Georges Saruex, mon père, était un homme induit et, par certains points, un gentilhomme. Protestant du Jura, il avait traversé la moitié du monde pour faire fortune, et n'était arrivé à se composer qu'une aisance médiocre. Sans doute savait-il trop de choses. Si j'étais resté avec lui, au lieu de me promener sur la vaste terre, je serais peut-être plus savant, mais beaucoup moins renseigné. De plus, je n'aurais pas le sou. Toutefois, soyons juste: mon père m'apprit à regarder, à raisonner et à souffrir. La nature se chargea du reste en me fournissant de bons muscles.
Et puis, que voulez-vous ! La maison était intolérable ! Prières du matin, prières du soir, discours, exhortations, cantiques chantés tout le long des dimanches. Il y en avait trop ! . . . Sans compter mille invectives qui se terminaient par des explosions de fureur.