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EAN : 9782220095707
284 pages
Desclée de Brouwer (16/01/2019)
3.4/5   5 notes
Résumé :
Née au XVIIe siècle, la tolérance est devenue notre vertu centrale, au point de se confondre avec la démocratie. Mais ses conditions d'exercice ont changé : le schisme protestant mettait au défi de faire coexister des versions différentes du christianisme. Notre situation est tout
autre. Les revendications de droits subjectifs, d'une part, et les migrations, d'autre part, ont bouleversé les thèmes, puis l'exercice de cette vertu : nous devons accepter les ori... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je l'ai pas (encore)lu, mais j'en ai entendu causer. Sur France Inter, qui invite ses auditeurs à réfléchir à l'heure du café-tartines sur cette question un chouîa provocatrice.
Comment peut-on être Persan?
La question malicieuse de Montesquieu est retournée comme un gant dans cet essai. Car être tolérant ne va pas de soi. On s'en rend compte avec les vagues d'intolérance qui soulèvent régulièrement l'opinion, que ce soit contre les couples homosexuels ou le port du burquini, contre des oeuvres d'art trop modernes ou des étrangers jugés envahissants.
Car nous sommes souvent réfractaires à ce qui est nouveau, étranger, différent, hors-norme, ce qui nous choque, nous inquiète, nous surprend. le rejet est plus naturel, l'aversion est une réaction défensive face à trop d'etrangeté, une protection devant ce qui est ressenti comme une menace. Chez les bébés, "la peur de l'étranger" est même un stade bien repéré de son développement psychique. Biologiquement, nous avons raison de nous méfier de l'inconnu.
Pourtant on sait que cette attitude peut conduire à des actes inhumains, des massacres, des pogroms, des guerres civiles, ou plus fréquemment du bashing, de l'exclusion, de l'évitement, du mépris.
L'aversion est une forme de dégoût, difficile à surmonter. Il faut donc faire un effort pour que cette aversion ne se transforme pas en haine ou en hostilité intolérante. Je dois m'interroger sur cette aversion qui est parfois inconsciente, souvent irrationnelle.
La tolérance a cependant ses limites. Elle demande un deuxième effort, car certaines situations ne sont pas tolérables.
Lesquelles? Ça c'est à vous de le décider !
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« Faites accueil à celui qui est faible dans la foi, et ne discutez pas les opinions. Accueillez-vous donc les uns les autres, comme Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu » épitre aux ROMAINS.
Versus
« La tolérance ne consiste pas à supporter ma belle-soeur. En effet, si irritante soit-elle, cette belle soeur est un membre de la famille. Elle est familière et nul ne peut imaginer la supprimer du paysage. Là où la tolérance doit s'exercer c'est précisément à l'égard de ceux qu'on serait tenté de rayer de la carte. » (Pierre Pachet)

Ce livre part dans tous les sens. Il est si foisonnant, si riche qu'il m'a fallu laisser reposer le tout avant
d'en tirer la « substantifique moelle ».

Dans une Europe où l'islam s'installe, un monde multiculturel qui offre une vaste amplitude de choix de vie, l'économie et le droit ne suffisent plus à faire société.
Il faut se reposer la question : que doit-on accepter d'autrui ? Sur quoi peut-on transiger ou, au contraire, faut-il ne pas fléchir ?
Pour ce faire, Claude Habib estime qu'il faut modifier son point de vue sur la notion de tolérance.
Dans une première conception, plus ancienne, la tolérance est considérée comme une disposition morale pour s'entendre. Il s'agit d'accepter les opinions différentes des nôtres, de ne pas exercer notre jugement ou de l'exercer de telle sorte qu'on le suspende in fine. Conception “molle” de la tolérance qui voudrait que celle-ci soit un préalable (il s'agirait de ne plus ressentir d'aversion) et non un objectif. Vision sentimentale de la tolérance comme “ouverture d'esprit” qui est d'autant plus facile pour les personnes bénéficiant d'un haut niveau social et économique, qu'ils peuvent se permettre d'éviter la rencontre trop fréquente avec les sources d'aversion.
Or, on ne choisit pas ses répugnances, mais on peut les surmonter.
Face aux difficultés concrètes de la vie sociale, tolérer ne revient pas à acquiescer à tout (l'aversion n'est pas abolie), tout tolérer confine à la lâcheté, ne rien tolérer serait comme une folle passion.
La tolérance ne peut être considérée comme une disposition morale pour s'entendre mais plutôt une disposition qui advient “faute de s'entendre”. On peut se risquer à une définition positive de la tolérance qui serait une résistance au rejet d'autrui induit par nos ressentis. . Détachée des répulsions et des dégoûts – la tolérance est creuse. Dégagées de la tolérance, les aversions peuvent devenir criminelles
Pour Claude Habib, tolérer, c'est d'abord accepter de ressentir un sentiment de rejet et envisager la nécessité de le dépasser.
C'est évidemment difficile mais plus réaliste. « Fermer le couvercle en interdisant la critique ne peut que faire monter des haines qui pourront exploser à tout moment. »
Claude Habib utilise alors cette trame pour aborder des thèmes plus concrètement
L'homosexualité, la souffrance animale dans l'abattage rituel.
L'égalité hommes/femmes, la haine des juifs, le refus de l'apostasie, la question du voile, etc…
Dans un dernier chapitre, intitulé « le besoin de frontières » elle regrette que « le narcissisme moderne se croit au-dessus de toutes les sociétés qui l'ont précédé et qui pensaient qu'il y avait des codes moraux. le point de vue selon lequel nous pourrions nous passer de toute morale, sauf celle
qui serait justifiée par la logique, me paraît stupide et surtout destructeur. »
« Les sociétés modernes ont l'illusion de pouvoir vivre sans moeurs. On ne change pas les moeurs avec des lois. Certes, elles sont malléables, mais beaucoup plus ancrées qu'on ne le croit. »
De l'interdiction de l'inceste aux rites de la séduction, il n'y a pas de communauté humaine sans la reconnaissance de certains codes de comportement, dit-elle. C'est pourquoi Claude Habib croit au rôle protecteur des frontières, « pour autant qu'on n'en fasse pas des murs à la Trump ».

Subtilement réfléchi. Malheureusement dans un monde de réseaux sociaux, du « faut qu'on, y-a qu'à » de la simplification abusive, le basculement récent d'une partie des opinions en Europe et aux États-Unis montre que la tolérance est loin d'être acquise, quelle que soit la façon de l'aborder.

Et pourtant….. !

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Passionnant !
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critiques presse (2)
LaCroix
13 février 2019
Spécialiste de Rousseau, Claude Habib analyse l’importance et les difficultés présentes de la tolérance, qu’elle considère comme l’effort permanent pour « surmonter ses aversions ».
Lire la critique sur le site : LaCroix
Lexpress
05 février 2019
La conclusion de Claude Habib est sans ambiguïté : cet inconfort moral doit nous amener, plus que jamais, à préserver cette fragile vertu démocratique qu'est la tolérance.
Lire la critique sur le site : Lexpress

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