Quand vous partez en vacances en Dordogne, la Grotte de Lascaux, le célèbre marché de Sarlat ou encore les vest
iges gallo-roma
ine de Pér
igueux sont
incontournables.
D'autres vacanc
iers préfèrent le calme et la verdure pér
igourd
ine de ses forêts et autres étangs qu
i ne manquent pas d'att
irer toujours plus de monde.
C'est l'été 1986, une sér
ie de d
ispar
itions inquiétantes vient heurter la quiétude des vacanciers du camping, celui du Château le Verdoyer.
Pour le commandant Dubreuil, ce qui devait s'avérer une enquête rapidement bouclée va devenir une obsession de tous les instants ...
Après la découverte de son premier, I.V. "Un polar intrigant, nerveux dans une ambiance et un décor étouffant !", je remercie l'auteur pour sa confiance en me proposant son troisième roman,
Ils vont tous mourir.
Une intrigue qui vous en fera voir de toutes les couleurs, surtout de celles qui virent dans les tons sombres, opaques, à l'instar d'un mauvais rêve qui n'en finit plus de frapper tout son petit monde dans ce lieu de villégiature pourtant dévoué au calme et à la détente, dans l'allégresse des congés mérités et des économies de toute une année, cette montée d'angoisse et de terreur touchant les plus jeunes sujets, quoi de pire pour les parents qui n'auraient jamais imaginé une telle tournure même dans leur pire cauchemar ?
Polar d'atmosphère pour ressentir toute la tension habiter les investigateurs en peine devant les minuscules indices récoltés, des fausses pistes qui transforment et finissent par décourager, il est des moments où le sentiment d'urgence prime sur tout le reste, l'ensemble de l'enquête policière invite à parcourir des décors bucoliques entrecoupés des détours obligés par les cités urbaines et servant de quartier général.
La vie
Tout semble se dérouler comme un polar avec tous les éléments coercitifs pour retrouver ces enfants qui n'avaient rien demandé, volatilisés du jour au lendemain au nez et à la vue de tous les locataires du camping, s'agit-il d'un prédateur à l'affût ou des histoires de fugue en série ?
Quand un journaliste du coin propose ses services, le récit rebondit mais pas toujours dans le sens esquissé, l'auteur prend un malin plaisir et le notre aussi, pour brouiller toutes les cartes et les pistes qui se dévoilent en filigrane, dans la lisière des forêts touffus et inquiétantes, dans ces eaux du Bandiat qui sillonne la vallée, vous ne serez pas au bout de vos surprises pour comprendre tous les tenants et aboutissants d'une affaire qui est loin de se laisser si facilement dompter, quand des légendes locales du coin et dont l'authenticité sert autant à achalander les touristes dans les nombreuses escapades à découvrir, tous ces ingrédients réunis donnent une histoire captivante, la plume de l'auteur se veut limpide quand tout part à vau-l'eau, quand tous les fils inextricables sont emmêlés, paradoxe quand tu nous tiens, depuis le prologue qui annonce un dessein de violence et d'une fatalité, la vie ne tient souvent qu'à peu de choses ...
Cette volonté affichée de concilier l'histoire locale avec toutes les composantes d'un roman policier, les coutumes et les traditions, les secrets enfouis qui attendent depuis des lustres, dans l'esprit des habitants et dans cette promiscuité qui s'articule ici autour d'un domaine authentique, un camping niché près d'un château, le Verdoyer, dans la succession d'événements étranges et angoissants, répondant comme en écho à de tristes et douloureuses affaires présentant des similitudes troublantes, rien ne sera épargné aux enquêteurs qui devront alors évoluer sur plusieurs fronts à la fois pour resserrer l'étau autour des suspects potentiels et plausibles et surtout de mettre enfin la main sur les jeunes disparus.
"La proie devient chasseur et le chasseur la proie"
La grande qualité du roman réside dans cette alternance qui ne vous laisse par une minute de répit, vous avez tous vécu la canicule qui a sévit cet été, imaginez ce climat dans cette histoire, la sueur qui perle incessamment, l'envie de vite retrouvez la brise légère du soir couchant, il est des endroits évoqués dans ce polar qui vous glacera d'effroi, d'une brutalité inouïe, parfois si les détails peuvent choquer et dont certains préféreront la suggestion à la démonstration, les deux sont pertinents pour évaluer, éprouver cette terreur sans nom, si le titre éponyme du livre est symbolique, toute la question est de savoir jusqu'où les choses peuvent déraper et emporter des destinées vers les portes de l'enfer, dans la torpeur de ces coins reculés et sans pitié, il subsiste toujours cette part de l'humanité qui cherche encore un second souffle, l'espoir d'une renaissance pour achever l'accomplissement, la perte de l'innocence succède alors à cette résilience qui pourrait devenir un subterfuge, la solution de la dernière chance.
La mort
Cette frontière ultime séparant les vivants et les morts, dans la folie meurtrière des hommes, dans leur impuissance à réguler des canaux de la colère et de la compassion, ce voyage au bout de l'ignominie deviendra vite un exutoire, une forme de délivrance pour certains, une souffrance indicible pour d'autres, comme si tout menait à une rédemption, à encaisser l'inéluctable de la main droite de Dieu et celle du diable, ligués pour commettre l'irréparable dans la vision d'une crucifixion profondément douce et réparatrice, j'ai particulièrement apprécié certaines idées reçues développées par l'auteur pour briser certains tabous, dans l'ordre et la réception de certaines réflexions universelles, la loi des hommes, la loi de la nature intrinsèque et immuable, toute la pertinence de l'intrigue policière dépasse l'entendement et dans la construction implacable qui se met alors en place jusqu'au dénouement ...
Les tourments de l'enfer ...
Fort d'une cohérence et de révélations fracassantes qui se dessineront progressivement, un polar nerveux et sans concession, une ambiance qui ne cesse de s'enliser dans un bourbier de plus en plus vaseux, l'intensité et le déchaînement des faits participent à rendre ce polar haletant dans la dramaturgie de certaines séquences fortes et symboliques pour pousser dans les derniers retranchements, à chercher une aiguille dans une botte de foin, les enfants qui disparaissent sont toujours des sujets sensibles, l'actualité le démontre à chaque fois, remettre les pendules à l'heure, le bien et le mal, la vie et la mort, le chasseur et la proie, quelles seront les conséquences à long terme dans le psychisme et de la moralité sous-jacente à l'oeuvre dans les mystères de la conscience humaine et dans l'imprévisible courroux qui menace à tout instant le fragile équilibre ?
Edité aux Editions Cairn, collection du Noir au Sud, voici un polar rural et âpre, une écriture incisive au service d'une intrigue machiavélique à souhait, j'ai apprécié le personnage principal qui mène les investigations criminelles, épris d'humanité et à la recherche de la vérité à tout prix, ce sentiment cruel de l'amitié et de l'abandon, cette vision dantesque d'un monde qui peut basculer à tout moment, les apparences sont trompeuses et vous en aurez une autre vision avec ce troisième roman de Raph Grangier.
La confirmation d'un auteur qui nous fait partager ses mots avec une invitation à un voyage de tous les possibles comme à Connemara avec I.V. ou en terre du Périgord avec
Ils vont tous mourir.
Bonne escapade !!!
En conclusion,
Ils vont tous mourir de Raph Grangier est un roman policier noir, oppressant, vous n'en sortirez pas indemne !!!