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3,73

sur 345 notes
Un bon roman. une intrigue efficace et deux personnages principaux marquants. Une faune et flore de Sologne retranscrite avec une foule de détails, des personnages secondaires forts.
Roman puissant, écologiste peut être, ancré dans une géographie certainement.
Quelques longueurs pour moi sur les techniques de braconnage et la pêche mais je comprends le succès de ce livre dans les années 1920.
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Il y a un frisson à se glisser la nuit hors de la maison silencieuse où tout dort, à remonter les rues muettes et glacées du village pour se jeter dans la forêt, au milieu des ombres murmurantes, des craquements soudains et des présences silencieuses. Combien ce sentiment doit être décuplé quand on part un fusil sur l'épaule et un chien au côté. Et combien il doit être encore plus puissant quand, en faisant cela, on sait qu'on défie la loi !

Si vous avez un peu fréquenté le monde des campagnes, vous avez peut-être connu les ‘'bracos'' locaux. Peut-être même l'un de ces villages où avoir vingt ans est synonyme d'alcool, de conduite acrobatique et d'escapades nocturnes hors saison de chasse. Et si non, cela ne vous empêchera en aucune manière de faire connaissance de Raboliot.

Nous sommes quelque part au coeur de la Sologne, dans une région de bois et d'étang où tout semble propice aux expéditions nocturnes. Les forêts appartiennent à un comte qui passe de temps en temps faire l'une de ses gigantesques battus comme on en voit dans ‘'La règle du jeu', et il n'apprécie pas que les paysans prélèvent quelques lapins et faisans dans ses réserves. Il se trouve que son garde-chasse profite surtout de sa position pour braconner à son compte, et considère les autres braconniers comme de la concurrence déloyale. Or Raboliot, le héros de l'histoire, est de loin le plus doué du pays dans ce domaine.

En vain a femme le supplie d'arrêter ses escapades nocturnes, lui demande de penser à leurs trois enfants. C'est plus fort que lui. L'appel de la nuit est le plus fort. Et puis les bois sont à tout le monde, non ? le gibier est à celui qui sait le prendre. C'est sa philosophie, et il n'en connait pas d'autre. Peu à peu, il va devenir la cible générale : du comte, des garde-chasses, des gendarmes... Jusqu'où peut aller un paysan têtu quand un sentiment d'injustice l'envahit, et qu'il est décidé à lutter pour sa liberté ?
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Raboliot, roman du terroir, roman champêtre, roman régionaliste où le style, le vocabulaire, l'évocation de la nature, l'usage du patois font penser à des auteurs comme Giono, Colette, mais aussi par certains aspects, à Vincenot et Sand. C'est l'histoire d'un braconnier (un coll'teux en patois Solognot), mais détrompez-vous, il ne s'agit pas d'une histoire drolatique de gendarme et de voleur, non il s'agit d'un drame, d'une tragédie même. Maurice Genevoix a 35 ans en 1925 lorsqu'il fait publier cette oeuvre magistrale qui lui vaudra le prix Goncourt. Il s'agit d'un hymne à la nature, à la liberté, à la justice qui raconte la vie de Raboliot un homme fier de ses racines, courageux, habile au fusil et au collet, mais peu respectueux des réglementations, des gardes-chasse et des métayers. Sa personnalité contraste avec celle de sa femme Sandrine, influençable et soumise qui s'occupe de leurs trois enfants pendant que son anarchiste de mari court à travers bois.

Raboliot a un ennemi juré en la personne de Bourrel le gendarme, un homme borné et cruel qui n'hésitera pas à tuer la chienne de Raboliot par dépit de ne pouvoir mettre son maître en prison. Son esprit machiavelique enfantera d'autres stratagèmes tout aussi abjects.

Le passage de la mort de la pauvre Haïcha et celui de la lettre de Sandrine m'ont particulièrement ému. J'ai aussi apprécié le style, le lyrisme de l'auteur et ses descriptions sublimes de la nature. Un classique à connaître qui donne vraiment envie de lire l'oeuvre de Maurice Genevoix. Merci à Bibiouest de m'avoir fait découvrir ce livre.

— « Raboliot », Maurice Genevoix, Bernard Grasset le livre de poche (1987), 256 pages.
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Une oeuvre que je ne suis pas près d'oublier, je connaissais de nom et vaguement l'histoire, mais à la lecture je me suis rendu compte que je ne le connaissais pas.
C'est un roman régionaliste, sur la liberté, la nature sans doute écolo avant l'heure, mais tellement plus encore….
Les descriptions de la Sologne par Maurice Genevoix sont tout simplement merveilleuses.
Une époque où l'homme ne fait qu'un avec la nature, c'est un livre nostalgique aussi, mais pas dans le sens « c'était mieux avant », car la description de la société est rude, la misère concerne la majorité de la population.
Raboliot est un braconnier (par besoin vitale, et par nature) épris de liberté et de justice qui considère que la nature appartient à tout le monde et pas au «propriétaire» des terres, son obsession de liberté, de vie et de justice le mènera à son destin.
C'est un livre qui aurait du ou devrait interroger la société sur son évolution, il ne s'agit sans doute pas d'un retour à la nature qu'il faut envisager, mais une meilleure connexion avec elle, sans aucun doute.
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L'homme qui chasse la bête et que chasse l'homme... et la nature brute comme dernier espace de liberté de l'homme traqué.
C'est par l'extraordinaire richesse de la langue que Maurice Genevoix nous interpelle et nous happe dans ce roman sombre et bestial, mettant en exergue la symbiose entre cette nature et Raboliot, l'homme puissant qui ne renonce pas et pour l'intransigeance animale duquel on développe une véritable empathie. A côté de lui, les autres personnages, du chatelain au cafetier véreux, prisonniers d'un matérialisme envahissant, paraissent misérables et laids.
A travers le destin fulgurant et tragique de Raboliot, c'est à une merveilleuse ode à la liberté que e roman nous convoque, au sein d'espaces sauvages désormais disparus.
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Raboliot
Maurice Genevoix (1890-1980)
Prix Goncourt 1925
Académie Française
« Les hommes, si raisonnables qu'ils se croient être, se plaisent aux faiblesses qu'ils s'accordent. »
On l'appelle Raboliot parce qu'il ressemble à un lapin de rabouillère (nid de garennes). Son prénom est Pierre et son nom Fouques. Mais il les a oubliés. Il est marié à Sandrine, une fille douce et sentimentale, il a trois enfants. Il habite une ferme aux limites du village.
Braconnier passionné, hardi et sûr de lui et de son adresse, rien ne peut l'empêcher d'obéir à ce besoin de chasse nocturne qui le saisit chaque soir. de pineraies parcourues par la houlée de la brise en jonchères humides et embrumées, il court la campagne solognote nuitamment pour son seul plaisir. L'oreille aux aguets au cri rouillé d'une chevêche en chasse, il goûte la grande paix vigilante des nuits du bocage et des rives du Beuvron.
Accompagné de sa fidèle Aïcha qui lui obéit au doigt et à l'oeil et aime musser sa tête au creux de ses bras lors d'une pause, il est comme tous ces hommes que pousse un instinct vers la chasse, lui fils d'une terre giboyeuse où craillent le soir les faisans qui se branchent pour la nuit et s'appellent les perdrix dans les chaumes tandis que les lapins sortent par bandes des bois à l'assaut des récoltes dès la pique du jour et que se fait entendre un écureuil grignotant une faîne.
S'il tend la nuit des collets dans les pineraies, les genêtières et les boulassières après avoir repéré le meilleur baliveau et choisi la touffe ou la passée dans les breumailles pour dissimuler son piège, c'est surtout pour le plaisir et le sentiment de liberté, même si cela en outre améliore l'ordinaire pour nourrir sa femme et sa nichée de drôles.
Dans un style somptueux, Maurice Genevoix nous emmène à travers la Sologne pour un moment de pur plaisir bucolique dans un premier temps, et on s'imagine bien nuitamment débusquer Raboliot au détour d'une plaisse tandis qu'il inspecte ses collets à la lueur du soleil des loups :
« La lune haute laissait ruisseler aux pentes du ciel d'amples ondes de clarté huileuse. Les champs moissonnés, les labours ondulaient avec une souplesse retenue, et qui semblait aux yeux une sorte de toucher velouteux… Raboliot était content pourvu qu'il pût offrir son visage à l'air vif, qu'il marchât en silence avec Aïcha près de lui, qu'il exerçât ensemble la finesse de ses sens aux aguets, son instinct de chasse et de ruse…La joie naissait, jaillissait d'elle-même, il était sûr que de cette nuit, de tout ce qu'il ferait cette nuit, ne pourrait naître qu'une joie toujours plus riche et plus grisante…Chasser dans la nuit avec pour compagnon le halètement chaud d'Aïcha, sa forme ardente et sombre et ses bonds meurtriers…Une soûlerie capiteuse, un vertige de bonheur lui enflait la poitrine… »
Jusqu'au jour où une dénonciation lui met les gendarmes aux trousses, et notamment un certain Bourrel, gendarme vertueux, cruel et sans concession qui va se servir de Trochut l'aubergiste pour confondre Raboliot qui va fuir et se cacher d'abord chez son beau-père taxidermiste et ménétrier, un homme gentil et serviable, puis un peu partout où il peut échapper à Bourrel, ne manquant pas à l'occasion de le narguer en se montrant dans le village à la nuit tombante.
Entre temps, on fait connaissance du comte de Remilleret, de Tancogne son fermier général et de Volat dit Malcourtois, un braco de première, ombrageux et jaloux, au passé sulfureux, qui tient aussi le rôle de garde des terres du comte. Quand Volat découvre qu'un autre braco est passé sur les terres du comte, il est fou de rage et de révolte : il sera sans pitié avec qui le brave ! Il a compris que Raboliot est passé par là. Fiévreux de rancune il va frapper et va utiliser la petite Delphine, fille de Flora sa femme, pour pister Raboliot qui a, c'est certain, colleté sur les terres du comte. Mais rien ne va se passer comme il l'escomptait du moins dans un premier temps. La petite Delphine, habile et sauvageonne va zigzaguer entre les lignes s'alliant au gré du temps avec Raboliot ou avec ses poursuivants.
Traqué sans relâche, Raboliot avoue à la dérobée son désarroi à Sandrine qui lui conseille de se confier à son père qui l'avait déjà hébergé, lequel conseille à Raboliot de se rendre aux gendarmes. La famille est sans ressource, la maie est vide, le fourneau est froid et les drôles vont rentrer de l'école affamés : se rendre est la meilleure solution.
Une ultime équipée braconnière avec ses amis Sarcelotte et Berlaisier se termine mal : ils ont été trahis et les deux amis sont emprisonnés. Raboliot parvient à fuir au fond des bois, chasser pour se nourrir et fusiller les capucins qui boultinent parmi les éteules ou les judelles qui rament dans les jonchères. C'était son seul plaisir. Maintenant c'est sa survie. Les mois passent, il vit dans les bois comme un loup solitaire, avec comme seul et bref plaisir, lorsque la nuit engrisaille la lande et enténèbre les halliers, après avoir couru dans les près parmi les flouves et les phléoles tremblantes, quelques échappées chez Flora au charme de qui il succombe.
Il erre se répétant le nom de Sandrine et celui de ses enfants Edmond, Léonard, Sylvie dans une sorte de délire… et il les rejoint. La maison est là dans l'ombre et son destin l'attend…
Ce magnifique roman que j'avais lu à l'âge de quinze ans , connut dès sa publication un immense succès populaire. Ceux qui connaissent la Sologne y retrouveront distillés au fil des pages son charme et son secret. Ils découvriront le personnage de Raboliot, braconnier hors la loi partagé entre son amour de la liberté et de la forêt, et ses amours humaines, inconciliables parfois hélas.


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Le livre a été écrit en 1925 et, honnêtement, cela se voit.
Beaucoup d'éléments font datés.
L'histoire d'un braconnier luttant pour sa liberté contre gendarmes, garde-chasses et autres est peu passionnante de nos jours et le parlé solognot est parfois difficile à suivre.
Le reflet d'une époque sans aucun doute, et une belle description de la ruralité que je rapprocherai de regain de Giono que j'avais plus apprécié
Avec cet ouvrage, j'avoue que je me suis souvent ennuyé.
Je sauve par contre la fin qui est haletante et m'a transporté.
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Maurice GenevoixRaboliot*** – fini le 10 avril 2023

Récemment panthéonisé, Maurice Genevoix est un de nos écrivains les plus méconnus du XXème siècle. En voyant ce court roman (215 pages) trôner sur l'étagère de ma bibliothèque, je me suis dit qu'il faut l'avoir lu. Et c'est clairement le cas, je confirme que c'est un livre à lire. Mais j'avoue que je me suis fait violence car la langue, tout en étant très belle, est très technique ou proche du patois. L'histoire est quasi inexistante et on retrouve dans les méandres de la pensée du protagoniste, poursuivi pour avoir braconné, ce qui est par ailleurs le sens de son existence. Les rapports avec sa femme sont intéressants cela dit. Comme dans tous ses romans d'atmosphère, je peine à les lire, je suis content de les avoir fini (quand j'y arrive, et là c'est le cas), et il me reste toujours quelque chose de leur lecture, d'un peu indéfinissable…

Je pense que des auteurs comme Maurice Genevoix ont leurs inconditionnels. Moi je ferai partie des curieux et j'en resterai sans doute là.
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Malgré son beau cadre sylvestre de Sologne, la lecture de "Raboliot" m'a laissée à l'orée du bois car ce roman de Maurice Genevoix pourtant auréolé du prix Goncourt 1925 n'est pas à mon goût.
L'histoire est celle d'un homme simple, Pierre Fouques surnommé Raboliot parce qu'il est aussi futé qu'un lapin de rabolière. Ses seules activités sont la chasse et le braconnage.
Si on peut comprendre que c'est une nécessité parce qu'il a une femme et trois enfants en bas âge et que la vie est rude, je ne suis pas convaincue qu'il soit en harmonie avec la nature au sens où on l'entend aujourd'hui. Il vit dans la nature. Pour autant, le coeur qui bat dans l'attente de l'animal à tuer n'est pas une joie pour moi qui ne suis pas d'accord avec l'existence de ce que Maurice Genevoix appelle l'instinct de la chasse.
Bref, je suis complètement insensible à ses arguments de braconnier sur le besoin de chasser de l'homme (je ne parle pas de l'obligation de se nourrir bien sûr).
Heureusement, il y a de belles descriptions de la forêt où Raboliot va être obligé de se cacher pour échapper au gendarme Bourrel qui le harcèle pour le mettre en prison.
Je ne sais pas où j'ai lu que Raboliot avait le comportement d'un homme libre mais je ne vois pas en quoi la haine entre deux hommes qui s'affrontent comme à la chasse à un rapport avec la liberté.
Après, il est vrai que c'était il y a un siècle et que l'on retrouve dans l'écriture de l'auteur la sauvagerie de l'errance de Raboliot.


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Un classique qui nous replonge dans le monde rural et ses aventures.Personne ne le decrit mieux que Maurice Genevoix,ce livre a lancé sa carriere et est pour moi un chef d'oeuvre car il vous garde en haleine jusqu'à la derniere ligne.Une plongee dans la campagne solognaise qui a ete couronne du prix Goncourt a raison car c 'est bien plus qu'un ouvrage sur ma chasse,c'edt ici une analyse de l'ame humaine qui nous est offerte car la jalousie et la haine sont aussi omniprésente ici.
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