce qu'il faut faire avec les effectifs disponibles. Avec les moyens alloués. Alors, lorsque des flics dérapent, tout le monde se serre les coudes...
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Je commence à comprendre que le mot "bâtard" désigne généralement un mec jeune, plutôt noir ou arabe. Parfois, il est aussi migrant.
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