AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782825802564
119 pages
Ides et Calendes (21/05/2015)
5/5   2 notes
Résumé :
Figure majeure de la peinture française après la Seconde Guerre, Geneviève Asse a bâti son œuvre à l’écart des modes. Peintre de la lumière et de l’espace révélés par sa Bretagne natale, elle adopte le bleu, couleur emblématique de sa palette. Elle décline depuis plus de soixante ans le « bleu Asse » qui « prend tout ce qui passe », et joue d’une infinité de valeurs dans ses vues maritimes inspirées par la presqu’île familière de Rhuys et l’Ile aux Moines où elle ac... >Voir plus
Que lire après Geneviève AsseVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Détour par un petit format de grande qualité, aux éditions Ides et Calendes, pour découvrir une artiste discrète, Geneviève Asse, née à Vannes en 1923, vivant son art à l'écart des polémiques et des débats ; Enfance passée dans les lumières du golfe du Morbihan, dont sa peinture restitue aussi la magie ("La côte sauvage", 1962 ; « Rhuys II, 1989). Formée à l'Ecole des arts décoratifs pendant la guerre puis nouant déjà de premières amitiés littéraires et artistiques avec Samuel Beckett, les frères Van Velde, Nicolas de Staël, Olivier Debré ou Poliakoff, elle commence à exposer à la fin des années quarante, années difficiles. Peu ou pas de figures, des boîtes, des murs, le dénuement d'espaces intérieurs (« Murs gris, 1946 ; « l'atelier », 1948 ; « Les boîtes bleues », 1948). Une limpidité de touche qui n'est pas sans évoquer la fresque murale quattrocentiste.

Le texte de Lydia Harambourg, illustré de superbes reproductions, organise une mise en perspective très savante entre l'oeuvre de l'artiste et sa biographie, où se joue, dans la diversité créatrice des expériences de cette dernière, la tension secrète qui l'a menée, de ses premières natures mortes d'après-guerre, à de plus invisibles structures soumises aux lignes, aux plans ou à la couleur, le blanc puis le bleu essentiellement, vers 1980. Une montée de la lumière. Geneviève Asse peint « Passage du bleu » en 1977, mais « Quadrille », une huile sur toile de 2009 (illustration de couverture), offre en première impression au lecteur, la synthèse d'une telle évolution. Comme si la vérité physique des objets ordinaires, ainsi que le suggère Lydia Harambourg, lui avait indiqué le lieu d'espaces où se puisse lire l'infini.

Geneviève Asse a par ailleurs exercé son talent - outre dans le textile - dans le vitrail (12 vitraux pour la cathédrale de Saint Dié, 1988) et le besoin de transparence recherché dans sa peinture (lire « Un été avec Geneviève Asse », Silvia Baron Supervielle, 1996) a aussi trouvé, chez elle, un terrain de prédilection dans le livre et l'estampe. Elle a gravé au burin, à la pointe sèche, réalisé aquatintes et lithographies pour Pierre Lecuire, Silvia Baron Supervielle, André Frénaud, André du Bouchet, Yves Bonnefoy, mais aussi pour Beckett, Charles Juliet. Son œuvre peint, comme son oeuvre gravé, qui semble « hors du temps et détaché des contingences », s'inscrit dans le refus des effets et de toute ostentation. La dame à l'air particulièrement sereine, photographiée en 2012 dans son atelier de la rue Ricaut (p. 78), non loin de ses pinceaux trempés de bleu (p. 114). Même son regard est bleu.

« Dans le raffinement subtil des bleus, des gris et des blancs sur lequel le ton se concentre, Geneviève Asse montre qu'elle suit la voie infaillible de la grande tradition de l'humilité picturale dont les maîtres sont Chardin et Corot, rejoints par Morandi. Avec eux, elle partage une légitimité du sublime, et une calme poésie. » (p. 45).

Commenter  J’apprécie          117
Artiste majeure de l'abstraction contemporaine, Geneviève Asse a collaboré, tout au long de sa carrière de peintre, avec des auteurs, éditeurs et des relieurs. Ces rencontres et amitiés ont notamment abouti à la création de livres de dialogues parmi lesquels Silvia Baron Supervielle, Samuel Beckett, André Du Bouchet, Pierre Lecuire, ou encore Francis Ponge. En effet, chaque ouvrage est l'occasion d'un échange entre les mots et l'art de Geneviève Asse. Plus que des expériences anecdotiques, ils constituent des étapes décisives de son parcours.
Geneviève Asse dit avoir été initiée au livre, enfant, par la lecture mais c'est visiblement l'amour de l'objet qui a nourri sa force créatrice. Comme gage de cet amour, il y a ses carnets peints, gravés, mis en page, mais aussi, ses reliures d'art, sobres, dépouillées, parfaitement exécutées des mains de Monique Mathieu. Ces livres de peintre donnent à voir entre les pages la lumière et les couleurs que l'artiste couche aussi sur des toiles grands formats. La transparence des objets, la lumière de la Bretagne, les couleurs, bleu, rouge, blanc, les lignes des gravures et une liberté farouche, du format, du choix des collaborateurs.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
De nature indéfinissable, engendrant sa propre réalité, le bleu est pluriel. Il traverse l'histoire des civilisations, associé à certains mythes, de l'Egypte à Byzance qui invente le mot azur, ignoré de la Grèce, désespérant Novalis et Hölderlin, chanté par Baudelaire et Mallarmé, le bleu emblématique du vitrail gothique a pris son essor dès la fin du Moyen-âge lorsqu'il se substitue à l'or de Byzance pour symboliser la Jérusalem céleste, et identifier la virginité de la Vierge Marie par son manteau bleu. Couleur déclarée "noble et belle, et plus parfaite qu'aucune autre" par le théoricien Cennino Cennini, le bleu est choisi par Fra Angelico et Giotto pour célébrer le monde divin. C'est le bleu céleste, "Douce couleur de saphir oriental" qui éblouit Dante, lorsqu'il remonte des Enfers. Il traverse toute la peinture française de Poussin à Matisse. Il subjugue Miro. (p. 64)
Commenter  J’apprécie          163

Video de Lydia Harambourg (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lydia Harambourg
Hambourg et moi.
autres livres classés : histoire de l'artVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (4) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1084 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}