Depuis Kant, le monde a changé. ll ne s'agit plus de former en esprit une image idéale du monde qui permettrait de déterminer les conditions et les limites de la connaissance par le biais de l'expérience dans le monde objectif. Il s'agit plutôt d'appréhender la réalité "du dedans" dans un rapport intersubjectif et communicationnel. Mais sauf à verser dans l'extrême inverse, celui où la réalité ne serait appréhendée que sous sa forme présentifiée et matérialisée au prix de la disparition de tout modèle conceptuel, il faut envisager que le monde continue d'être compris en relation avec des "présuppositions idéalisantes". Ce compromis entre idéalisme et réalisme implique une "détranscendentalisation" du monde objectif vers le monde social. Habermas se propose de nommer les présuppositions idéalisantes à l'accès à la vérité dans un tel monde détranscendentalisé en partant du point de vue opposé à celui de Kant, celui des philosophes analytiques. Il conclut à la nécessité d'un espace public où l'information pertinente soit idéalement accessible et exprimée afin de donner au seul outil envisageable et irremplaçable d'accès à la vérité que nous ayons les moyens de se déployer : la raison.
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Les règles linguistiques ne doivent pas être assimilées à des "coutumes" ; toute langue bénéficie, en effet, d'une certaine autonomie par rapport à son arrière-plan culturel et aux pratiques sociales de la communauté qui la parle.
Nous qui sommes des êtres faillibles, certes sur le monde vécu, n'avons en effet, d'autre voie possible, pour nous assurer de ce qui est vrai, que celle d'une discussion à la fois rationnelle et ouverte sur l'avenir.
Dans la mesure donc, où les références au monde sont toujours médiatisées par le langage, cela explique que l'objectivité du monde, supposée dans l'action et dans la parole, se ramène en fin de compte à l'intersubjectivité qui sous-tend la compréhension partagée entre ceux qui rennent part à la communication.
Communiquer suppose que ceuxqui participent à la communication puissent se comprendre par-delà les limites de mondes vécus divergents, et ce parce que, visant un monde objectif commun, ils sont guidés par la prétention à la vérité, c'est-à-dire par la validité inconditionnée de leurs énoncés.
Si les prétentions à la vérité apparaissent alors comme inconditionnées, elles ne sont justifiables que sous certaines conditions épistémiques.
Assister à l'après-midi Marxisme et École de Francfort, dans le cadre du colloque « La philosophie comme critique de la culture ? ».
- 14h : Jean-Claude Monod (CNRS-Archives Husserl)
« Kulturkritik, satire, critique sociale: quelles armes pour la philosophie ? »
- 15h : Katia Genel (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/Centre Marc Bloch)
« Des pathologies sociales à la santé sociale: Adorno, Habermas et Honneth »
- 16h20 : Franck Fischbach (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
« Faut-il choisir entre la critique sociale et la Kulturkritik ? »
Un colloque organisé par le centre SPH de l'Université Bordeaux Montaigne, en partenariat avec la Librairie Mollat et l'Université de Bordeaux.
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