Dans ce livre qui est un recueil d'échanges entre un Mitterrand mourant et l'auteur, ils abordent à un moment le sujet des mémorialistes. Ce qui fait dire à Giesbert qu'en ce qui concerne ceux-ci "(...) il faut toujours qu'ils se mettent en avant : c'est moi qui, c'est moi que...".
Belle synthèse de ce que je retiens de cet ouvrage : Trop de Giesbert, trop peu de Mitterrand.
Le livre aurait du s'intituler : Réflexions d'un homme face à un mourant.
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Un livre qui ne fait que confirmer mon opinion concernant la plupart des hommes politiques. Celui-ci me paraissait un peu plus cultivé que les autres, apte à me réserver quelques surprises malgré ses compromissions et ce côté obscur qui le pousse à idolâtrer le pouvoir et à s'y accrocher comme une sangsue. Force est de constater, même aux portes de la mort, ça sonne creux !
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Je me souviens de l'avoir entendu énoncer, sur un ton paternel, quand le jobard que j'étais pensait incarner le jeune homme qu'il aurait voulu être : "Le génie, qu'est-ce que c'est? Pas grand-chose. Les génies méconnus courent les rues. Le talent? Il mène souvent nulle part. L'intelligence? Sans le caractère, ce n'est rien. La seule chose qui permette d'avancer, c'est la persévérance."
Quant il était à l'article de la mort, Clemenceau avait fait dire qu'il ne voulait pas de visite. Mandel, qui avait été son plus proche collaborateur, se présenta quand même chez lui. La gouvernante lui demanda de rester dans l'entrée et annonça le visiteur au mourant qui laissa tomber, sans doute en ricanant: "Déjà les vers...".
La droite a l'administration et le monde de l'argent. Elle tient les banques, les entreprises, les journaux. Moi, je n'ai rien.
- Vous avez l'exécutif et le législatif, c'est à dire tout. Que pouvez-vous demander de plus?
- Vous n'avez pas compris que je n'ai aucune prise sur les rouages du pays. Je passe mon temps à appuyer sur des boutons qui ne répondent pas. La droite a ses hommes partout et nous, nous les gardons.
La vie, on la laisse parce qu'elle est en train de vous abandonner et que ça fait trop mal, rien que de respirer, de mastiquer ou de bouger les bras. Un jour, un de mes amis a décidé de mourir après que sa femme fut morte du cancer. Il a attrapé le cancer à son tour et il l'a rejointe quelques mois plus tard. Mais il n'est pas mort du cancer. Il est mort de nostalgie. (p. 60)
Tout le monde voudrait mourir comme Molière, sur scène et par surprise. Quand elle survient alors que l'homme vaque à ses occupations habituelles, la mort n'est qu'un incident de parcours. Elle s'accepte mieux car elle n'est plus ce point final qu'il a fallu attendre des semaines, en se tordant de douleur sur son lit. Elle est devenue naturelle. (p. 110)
Franz-Olivier Giesbert - Histoire intime de la Ve République. Vol. 3. Tragédie française