Un livre/machine pour tous les humaniser.
Quelle étrange expérience que ce livre. Difficile d'en parler tant l'auteur semble s'être amusé à tout faire pour nous dérouter. A commencer par un monde, un langage, une vitesse, bref, un univers qui lui est propre alors que tout semble nous emmener dans un monde de science-fiction plus classique. Car le fond de l'histoire semble connu; dans un monde utopique, dirigés par des PDG électroniques, manipulant à leur guise un président fantoche, un homme, Mattéo, va s'éveiller et prendre conscience du monde absurde pour lequel il est conditionné.
Mais tout se complique au fil des pages; un typographie particulière parsemée de termes parfois complexes à assimiler, un monde dans lequel richesses, modes, consommations et pouvoirs fluctuent à une vitesse proche de celle de la lumière, parfois plus vite qu'on ne peut la lire et tout cela dans l'univers oppressant de Bloc-Rome sur fond de réflexion (et de dérision) de notre société de consommation. Tout semble y être exacerbé, accéléré; la politique, la surpopulation, la surconsommation, la gestion de l'énergie, la religion, même la croissance (et la mort) des êtres humains.
Le Livre/machine se lit comme une expérience atypique dont je suis ressorti quelque peu perturbé et sans voix, pour ne pas dire sans mot.
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Écrit par Philip Goy en 1975, un an après son premier roman le Père Éternel, le Livre/Machine est un véritable ovni aux allures de dystopie complètement barrée, se déroulant dans une tour gigantesque faisant office de ville futuriste aux moeurs très politiquement incorrectes.
Si le fond est plutôt original, proposant une société grotesque abordée sous un angle humoristique, la forme l'est également puisque le roman est bourré de calligrammes ainsi que de références audiovisuelles : zooms, fondus enchaînés, courbes audio et autres schémas électroniques garnissent les pages du Livre/Machine.
L'ensemble n'est certes pas dénué de défauts et la seconde partie s'avère beaucoup moins marquante que la première, mais le Livre/Machine est suffisamment original et osé pour valoir le détour.
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FUC-SUC PDG:
-Messieurs, un dernier point. Nous avons à diffuser, dans le cadre du programme Vatican, un livre intitulé: Le Livre/Machine.
NIQ-DUR PDG et PIC-PUS PDG (ensemble, avec dégout):
-Ah! Le programme Vatican...
-Ah oui! Le programme Vatican...
FUC-SUC PDG (même jeu):
-C'est une oeuvre archaïsante sans intérêt, qui n'a pas la moindre chance de succès. (Perte sèche à se partager, désolsorry.) Et pourtant nous allons la répandre avec tous nos moyens... Personnellement, je trouve stupide de gaspiller tant de kilowatts! D'un autre coté, ces deux personnes extérieures ne consomment plus chez nous, et c'est encore une économie.
NIQ-DUR PDG:
-Objection, Monsieur n°1. Dans Bloc-Rome nous les aurions depuis longtemps envoyés à la réforme pour inaptitude à l'optimisation!
Bloc-Rome, cinquante mètres sous terre, un instant T comme tant d’autres, indifférent dans la suite monotone des instants semblables. Étage 18, tour 73, couloir 73-74, cellule 597. Les murécrans sont muets, mais deux femmes nues semblent poursuivre une conversation très animée. Il fait 28° Celsius.
– Je t’assure que ce roman se passe en France, au 19e siècle !
– Ne te fâche pas, Lola, ça n’en vaut pas la peine. Embrasse-moi plutôt.
– Tout de même, c’est invraisemblable, ton histoire de peaux de fourrure, de neige, de traîneaux…
– On dit pourtant que la France est bien froide.
– Racontars ! Ma pauvre Léo, tu crois donc ces rumeurs stupides ! De toutes façons, au 19e, ton décor de neige ne convient pas à la France.
– Mais ça n’était pas en France, je crois que c’était en Russie.
– C’est à croire que tu ne sais pas lire.
– Lola, ma chérie, tu me crois encore plus stupide que je ne suis.
– Mais non, mais non… Écoute, j’appelle un critique littéraire si tu veux.
– Pourquoi pas ? Mais partageons la note.
MODE D’EMPLOI
C’est un livre. Une machine. Un texte : indications scéniques et dialogues = un théâtre, comme la boîte de conserve sur laquelle est dessiné un chat, qui tient dans ses pattes une boîte de conserve sur laquelle est dessiné un chat, qui tient… À l’infini ?
Non. Limitation (pratique : la paresse du dessinateur) théorique : le grain de l’image.
Le grain, est-ce ici le mot, ou l’idée ? Atome plus ou moins insécable, ou bruit ?
De même, l’image sur l’écran vidéo vers lequel est braquée la caméra = Effet larsen optique.
Narcissisme et fécondité du néant qui se regarde et se multiplie : l’Humanité / Dieu.
- Ce sont eux qui m'ont créé ce que je suis, il y a 38 jours.
- Lola, tu ne m'avais pas dit que Monsieur Klon est une des jeunes étoiles de la nouvelle génération.
- Léo, tu exagères... 38 jours, ce n'est déjà plus une nouveauté.