AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Ginette Herry (Traducteur)Marcello Norberth (Illustrateur)
EAN : 9782902165186
273 pages
Dramaturgie (01/07/1992)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Ottavio, riche négociant de Vérone, prend de l’âge. Béatrice, sa seconde épouse, manigance pour écarter de la succession Florindo, le fils d’Ottavio, au profit du sien, le stupide Lélio, et convainc son mari de le chasser de la maison. Mais Coraline, leur servante, dévouée à Florindo, va déployer des trésors de ruse et d’audace pour rétablir la situation afin que ce dernier reprenne ses droits légitimes. Reconnaissant, il lui propose alors de l’épouser…
Que lire après La Servante aimanteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La pièce est créée en 1752 à Milan, par la troupe de Medebach, même si Goldoni a décidé de quitter ce dernier, ce qu'il ferra la saison suivante. Son théâtre, la réforme qu'il propose, suscite vivement la polémique, en particulier avec Chiari l'année de cette création.

La serva amorosa, comme la Locandiera, créée la même année, a été écrite pour mettre en valeur le talent d'une des actrices de la troupe, la Marliani. Au contraire des pièces plus chorales de Goldoni, dans lesquelles il est difficile de dire quel est le personnage principal, tant chacun a son moment et la possibilité d'exprimer sa voix, l'intrigue de la pièce est centrée sur Corallina, la servante du titre.

Ottavio, un vieil homme riche a épousé en secondes noces une femme plus jeune, Beatrice. Cette dernière a fait chasser de la maison le fils d'Ottavio, Florindo, et elle essaie de faire rédiger à Ottavio un testament en sa faveur, ce qu'il répugne de faire. La servante de la maison, Corallina, a suivi Florindo, et tente de l'aider par tous les moyens. Elle a poussé Pantalon, un marchand ami de son maître, à tenter de fléchir Ottavio. Mais Beatrice intervient, et refuse le retour de Florindo au foyer, de même qu'un secours financier, en plus d'une pension famélique. Pantalon part, outré de l'attitude de Beatrice.

Florindo se désespère, il est sans argent et perspectives. Corallina n'est pas à bout de ressources. Elle projette de marier Florindo à Rosaura, la fille de Pantalon. Elle va la voir sous prétexte de lui vendre des bas, et arrive à la persuader de l'intérêt de Florindo, et à susciter une forme de tendresse chez la jeune fille. Elle essaie de convaincre Florindo de l'intérêt de ce mariage, mais ce dernier serait plus enclin d'épouser Corallina, pour la récompenser de son dévouement. Corallina n'abandonne pas pour autant son idée, et arrive à éveiller de l'intérêt pour son projet chez Pantalon, à condition que Florindo puisse hériter de son père.

Mais les événements s'accélèrent : Lelio, le fils idiot de Beatrice d'un premier mariage, convoite aussi Rosaura, et s'imagine que Pantalon est prêt à la lui donner en mariage. Sa mère, quand à elle, a réussi à obtenir l'accord d'Ottavio pour faire venir, le soir même, le notaire en vue du testament. Corallina arrive à circonvenir le notaire : elle l'accompagne déguisée en clerc, et pendant que Beatrice explique au notaire comment rédiger le testament, elle arrive à distiller le doute dans l'esprit d'Ottavio, et lui suggérer une ruse pour lui permettre de connaître les vrais sentiments de Beatrice à son endroit. Le stratagème fonctionne comme il se doit, et Beatrice est chassée, Florindo rétabli : le mariage avec Rosaura peut avoir lieu, pendant que Corallina se marie avec Brighella, le valet de Pantalon.

Une pièce toute en ambiguïtés et teintes claires-obscures. Beatrice et Lelio, son fils, sont certes des personnages vraiment négatifs : Beatrice ne s'est mariée que par intérêt, elle méprise son mari et ne cherche qu'à le manipuler, en n'hésitant pas à recourir à une forme de violence, verbale et psychologique, rendue avec maestria. Ottavio est un vieil homme faible, égoïste, veule, sans réelle volonté : c'est parce que Corallina arrive à prendre l'emprise sur lui, qu'il se décide à agir.

Les incertitudes du coeur et de l'esprit, la naissance de l'amour, qui survient chez les deux jeunes gens à l'instigation de Corallina, sont très bien rendues. Rosaura s'intéresse à Lelio, parce qu'elle pense qu'il l'aime, que cette attirance que Corallina restitue, en rendant le jeune homme désirable dans l'imaginaire de la jeune fille, finit par faire naître un sentiment, qui ne s'appuie au final que sur le désir d'amour de Rosaura. De même, le sentiment de Lelio vient lorsqu'une Rosaura frémissante vient chez lui pour parler à Corallina : le trouble de la jeune fille trouble à son tour le jeune homme. La représentation, ce que les personnages imaginent, est au final plus important que ce que l'autre ressent et pense en réalité. L'amour s'établit ici sur deux illusions, qui finissent par se rejoindre et devenir réelles, parce que les personnages les voient comme telles.

Encore plus ambiguës sont les relations entre Florindo et Corallina. Cette dernière proclame qu'elle aime son maître d'un amour fraternel, et refuse son offre de mariage. Mais nous ne saurons jamais si elle le fait parce qu'elle ne l'aime pas, ou si parce qu'elle considère qu'un tel mariage ne serait pas raisonnable, qu'il ne serait pas acceptable socialement, les mettraient au banc de la société. Un certain nombre de réflexions des autres personnages étayent cette hypothèse, et on se demande si le mariage entre Florindo et Rosaura n'est pas là avant tout pour éviter que les gens ne jasent trop sur l'étrange couple que la servante forme avec son jeune maître. Corallina interroge subtilement les hiérarchies sociales en place : elle est le personnage le plus intelligent, le plus capable, moteur de l'action, mais aussi le plus désintéressé et intègre, mais elle reste une servante, et doit rester à sa place. Elle épousera Brighella, sans qu'elle n'ait à aucun moment semblé s'y intéresser plus que ça. Le sentiment ne semble pas faire partie du contrat pour elle : c'est une affaire de raison, il est de son monde, et cela arrêtera tous les ragots.

Une pure merveille, d'intelligence, de drôlerie et de sensibilité.
Commenter  J’apprécie          182
Généreuse, pugnace, délicate, Coraline, je t'aime.
Commenter  J’apprécie          00


Lire un extrait
Videos de Carlo Goldoni (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carlo Goldoni
C'est aujourd'hui une de nos plus fortes, plus puissantes et audacieuses comédiennes, une de nos plus actives et fécondes metteuses en scène, aussi. Au Petit Saint-Martin, à Paris, Catherine Hiegel se retrouve pour la première fois de sa carrière seule en scène dans un monologue signé du défunt Jean-Luc Lagarce et monté par Marcial di Fonzo Bo, Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne. Elle y excelle de distance ironique et mélancolique à la fois. L'ex-doyenne de la Comédie-Française – dont elle fut violemment et injustement remerciée après quarante ans d'admirables services – incarne à merveille les mille nuances et détours d'un texte, d'un auteur. Si elle reste une des plus subtiles interprètes (et metteuse en scène) de Molière et Goldoni, elle sut encore s'embarquer, après l'éviction du Français, chez les meilleurs dramaturges contemporains, de Bernhardt à Minyana, de Noren à Koltès, via Zeller. Et elle y rayonne comme personne de son énergie blessée, de sa vitalité insubmersible. Elle nous dit ici un peu de ses secrets de fabrication, de ses passions théâtrales, de son enfance merveilleuse, de la Comédie-Française qui la façonna et la fit souffrir, de la misogynie au théâtre, de sa fille qui accuse d'inceste son père Richard Berry, son ex-compagnon. de ses forces et de ses faiblesses. Elle est magnifique.
Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤28De Bernhardt16¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux ! Facebook : https://www.facebook.com/Telerama Instagram : https://www.instagram.com/telerama Twitter : https://twitter.com/Telerama
+ Lire la suite
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (13) Voir plus



Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1296 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur ce livre

{* *}