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EAN : 9782207164556
181 pages
Denoël (01/10/2022)
4.55/5   10 notes
Résumé :
"Il était impossible d'avoir des réactions normales. Seuls nos souffles permettaient de savoir que nous étions encore vivants dans cet enfer. À l'intérieur de nous, tout était déjà mort."Pendant près de quatre ans, la ville de Raqqa fut la capitale du "califat" autoproclamé de Daech. Ses habitants, pris au piège, vécurent des atrocités que nul n'imagine. Sortis de l'enfer terroriste en 2017, ils demeurent marqués par une même douleur : celle de n'avoir jamais pu rac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
"L'Asphyxie - Raqqa, chronique d'une apocalypse" est un livre coécrit par Hussam Hammoud et Céline Martelet (qui n'est malheureusement pas nommée sur la fiche Babelio, ce que je trouve très injuste). Tous deux ont recueilli les témoignages des Raqqaouis, qui racontent leur quotidien dramatique après la libération du dictateur Assad. La ville tombe alors sous le joug de Daech dès 2013 pour devenir bien malgré elle "capitale du califat". Après des années d'horreur, elle devra subir les bombardements aveugles de la Coalition internationale, qui détruiront le peu qui restait, pour être enfin libérée.

La grande force de ce livre est de redonner la voix aux Syriens, plus précisément aux habitants de Raqqa, souvent confondus avec leurs bourreaux, jusque dans leur exil. En retrouvant la liberté de témoigner, ils sortent enfin de l'oppression muette à laquelle les condamnait Daech.
A travers leurs témoignages, on découvre aussi ce que fut Raqqa avant d'être ce tas de ruines que tout le monde a en tête. Elle a été une jolie ville "romantique" et sereine, remplie d'échoppes, pourvue de trois cinémas, de théâtres, d'universités et de librairies, habitée par des intellectuels, des musiciens et des gens qui trouvaient qu'il y faisait vraiment bon vivre.
Il n'en reste rien.
Certains vivent avec l'espoir d'une reconstruction, d'autres expriment la difficulté de l'exil, voire leur désespoir. Ainsi, Ammar dit : "Ils ont détruit ce que j'aimais par dessus tout, l'amitié et la simplicité. Ils ont détruit l'âme de Raqqa. Ils ont effacé de mon esprit la beauté. Ils nous ont détruit de l'intérieur".

Leurs mots sont livrés sans analyse, comme une matière première non trafiquée, avec une simple préface, une courte biographique des témoins et une chronologie rapide. Peut-on apprécier cet essai sans autre outil ? Oui, je trouve, car les voix des témoins sont puissantes à dire la terreur que faisait régner Daech, la confiscation inhumaine de tout ce qui faisait leur bonheur de vivre passé. Elles rejoignent tous les récits de déshumanisation à l'oeuvre dans les totalitarismes, boucle désespérante et déchirante.
J'aurais juste apprécié une organisation du livre un peu plus claire, avec les noms des témoins écrits au début et non à la fin du témoignage, un récapitulatif plus précis sur des faits comme le Printemps arabe ou le règne de Bachar al-Assad.
Ecouter le podcast passionnant de Céline Martelet "La cage: une Française dans le djihad", peut prolonger cette lecture pour ceux qui veulent approfondir le sujet.

Ce livre change bien des perceptions. Il force l'admiration devant le courage et la dignité dont ont fait preuve les Raqqaouis. Mention spéciale aux deux journalistes, Hussam Hammond, lui-même détenu et torturé par l'Etat islamique, et Céline Martelet, qui ont collecté toutes ces voix afin que le terrorisme, mieux compris, soit combattu avec plus de force. Remettre l'humain au premier plan est une amorce de solution.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs Pocket 2024.
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"L'asphyxie" est un récit bouleversant qui te plonge au coeur de la ville de Raqqa pendant l'occupation de Daesh. Les auteurs, Hussam Hammoud et Cécile Martelet, nous racontent le calvaire vécu par les habitants de cette ville syrienne, privés de leur liberté et de leur dignité pendant de longues années.

Le livre dépeint un tableau effroyable de la vie sous le régime de Daesh, où la terreur et la violence étaient monnaie courante. Les habitants de Raqqa étaient constamment surveillés, oppressés et réprimés par les membres de l'organisation terroriste. Les femmes étaient contraintes de se voiler entièrement, les hommes étaient forcés de se conformer aux règles strictes imposées par Daesh, sous peine de graves représailles.

Les auteurs nous décrivent également les conditions de vie difficiles et les souffrances endurées par la population de Raqqa, contrainte de vivre dans la peur et le silence. Les habitants étaient privés de leur liberté d'expression, de leur droit de circuler librement, et étaient soumis à de nombreuses exactions de la part des membres de Daesh.

Pourtant, malgré ces années sombres, les habitants de Raqqa ont trouvé la force de survivre et de témoigner. Aujourd'hui, alors que la ville est en ruine et que l'occupation de Daesh est terminée, les habitants reprennent enfin leur voix et racontent leur histoire.

Ce livre est un acte de résilience et de courage, une tentative de rendre justice aux victimes en leur redonnant leur voix et leur dignité. Les témoignages recueillis dans "L'asphyxie" sont d'une grande importance, car ils permettent de rappeler au monde l'ampleur des horreurs commises par Daech et la nécessité de ne pas oublier les souffrances endurées par les habitants de Raqqa.

"L'asphyxie" nous offre un témoignage poignant et nécessaire sur les horreurs vécues par la population de Raqqa sous le joug de Daesh. Il nous rappelle l'importance de la liberté, de la dignité humaine et du droit à la parole. Ce livre nous invite à écouter et à reconnaître la souffrance des victimes des conflits armés, et à ne jamais oublier les atrocités commises au nom de l'extrémisme et de la terreur.
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Une lecture bouleversante ! On ne connaît ici de la guerre que ce que nous en montre la télévision, des images horribles mais fugaces, comme désincarnées. Les corps allongés au sol, les enfants qui pleurent, les personnes qui fuient... Tout semble lointain, presque irréel, car ces visages et ces gens nous sont inconnus et les médias les déshumanisent. La force de ce livre, c'est justement de nous rappeler l'humain derrière l'horreur : à Raqqa, ce sont des hommes et des femmes, avec leurs rêves et leurs convictions, leurs familles et leurs amis, qui ont été confrontés aux pires circonstances imaginables. En apprenant à les connaître, en lisant leurs doutes et leurs peurs ainsi que leurs espoirs pour l'avenir, on prend la juste mesure des épreuves traversées.

Je ne peux que recommander ce livre à tous.tes, tellement il est prenant d'humanité et de franchise ! Si les évènements décrits sont difficiles, si la lecture s'avère dure, raison de plus : confrontons-nous à la réalité toute nue !
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Je regarde ma bibliothèque et je souris. Je pense : ce n'est qu'une petite centaine de livres, un peu de carton, de papier et d'encre. Je n'ai aucun livre inestimable ni même en un seul exemplaire et pourtant ce sont pour moi de précieux compagnons. J'imagine ce que je ressentirais si une milice débarquait chez moi et brûlait tout ?
Je marche dans la rue et je sens sur mes joues la douceur du soleil. Comment penser qu'une chose aussi simple me soit interdite ?
Cependant il ne s'agit pas d'être musulmans pour vouloir imposer par la force sa volonté et sa vérité. Cette hydre faite de cruauté, d'hubris et de délation se retrouve dans toutes les dictatures sous toutes les latitudes et en tout temps. C'est la négation absolue de l'altérité et l'apologie du même. Il n'y a plus de règles, elles peuvent changer à chaque instant, ni de logique rien que de la terreur et de l'hypervigilance pour ne pas être pris en faute. Il ne reste que l'impuissance et la haine. Malgré l'horreur qui y est décrite, ce petit livre (180 pages) se lit facilement mais pas sans larmes. C'est une succession de témoignages écrits à la première personne aussi édifiants qu'émouvants. Un éclairage saisissant sur l'histoire contemporaine. le simple fait de lire ce livre est déjà un défi à leur autoritarisme et que dire alors de l'écrire !
Merci à ces deux auteurs (je précise bien à ces deux auteurs car seul Hussam Hammoud est indiqué dans la fiche de Babelio en oubliant Céline Martelet) pour ce partage de l'inoubliable qui me permettent d'aller un peu plus loin que mon écran de télévision et l'on comprend bien évidemment pourquoi les dictatures s'en prennent aux livres avec cette virulence.

« Ce qui a eu lieu est une abomination qu'aucune prière, aucun pardon, aucune expiation, rien de ce que l'homme a le pouvoir de faire ne pourra jamais réparer. »
Primo Levi, Si c'est un homme.
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Au printemps 2013, la ville de Raqqa, en Syrie, sort enfin de la dictature imposée par Bachar al-Assad. Une libération tant attendue qui sera de très courte durée. En effet, Daech prend le contrôle de la ville et, pendant quatre ans, la nommera « capitale de l'État islamique ».

La mort à tous les coins de rue, le silence, la torture, la destruction. C'est l'enfer que vivent les Raqqaouis au quotidien. Les bombardements de la coalition internationale finissent le travail : l'État islamique n'est plus là, tout comme 80 % de la ville. Aujourd'hui les rescapés témoignent.

Difficile d'appeler ce livre un coup de coeur, c'est plutôt un coup au coeur, un uppercut d'une intensité telle que j'en ai rarement lu. Chaque personne témoignant dans ce livre décrit des scènes épouvantables et s'interrogent : comment des hommes et des femmes peuvent-il faire preuve de tant de haine ? Pourquoi la coalition internationale a-t-elle visé des civils ?

Cette lecture est éprouvante, mais nécessaire. Parce que leur voix doivent être écoutées, parce qu'on ne peut pas fermer les yeux, parce qu'on ne doit jamais oublier. Vous l'aurez compris, on ne ressort pas indemne de cette lecture et c'est tant mieux.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Vous voulez savoir ce que Daech a fait de mon musée ? Je ne l'oublierai jamais : cette salle où nous sommes ici, ils l'ont transformée en snack. Ils faisaient des grillades ici. D'autres ont été louées à un réparateur de réfrigérateurs et de machines à laver.
Je suis venu un jour, en 2015, voir à quoi cela ressemblait. La salle était pleine de fumée. Ça sentait la viande grillée. Ils faisaient cuire leurs brochettes sous les mosaïques byzantines. Elles sont devenues noires. Tout a été noirci par la fumée. Les hommes de Daech, des étrangers pour la plupart, avaient installé des chaises et de grandes tables pour leurs clients. Deux djihadistes étaient assis sur un tombeau antique. Ils l'avaient retourné pour en faire un banc. […]
C'était un désastre. Vous auriez vu cela, vous auriez pleuré avec moi.
Regardez cette mosaïque. Vous voyez, on l'a nettoyée et rénovée, mais il n'en reste presque rien. On l'appelait "La Gazelle qui danse". Cette œuvre les a apparemment agacés plus que les autres. Ils se sont acharnés dessus avec un marteau, et probablement un burin, pour desceller les tesselles. Et puis ils l'ont aspergée de peinture noire. Ils ont recouvert les formes de la gazelle parce que ces hommes de Daech disent qu'en islam il est interdit de représenter des corps. Mais c'est faux, bien sûr… Cette façon de penser, toutes ces règles, cette terreur, ce sont les membres de Daech qui les ont apportées à Raqqa. Leur volonté était claire ici : anéantir notre héritage, ne rien nous laisser. En détruisant ce musée, ils n'ont pas seulement effacé un lieu, ils ont effacé les traces de notre histoire.
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