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EAN : 9782246793700
198 pages
Grasset (07/05/2014)
3.67/5   6 notes
Résumé :

" C'est ma mère.Je la regarde sans mots.De sa vie, de ses quinze ans en Kabylie, je sais peu de choses .Presque rien. Ma mère était paysanne, elle cueillait des olives,elle surveillait les moutons.Elle dormait sur la terre battue et ne connaissait ni l'école ni la liberté. Longtemps je n'ai pas osé la questionner. Puis j'ai enquêté , je suis partie en Algérie. J'ai découvert que ma mère , timide et discrète, était une héroïne. Qu'elle avait connu, si jeune... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La phrase de la fin de l'ouvrage: «Je suis fière de ma mère, mon héroïne», résume à elle toute seule l'histoire.

Une petite fille (encore que, pour l'époque, seize ans, c'est déjà l'antichambre de la vie de femme-femme ) qui se retrouve plongée brutalement, sans trop bien en comprendre les tenants et aboutissants, dans son hameau perdu dans la montagne kabyle (le village le plus proche, à trois heures de marche, est Mirabeau), dans la lutte de libération nationale. La guerre ne tarde pas à envahir et à détruire les vies déjà difficiles mais dignes, et les maisonnées toutes simples, mais chaleureuses.

En compagnie de sa mère, l'autre héroïne, elles font tout pour aider les premiers maquisards (dont le frère et le «promis»), au départ sans armes mais décidés à combattre: renseignements, liaisons, aide en nourriture… cela en faisant attention aux «rapporteurs» qui commencent à pulluler.

Une première arrestation et l'enfermement dans un camp de regroupement (du côté de Tadmaït). Elle arrive à fuir. Courage et inconscience de la jeunesse ? Volonté de retrouver sa mère et son frère… et son «promis» ? Elle rejoint le groupe de maquisards. de nouveau , elle est capturée. de nouveau l'enfermement… dans un «centre de tri et de transit» (lieu d'interrogatoire militaire où les prisonniers peuvent être tués sans aucune trace d'enregistrement). Elle résiste et apprend beaucoup sur la lutte pour la liberté et les droits des femmes grâce à une autre détenue, une infirmière d'origine européenne, Suzanne, soutenant le combat pour la libération. Mais cette fois-ci, capturée en tenue de combat, elle risque gros. La torture… puis, au bout, la «corvée de bois». Elle arrive à y échapper (grâce à un jeune appelé «réfractaire» et qui a l'air d'être tombé sous le charme, en tout bien, tout honneur, de la prisonnière)… Elle se réfugie à Alger. L'indépendance enfin. Seuls sa mère et son frère ont échappé à la tourmente. Son promis est mort et l'amie européenne est introuvable. Mariée à un émigré, exilée, elle coule des jours paisibles… sans jamais raconter (totalement) les épreuves traversées. Sa fille, l'auteure, en revisitant tous les lieux, reconstitue une vie de (jeune) combattante qui estime n'avoir fait que son devoir de femme libre.
Avis - Un grand et immense chant d'admiration et d'amour d'une fille pour une (sa) mère Algérienne qui s'est construite, encore bien jeune, dans la guerre… et qui a élevé par la suite douze enfants sans jamais trop revenir sur un passé douloureux.
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Peu de récits sont consacrés au rôle et à l'engagement des femmes dans les guerres , dans les mouvements de libération .Celui de Nora Hamdi , La maquisarde , a des chances de faire bonne figure dans cette catégorie .Dans ce texte , les étapes de l'engagement de la mère de Nora Hamdi sont retracées , explicitées

.Nous sommes au début de la guerre d'Algérie en Kabylie, et Nora Hamdi situe d'emblée les injustices criantes dont sont victimes ce qu'on appelle alors les « indigènes » : « Comme la plupart des enfants de mon entourage, je ne suis jamais allée à l'école. Elle n'existe pas pour les enfants de la région (…) L'école est pour les enfants de colons .Pas pour les Algériens. »
Ce qui motive la mère de Nora Hamdi, c'est également l'exemple de Déhbia, cette femme connue par l'intermédiaire de sa soeur Esma .Ce qu'elle admire chez cette femme , c'est sa pratique du métier d'aide –soignante, qui lui permet d'aider secrètement les maquisards du FLN , c'est aussi son sacrifice conjugal car son époux a rejoint le maquis et ne peut donc donner de nouvelles…Après avoir connu les camps d'internement dont elle parvient à s'évader , le choix de cette femme est irrémédiable , elle affrontera tous les risques : « Beaucoup de familles ne supportent pas l'idée de voir leurs filles , femmes, mères, soeurs prendre les armes .Tous ont peur des terribles représailles .Celles qui s'engagent risquent le viol et la torture . »

Sans céder au manichéisme, qui confinerait les européens au rôle de méchants, cette mère admire Suzanne, qui sympathise avec la cause du peuple algérien, et connaît pour cela le traumatisme de la torture : »Puis le plus terrible .Les charges d'électrodes faisaient tressauter son coeur .Elle se souvient précisément de cette sensation entre la vie et la mort. »
L'engagement de sa mère la conduit à imaginer l'Algérie de l'après-guerre, à entrevoir le rôle nouveau des femmes dans la société, leur reconnaissance : « Les hommes n'oublieront pas notre combat .Nous aurons les mêmes droits qu'eux, nous serons libres et égales dans la constitution du nouveau gouvernement. (…) Je lui confie que depuis que j'ai goûté à la liberté, je suis certaine que pour les femmes, rien se sera jamais comme avant .On sera de celles qui redresseront le pays (…) Nous serons des femmes libres dans notre pays. »
On sait que cet idéal n'a pas été concrétisé dans l'Algérie indépendante ; pourtant, ce portrait d'une femme volontaire, farouchement déterminée emporte l'adhésion du lecteur .La structure du récit, articulé autour de quelques étapes telles que l'enfance, le constat des inégalités, la description de la répression exercée alors, le rôle des proches, évite l'écueil du didactisme, elle n'en est que plus convaincante. Ouvrage à découvrir.
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La maquisarde de Nora Hamid est un récit autobiographique romancé (c'est écrit à la première personne.) par lequel l'auteure rend hommage à sa mère et à toutes ces femmes, maquisardes, moudjahidates et martyres algériennes, mais aussi ces femmes françaises qui étaient là, auprès de ces femmes et de la cause algérienne.Le fait se déroule en 1956 en pleine révolution algérienne, Neïla, 16 ans, une jeune paysanne kabyle de Sidi Ali Bounab (je suis native de cette région et je vis toujours à Mirabeau Draa ben khedda aujourd'hui, pour vous dire ma surprise de découvrir ce personnage oublié par la grande histoire.) va rejoindre la lutte armée auprès de son frère et de son bien-aiméelle sera arrêtée et enfermée dans un camp de regroupement « centre de tri et de transit» à Tadmaït (actuellement un centre de formation professionnelle)elle aura comme compagnon de cellule une infirmière d'origine européenne, Suzanne, emprisonnée pour son soutient aux combat des algériens , une amitié sincère et profonde verra leur jour entre ces deux grandes femmes , elles connaîtrons la torture , l'humiliation et la privation des droits les plus Élémentaires (un huis clos intense, parfois dur et cru, violant) Neila y s'échappera grâce à un jeune appelé de l'armé française et trouvera refuge à Alger (la casbah)avec sa mère (une autre héroïne) à l'indépendance elle épousera un émigré , s'exilera avec son lourd fardeau que Nora Hamid sa fille dénouera en lui rendant hommage par ce récit et un film ,.Le texte est aéré, l'écriture est fluide et rend la lecture agréable. Si Nora Hamid voulait rendre hommage à sa mère et toutes ces femmes révolutionnaires qui avaient un grand rôle actif pendant la guerre elle soulèvera et soulignera l'omission délibérée de l'Algérie post indépendance à ce sacrifice, à cet atout majeur qui est la participation de la femme algérienne à tous les niveaux ; de la femme qui préparerait à manger aux soldats, à celle qui lavait, soignait, cachait les soldats du FLN ; à celles dans les maquis prenaient les armes à côté de son père, frère, fils, mari. Un autre combat nous attend à nous d'être fidèle au serment de nos mères et grands-mères.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
«Voir une femme privée de savoir et de liberté est la plus grande des souffrances»(p 139).
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«Chaque jour se passait ainsi.C’était notre façon de vivre. Celle des paysans dans la montagne. Ma vie était parfaitement régentée. Elle a radicalement changé au début de mon adolescence. De plus en plus d’Algériens se sont rebellés contre la colonisation qui nous a fait sombrer dans cette terrible misère».
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«Cette guerre fait partie de mon histoire personnelle. Celle de mes origines. Celle que je dois connaître pour vivre en paix» (p 136),
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Le sujet tabou de la guerre d'Algérie est comme une indigestion de l'Histoire» (p 137)
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J’avance dans la file de gens qui reviennent du pays de ma mère. L’Algérie.Connaître l’histoire de ma mère pendant la guerre d’Algérie a bouleversé ma vie à jamais».
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