Le patron

Un être humain vit, il essaie de créer quelque chose ; il fait entrer dans les réseaux de ses projets une quantité de force, d'intelligence, de volonté appartenant à autrui ; il dévore une masse de travail humain ; et puis tout d'un coup, il abandonne tout capricieusement, rien n'est achevé, rien n'est édifié ; souvent même, il se jette lui aussi hors de la vie. Et le pénible travail des hommes s'écroule sans laisser de trace.

- Un homme intelligent doit viser à devenir patron et non pas à tirer à hue et à dia. Il y a quantité d’ouvriers, et peu de patrons ; c’est pourquoi tout va mal. Tout est faux, rien n’est solide ! Quand tu ouvriras les yeux, tu verras davantage et ton cœur s’endurcira. Tu comprendras aussi que c’est le peuple lui-même, les gens qui ne sont pas occupés qui sont nuisibles. Et il faut trouver de l’ouvrage à tout le monde, pour qu’il ne rôde pas sans profit pour personne. Quand un arbre pourrit, c’est dommage, mais quand on le brûle, il donne de la chaleur. C’est la même chose pour l’homme, as-tu compris ?

La honte la plus accablante, la suprême torture, est de ne pas savoir défendre dignement ce qu'on aime, ce dont on vit. Pour l'homme, il n'y a pas de pire souffrance que le mutisme du cœur.

Tout vivait, mais d’une vie bizarre, comme écrasée et confuse. Au centre tourbillonnait, vrombissant et suant, un homme extraordinaire, tel que je n’en avais jamais vu.
« Où donc suis-je tombé ? », me demandai-je avec effroi.

Pour l'homme, il n'y a pas de pire souffrance que le mutisme du cœur.