Journal d'une bipolaire

Camille vit une jolie histoire d'amour avec Julien au Canada. Mais ses vacances sont terminées et au lendemain des attentats de 2001, Camille doit rentrer en France. Julien lui met la pression pour qu'elle vienne vivre avec lui mais Camille n'est pas prête, ce qui l'angoisse énormément. Elle vit alors un premier épisode de stress très important, stress qui ne va cesser de s'accroître. Les études vont ensuite provoquer un deuxième pic avec une crise de panique. Camille entre alors dans une spirale infernale, ignorant alors qu'elle n'en est qu'à la première étape d'une grave dépression.

Récit autobiographique d'Emilie Guillon, « Journal d'une bipolaire » écrit à quatre mains avec son père, décrit la spirale infernale des personnes atteintes de cette maladie encore mal connue : la bipolarité. Presque sans tabou, Emilie/Camille nous décrit les phases maniaco-dépressives qui vont bouleverser sa vie d'étudiante, puis professionnelle, sans parler de ses relations avec ses proches.
La bipolarité est une maladie terrible, souvent diagnostiquée tardivement (il faut parfois attendre 8 à 10 ans) et mal comprise par les gens, à commencer par les personnes malades. Et pourtant, les conséquences peuvent être dévastatrices : tentatives de suicide, comportements à risques(le taux de mortalité est trois fois plus élevé que celui de la population en générale), conduites addictives avec un abus de substances accru (alcool, drogue)...
Le quotidien de Camille nous fait vivre tout cela et cette bande-dessinée apporte une multitude d'informations au lecteur sur la compréhension du trouble et son vécu. Elle aborde les réactions du patient et de son entourage, elle raconte la vraie vie avec tous ces moments d'incertitude où Emilie/Camille est plongée dans des épisodes dépressifs, les hospitalisations à répétition, les moments d'euphorie et la baisse de l'estime de soi, l'obligation de renoncer à des choix professionnels et de s'adapter en fonction de la maladie...
Rappelons-le, cette maladie dure toute la vie mais les personnes qui en souffrent peuvent vivre normalement avec, dès lors qu'elles acceptent de se faire soigner. Psychothérapie, traitement médicamenteux, hygiène de vie et thérapies complémentaires… Des solutions existent.

« Journal d'une bipolaire » est une bande-dessinée instructive et bouleversante où la vision du malade mais aussi de ses proches est clairement présentée. A mettre entre toutes les mains.

Cela semble commencer par deux sources de stress: la pression du petit copain canadien et les études. J'écris "semble" car en général, il y a des signes précurseurs dans l'enfance. Puis Camille sombre alternant des états dépressifs graves (souvent tentatives de TS) avec des phases maniaques où on se sent tout puissant et heureux et où on dépense à tout va... Camille n'en peut plus: elle va d'hospitalisations en foyers spécialisés. La mère ne comprend pas, elle sort les arguments classiques: secoue toi (ou tu as tout pour être heureuse); elle change peu à peu. Camille a la chance d'être bien entourée: famille, amis et personnel médical. Mais, il y a de fréquentes rechutes, elle se scarifie, se sent perdue. Il y a des relations sexuelles sans lendemain. Vient une période maniaque et sa "fièvre acheteuse" puis rechute dans la dépression. Un projet génial mais difficile: Camille va écrire une BD sur sa vie avec l'aide de son père. Mais il y a des hauts et des bas et sa mère fait une dépression réactionnelle. Dans les phases hautes, on oublie de prendre les médicaments ou on arrête car on croit être guérie
En fait grâce à un suivi psy et un thymorégulateur (lithium) on arrive à vivre et travailler.
Une Bd bien faite qui évoque l'essentiel .

L'héroïne nous fait découvrir ses errances, l'évolution de sa maladie, sans complaisance, en ne cachant rien ou presque, et pourtant ce journal reste très pudique, ne stigmatisant personne. Une très bonne façon d'aborder ces troubles trop souvent méconnus et pourtant relativement fréquents.
Le format BD permet de toucher un public jeune.
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