Sherman, tome 3 : La passion, Lana

Ce troisième tome de SHERMAN révèle un peu plus le passé de Jay Sherman. Chaque avancée dans l'enquête le ramène à certains épisodes qui ont jalonné son ascension sociale. Viré de la banque de son beau-père, il est à deux doigts de tout perdre, de retourner à la rue et à la misère dont il est issu. C'est grâce aux affaires qu'il avait traité en sous-mains avec un industriel allemand qu'il va reprendre son rang et sauver la banque durant la crise de 1929. La vie reprend son cours et la famille de Sherman vit désormais dans l'opulence. Mais une menace vient perturber les affaires de Sherman, l'Allemagne est passée sous le contrôle des nazis. Il en vient à fréquenter des personnages peu recommandables. Ne serait-ce pas ces mêmes personnes qui, bien des années après menace la vie de Sherman ?
Plus on avance dans cette histoire, plus on s'aperçoit à quel point Sherman s'est fait bon nombre d'ennemis. L'enquête s'en trouve de plus en plus passionnante et le mystère reste entier.

"Mon père était un clochard, qui est mort dans mes bras,au coin d'une rue" a révélé Jay Sherman à son beau-père qui venait de le virer de la banque pour avoir détourné des fonds au bénéfice d'investissements allemands.
Sherman, Tome 3: La passion Lana continue l'enquête menée par Jay Sherman (au côté d'une charmante agent du FBI) et la plongée dans son passé (comme ci dessus) de voyou puis d'arriviste pour comprendre (suite au meurtre de son fils candidat aux élections présidentielles des Etats Unis dans le présent de l'après guerre) qui veut sa peau et sa ruine.
Le scénariste Stephen Desberg alterne la vie d'avant où Jay était follement amoureux de sa maîtresse Lana (enceinte de lui mais mariée à son collègue de banque ennemi David Sterling) et où il n'arrivait pas à maitriser l'impulsivité de sa fille Jeannie qu'il a perdue de vue.
."BAFF" "Tout se paye ici bas Sherman"
Les coups pleuvent mais Sherman a su se défendre. le "carburant synthétique" était un vrai coup fumant. Direction l'Allemagne et la montée du nazisme!
Les affaires se corsent! le scénario est bien ficelé entre angoisse, chantage,menaces,danger et amour (bien sûr!). Les dessins expressifs de Griffo valent le détour et l'ambiance hitchcokienne est fort bien rendue grâce aux couleurs (ocre,sépia, bleu délavé..) surannées de Roberto Burgazzoli.
Cette BD adultes pleine de rebondissements donne envie de connaitre les 3 tomes suivants!

Ce troisième tome est toujours excellent, si l'on excepte son titre. En effet, la passion, Lana, aurait bien mieux convenu au deuxième tome qu'à celui-ci, dont Lana Sterling est quasiment absente.
En revanche, un autre personnage prend de l'importance puisqu'on découvre par bribes l'histoire de Jeanie, la mystérieuse fille de Jay Sherman.
Dans de constants aller-retours entre le passé et le présent, on en apprend également plus sur l'ascension de Jay Sherman et sur ses relations avec des industriels allemands, les Jurgen, avant-guerre en pleine montée du nazisme.
Le suspens est donc de plus en plus épais et les pistes se multiplient, car Jay Sherman ne semble pas manquer d'ennemis.
Mais on n'est pas inquiets pour lui car l'agent Eva Cruz semble prendre sa protection très à coeur ; )

Ce troisième tome de la série Sherman est toujours aussi bien ficelé du point de vue du scénario, par contre, il rend le personnage de Jay Sherman de moins en moins sympathique.
Du garçon de rue qui cherchait à se sortir de sa situation, il est devenu arriviste, séducteur, père délaissant ses enfants ou tout du moins sa fille, mari ne s'occupant plus vraiment de sa femme mais obnubilé par Lana, son ancienne maîtresse et femme de son pire ennemi.
Cela a un double mérite : celui de montrer les travers d'un personnage à l'origine pauvre qui a laissé de côté une partie de sa conscience pour s'élever (n'oublions pas qu'il a conclu l'affaire avec son ami allemand Karl Jurgen dans le dos de son beau-père propriétaire de la banque pour laquelle il travaille) et qui en agissant de la sorte s'est attiré beaucoup d'ennemis au cours de ces années; celui de faire intervenir de plus en plus un personnage jusqu'à présent de second plan : Jeannie, la fille de Jay Sherman, disparue depuis plusieurs années.
C'est sans doute l'atout de ce troisième tome : l'entrée de ce personnage dans l'histoire, même si physiquement elle n'est toujours pas là.
"Jeannie a toujours été quelqu'un de très indépendant. Quelqu'un qui ne faisait que ce qu'elle voulait.", c'est ainsi que la décrit son père, et avec raison.
Jeannie le dit elle-même alors encore adolescente en embrassant un garçon noir : "Je suis libre. Je fais ... toujours ... ce que je veux !".
Rejetée par sa famille, elle s'est créée la sienne, dans l'univers du jazz des années 30 à New-York : "Ceci, c'est Harlem. le jazz. C'est chez moi !", et elle rappellera à son père alors que celui-ci lui reproche sa conduite qu'il a été absent toutes ces années et que désormais il est trop tard pour revenir en arrière : "Pense ce que tu veux, papa. Je ne sais pas où tu étais, toutes ces années. Mais tu ne nous changeras plus !".
C'est en Allemagne qu'il perdra définitivement sa fille.
Ce changement géographique pour la dernière partie de ce tome est aussi l'une de ses réussites : la famille Sherman se rend, sur l'invitation de Karl Jurgen, en Allemagne, au moment de l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler.
L'antisémitisme est déjà présent : "Haber n'est pas allemand, il est juif !", la folie du Troisième Reich se fait déjà ressentir dans la population et le lecteur pressent que l'industrie chimique de Karl Jurgen avec son fils Otto va être mise à contribution durant cette sombre période.
D'ailleurs, il est question d'Otto Jurgen, entre autres, dans ce tome, comme personne cherchant à se venger de Jay Sherman.
Sauf qu'il y a un obstacle, et de taille : "Otto est mort. C'est Jeannie qui l'a tuée !".
Voilà une ficelle bien amenée qui finalement n'apporte rien au lecteur, à part une envie de plus en plus pressante de connaître la suite.

Je ferai deux reproches à ce tome.
Le premier est que le titre n'est pas approprié, il était plus question de Lana dans le deuxième tome que dans celui-ci, c'est dommage que le titre soit en décalage avec le contenu de l'histoire.
L'autre, c'est que Jay Sherman est un peu trop séducteur à mon goût, et que l'agent chargé de sa protection tombe dans ses bras était une ficelle bien trop grosse et surtout prévisible, d'autant que, pour l'instant, cela n'apporte rien à l'histoire.

Avec "La passion, Lana", la série Sherman se poursuit, basé sur un scénario à rebondissement de Stephen Desberg et servi par les très beaux dessins de Griffo.
Décidément, "Sherman" est une série prenante qui mérite vraiment d'être découverte.
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L'enquête sur le meurtre du fils de Jay Sherman piétine même si l'on s'approche de l'homme de main, les commanditaires sont loin d'avoir révéler leur identité.
Sherman continue donc les souvenirs en gardant bien l'ordre chronologique. Au moins on ne se perd pas! On aborde un nouveau chapitre de sa vie : enfin une vraie place dans la banque de beau-papa, des amis allemands qui lui apportent richesses et pouvoir, et des enfants qui rentrent dans une adolescence plus ou moins compliquée. On parle donc enfin de la fameuse Jeannie que le tueur à promis de tuer pour faire payer son père de quelque chose qu'on arrive toujours pas à appréhender. le suspense est toujours là même si ce tome fait un peu plus longuet que les autres.
Coté passion promise par le titre du tome c'est un décevant : Jay aimerait revoir Lana mais celle-ci a disparue, avec sa femme c'est pas l'amour fou. Et dans le présent la belle inspectrice succombe à ses charmes : pas très crédible ni utile mais bon...
Le dessin de Griffo est toujours agréable.