L'autocompassion

La souffrance est au Coeur de nos existences. Dans son ouvrage "Les Ruines du ciel", le poète Christian Bobin écrit ceci : "Quelle que soit la personne que tu regardes, sache qu' elle a déjà plusieurs fois traversé l'enfer."

Nous sommes tous des rescapés de la souffrance. Et nous savons tous qu'elle reviendra.

C'est pourquoi la manière dont nous affrontons est décisive. Souvent, nous cherchons à la fuir, à oublier. Cela marche un temps, puis elle revient, elle nous écrabouille : en voulant toujours l'éviter, nous l'apprenons pas à observer, à l'accueillir, à l'affronter ou à la tolérer. Alors, lorsqu'elle nous rattrape, elle nous engloutit. Elle se répand en nous, occupe tout notre espace mental : nous la ruminons, elle nous possède, elle nous empêche de voir que tout le reste de notre vie est toujours là. Elle nous fait croire que c'est la fin, que c'est l'enfer, que nous sommes les plus malheureux des humains.p 15

Une formule toute simple résume notre réaction instinctive à la douleur :
Douleur x Résistance = Souffrance
La "douleur" renvoie aux inévitables causes de malaise qui surgissent au cours d'une vie, comme un accident, une maladie ou la mort d'un être aimé. La "résistance" désigne tout effort visant à repousser la douleur, comme la tension physique ou le ressassement à propos des solutions possibles pour faire disparaître la douleur. Enfin, la "souffrance" est le résultat de la résistance à la douleur. La souffrance est la tension physique et émotionnelle que nous ajoutons à notre douleur, couche après couche.

Dans cette formule, c'est notre attitude à l'égard de la douleur qui détermine à quel point nous souffrirons. Si notre résistance à la douleur est nulle, il en sera de même de notre souffrance. La douleur multipliée par zéro est égale à zéro. Difficile à croire? La douleur de la vie est bien là, mais on ne s'y attarde pas inutilement. On ne l'emmène pas partout avec soi.

Dans l'analyse psychologique bouddhiste, des qualités comme la bienveillance sont considérées comme l'antidote direct de la peur. Car la peur est source de,souffrance, qu'il s'agisse de la peur qui nous inhibe ....p 24

Je sens que la personne a envie de pleurer. La pauvre : elle a beau être arrivée à la consultation toute souriante, s'efforcer de parler de ses malheurs d'un ton léger et détaché, sa souffrance saute aux yeux. J'ai envie de lui dire d'arrêter ses efforts de politesse ("ne pas déranger avec mes malheurs"), de lâcher ses vieux reflexes de dissimulation et de self control. p. 13

Après un burn out. Après la pression du boulot, elle allait se mettre la pression du marathon. Est ce qu'il ne fallait pas qu'elle réfléchisse un peu à des activités plus réparatrices, comme le repos, la détente, le farniente ? Qu'elle envisage, plutôt que la "redynamisation", l'idée de récupération, de convalescence, de douceur avec elle-même ? p 14