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EAN : 9782358722186
300 pages
La Fabrique éditions (22/10/2021)
4.59/5   39 notes
Résumé :
La violence policière n’a rien d’accidentel, elle est rationnellement produite et régulée par le dispositif étatique. La théorie et les pratiques de la police française sont profondément enracinées dans le système colonial : on verra dans ce livre qu’entre les brigades nord-­africaines dans les bidonvilles de l’entre-deux-guerres et les brigades anti-criminalité (les BAC) dans les « cités » actuelles, une même mécanique se reproduit en se restructu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
En prétendant défendre ce que l'État appelle l' « ordre public », la police légitime son fonctionnement réel en cachant le fait qu'elle protège un ordre social inégalitaire. La violence physique et psychologique qu'elle produit rationnellement, par « les rondes et la simple présence, l'occupation virile et militarisée des quartiers, les contrôles d'identité et les fouilles au corps, les chasses et les rafles, les humiliations et les insultes racistes et sexistes, les intimidations, les menaces, les coups et les blessures, les perquisitions et les passages à tabac, les techniques d'immobilisation et les brutalisations, les mutilations et les pratiques mortelles », sont « les conséquences de mécaniques instituées, de procédures législatives et judiciaires, de méthodes et de doctrines enseignées et encadrées par les écoles et les administrations ». Mathieu Rigouste établit une généalogie de la police, depuis son origine coloniale, analyse l'évolution des figures de l'ennemi intérieur, depuis les « fellaghas » jusqu'aux « sauvageons de banlieue », l'élaboration et la légitimation idéologique de ce système coercitif jusqu'à sa mise en oeuvre sur le terrain, pour assurer « la reproduction de la domination raciste, patriarcale et capitaliste ».
(...)
Mathieu Rigouste fournit avec cet essai une analyse minutieuse et rigoureuse de l'évolution des législations sécuritaires, des techniques de « maintien de l'ordre » et de ses instruments, véritable « mécanique historique de gouvernement des opprimés, des exploités, des misérables, des indésirables et des révolutionnaires ». Cette étude socio-historique confirme qu'il ne peut y avoir de réforme des institutions policières, puisque celles-ci n'existent que pour « distribuer la violence que les classes dominantes estiment nécessaire au maintien de l'ordre social, économique et politique ». Lecture indispensable !

Article (très) complet sur le blog :
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Laurent Obertone , un des journaliste fétiche du Front National s'est plu à collecter dans son livre " La France Orange mécanique " toute une série de faits divers , en les amplifiant au besoin , mettant en cause principalement la délinquance d'origine maghrébine . C'est son fond de commerce : le racisme .
Mathieu Rigouste , lui , se penche sur les violences policières , à juste titre car c'est malheureusement chez les policiers et militaires que l'on peut rencontrer un gros pourcentage de sympathisants du FN .
C'est un aspect du problème à ne pas négliger : la violence attirant immanquablement une violence en retour , l'une se nourrissant de l'autre , il pourrait sembler utile d'y réfléchir .Or cela n'est pas d'actualité , l'état ne connait que la répression aveugle . Sont et seront prises des décisions pour renforcer indéfiniment les pouvoirs policiers , les armes létales , la défense des militaires après bavures etc ...
Ce livre à le mérite d'appeler chat un chat , de poser des pistes de réflexions sans vouloir envenimer le débat .
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En direct de la plage où les seuls coups que l'on risque de prendre sont ensoleillés, je termine ce livre si important.
Un texte dense que j'avais depuis longtemps dans la PAL... La triste actualité des mois de juin/juillet m'a fait plonger à corps perdu dans cette lecture.
Un essai historique et social sur la police en général, celle de notre pays en particulier.

Depuis sa naissance, entre esclavagisme et appropriation capitaliste, jusqu'à l'incorporation de méthodes contre-insurrectionnelles issues de la gestion des empires coloniaux perdus (violentes, racistes), Mathieu Rigouste nous présente l'essence coercitive de cette institution, qui, en mêlant occupation des terrains et stratégie du choc, sert l'ordre néolibéral (politique du chiffre, ôde à l'innovation technologique...) et la reproduction des dominations sur les hommes racisés, les femmes et les pauvres, ainsi que sur les opposants politiques.

Ce livre est également une triste plongée dans une institution qui sème la mort derrière elle avec une complicité certaine des médias, de la Justice et des politiques... La mort, que dis-je... Des morts. Qui visiblement ne valent rien.

Ce livre laisse un motif d'espoir dans la détermination et l'organisation des collectifs, qui bien que les parcours soient semés d'embûches, luttent pour la justice et la vérité.
Pour que la question de la légitimité de la police et des prisons soit posée...

Pour les victimes et leur famille, je me permet de citer les remerciements de l'auteur :
«Hommage à toutes les victimes des violences d'État, courage à toutes et tous leurs proches.
Force à toutes celles et ceux qui luttent.»
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Il s'agit d'une enquête sur l'état de la situation en France, en 2012.

Le pendant canadien de cette enquête serait Mater la meute de Lesley J. Wood dont Mathieu Rigouste y a une partie en fin de cet ouvrage.

Bien que cette recherche est un constat sur la situation en France, cette lecture m'a permise de faire des liens et pour mieux saisir d'où proviennent ces mesures, de plus en plus violente, au sein des corps policiers au Québec.

« …Aux États-Unis depuis la création d'une 1ere prison totalement privée en 1984 (…) le secteur carcéral explose. En 2006, le privé y maîtrise de 7 à 10% des emprisonnements (…) l'industrie carcérale se gorge de finance publique. (…) Dès les années 1990, des magistrats commencent à être confondus pour corruption: des patrons de prison payaient les juges pour les fournir en prisonniers. (…)

« En France, la privatisation des prisons est partielle mais progresse sous la forme du partenariat public-privé (PPP)».

En fait, les PPP est une pilule + facile à faire avaler à l'opinion publique. Nous l'avons grandement vécu au Québec au niveau des PPP avec le secteur de la Santé et des Services sociaux qui se sont soldés par de retentissants échecs: on ne gère pas les humains comme on gère des entreprises. On ne gère pas des humains, point.

« Les BAC (brigades « anti-criminalités » = policiers militarisé) émergent au sein d'une conception productiviste qui vise la rentabilisation maximale des coûts du contrôle et l'optimisation de sa productivité en termes d'Affaires saisies et remises à la justice ».

Une conception capitaliste accablante de la gestion des corps policiers et des inculpés est mise au grand jour dans cette oeuvre.
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Un texte très dense constitué d'un recueil d'actes de répression policière sur plusieurs années, voire décennies. Mathieu Rigouste fait la liste de ces actions dont la violence augmente au fur et à mesure que le temps passe, que les couches populaires visées résistent et s'organisent. Son travail s'arrête au début du quinquennat de François Hollande.
Il montre comment cette répression a pris comme base de référence l'action militaire menée entre autres contre les populations colonisées, comme en Algérie durant la guerre d'indépendance. Il pointe les volontés politiques qui sont mises en oeuvre par la droite mais aussi par la gauche, et dans les deux cas cela permet un accroissement du côté répressif des Forces de l'Ordre pour mater tout type de comportement susceptible de remettre en cause l'ordre social. Mais surtout il indique comment cet appareil répressif a fonctionné à bas bruit notamment contre ceux qu'il nomme les damnés de l'intérieur, les populations non-blanches, les travailleurs pauvres et immigrés, les sans-papier, les jeunes mis à l'écart du système éducatif et de formation professionnelle, donc du monde du travail, pour s'étendre à présent aux possibles convergences avec d'autres luttes, avec d'autres couches de la population paupérisée.
Les manifestations contre les réformes du Code du Travail, qui ont débuté à la fin du quinquennat de F. Hollande, puis se sont poursuivies sous le quinquennat d'Emmanuel Macron, avec la réforme des retraites et l'irruption des gilets jaunes, sans compter e qui a pu se produire durant le confinement, tout cela a montré de manière éclatante les violences policières au grand jour.
Un travail irremplaçable qui jette une lumière crue à la fois sur l'appareil répressif et sur l'ensemble de la société néolibérale qui considère à présent ce domaine comme une source de profit entre la gestion des lieux d'incarcération, l'équipement en armes, protections et moyens de surveillance, et la formation des personnels.
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Les grenades définies par leurs fabricants et les institutions qui les emploient comme “lacrymogènes“sont en réalité des armes toxiques, interdites dans le droit international de la guerre mais pas en situation de “maintien de l’ordre“ domestique. Les grenades dites de “désencerclement“laissent penser qu'elles sont uniquement défensives alors qu'elles sont employées pour attaquer et blesser.
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Le camp d'internement pour étrangers illégalisés est un espace d'exception permanente, un laboratoire où toutes sortes de matériel et de techniques de violence peuvent être testées et combinées sur les corps des internés : des corps sans droit en attente d'être déportés.
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Le mot "police" à lui seul contraint chaque fois qu'il est prononcé et par sa seule existence. Toute la police est violence jusque dans ses regards et ses silences.
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La transformation de la violence policière est liée au développement d’un marché mondial de la coercition. Ce phénomène est porté par de puissants complexes industriels, médiatiques et politico-financiers qui tirent profit de la prolifération des guerres policières en vendant des doctrines, des techniques, des équipements et des armes de coercition. Ces marchandises sont expérimentées, rénovées et leur excellence est mise en scène dans les laboratoires intérieurs des grandes puissances impérialistes. Elles peuvent ensuite être vendues aux États et aux entreprises du monde entier.
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Les doctrines de contre-insurrection sont des régimes de violence d'État conçus comme “guerre dans et contre la population“. Elles reposent sur la militarisation de la surveillance, du contrôle et de la répression de groupes sociaux, désignés comme “subversifs“. Mises en pratique, industrialisées pour soumettre les résistances populaires et les mouvements révolutionnaires aux colonies, elles influencent continuellement l'encadrement des prolétaires ségrégués et des mouvements jugés “subversifs“ en métropole.
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Videos de Mathieu Rigouste (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mathieu Rigouste
Mathieu Rigouste : L'enférocement policier | Interview à l'occasion de la réédition de son livre "La domination policière" chez La Fabrique, le 22 octobre 2021
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