AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070138111
288 pages
Gallimard (20/09/2012)
4/5   2 notes
Résumé :
Le 7 septembre 1914, sept réservistes appartenant au 327e régiment d'infanterie sont fusillés « pour l'exemple » sur ordre du général Boutegourd. L'un d'eux, François Waterlot, 27 ans, n'est pas touché mais feint de s'écrouler. Placé à une extrémité de la rangée, il est de nouveau épargné par le coup de grâce, commencé de l'autre côté. Laissé pour mort, le « fusillé » se relève et rejoint son régiment où, après avoir été gracié, il reprend le combat. Il périt au fro... >Voir plus
Que lire après Fusillé vivant: L'histoire fabuleuse de François Waterlot, ouvrier des mines, exécuté pour l'exemple en 1914, survivant, mort au combatVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'histoire fabuleuse d'un employé en surface des mines du Pas-de-Calais avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, exécuté pour l'exemple en septembre 1914. Survivant des tirs du peloton d'exécution il est mort au combat dix mois plus tard. Odette Hardy-Hemery aborde le cas des fusillés pour l'exemple de la Grande Guerre dans une nouvelle perspective en s'appuyant sur une large documentation.
Commenter  J’apprécie          150

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le lecteur réalisera combien les exécutions peuvent être aléatoires.
Waterlot et ses compagnons n’ont pas failli lors des combats de fin
août en Belgique ni lors de la retraite vers la Marne ; tous sont de
parfaits soldats citoyens. Pourquoi a-t-il fallu que, au milieu de la
funeste nuit du 6 au 7 septembre 1914, la vindicte d’un général tombe
sur eux, les plus appréciés, les plus confiants ? Un huitième réserviste
se retrouve dans le lot des infortunés ; méfiant, il s’esquive à temps.
Contrairement à une opinion répandue, c’est au début de la
guerre, en 1914 et en 1915, et non à la fi n que les fusillés sont les
plus nombreux. Vincent Suard est le premier historien à l’avoir établi,
révisant les chiffres donnés par Guy Pedroncini, qui plaçait le
maximum d’exécutions lors de la répression des mutineries entre mai
et juillet 1917. La moyenne mensuelle des fusillés français est d’environ
vingt-cinq en 1915 contre cinquante de septembre à la fin de décembre 1914. Pour Vincent Suard les « cas de fusillés par erreur
sont célèbres mais limités. Ils ne constituent qu’une infime partie du
total ». Selon lui, on compte au moins un fusillé par division et seize
par armée en moyenne pour octobre 1914. Ce mois regroupe le plus
grand nombre d’exécutions : si cinquante-cinq cas sont certains, le
nombre réel est d’une centaine, explique l’historien. De telles marges
montrent combien les incertitudes sont grandes.
Commenter  J’apprécie          80
Au bout du pont il y avait des officiers et des carabiniers, debout de chaque côté, munis de lampes électriques [...]. Les officiers dévisageaient chaque homme de la colonne [...] ils firent sortir quelqu'un juste au moment où nous passions [...] c'était un lieutenant-colonel [...] il avait les cheveux gris [...] le carabinier le poussa derrière la rangée d'officiers [...] puis, l'un d'eux me désigna du doigt et parla à un carabinier. Je vis le carabinier s'avancer vers moi. Il se fraya un passage au milieu des fuyards, et je me sentis pris au collet [...] ils faisaient partie de la police des armées [...] les deux qui m'avaient appréhendé me poussèrent dans le groupe qui allait être interrogé [...] les juges avaient tout le zèle, le flegme, le sang-froid d'Italiens qui tuent sans risquer d'être tués [...].

"Si vous voulez me fusiller, dit le lieutenant-colonel, veuillez me fusiller tout de suite [...] l'interrogatoire est idiot."

Les officiers se consultèrent. L'un d'eux écrivit quelque chose sur une main de papier. "Abandon de troupes. Condamné à être fusillé", dit-il. Deux carabiniers conduisirent le lieutenant-colonel sur le bord du fleuve [...] je ne le vis pas fusiller, mais j'entendis les détonations. Ils en interrogeaient un autre. C'était également un officier qui s'était trouvé séparé de ses troupes [...] quand on le fusilla, ils en interrogeaient déjà un autre [...] ils exécutaient tous les officiers supérieurs qui avaient été séparés de leurs troupes [...] jusqu'alors ils avaient exécuté tous ceux qu'ils avaient interrogés. Les juges avaient ce beau détachement, cette dévotion à la stricte justice d'hommes qui dispensent la mort sans y être eux-mêmes exposés. Ils étaient en train de questionner un colonel d'infanterie de ligne [...] je bousculai deux hommes, et tête baissée, je m'élançai vers le fleuve.



Pages 214-217 du livre L'adieu aux armes de Ernest Hemingway

Extrait cité à la page 204 du livre Fusillé vivant
Commenter  J’apprécie          30
Dans un suprême réflexe de survie, dès la première salve, le soldat
se laisse tomber : il n’est pas atteint. En quelques minutes, l’incroyable
survient : placé à l’extrémité droite de la rangée, il est de nouveau
épargné par le coup de grâce, commencé à gauche, puis inachevé.
Quand on se trouve devant un peloton d’exécution, le mieux, si l’on
peut dire, est de se mettre à une extrémité : ce choix laisse une chance
sur deux d’échapper aux balles.
Laissé pour mort, le « fusillé » se relève plus tard. Rejoignant son
régiment et gracié, il reprend le combat. Nous ne connaissons pas un
tel fait dans les nombreux travaux d’historiens traitant des fusillés.
François Waterlot est donc un miraculé, un survivant : il a conscience
de la situation insolite dans laquelle il se trouve : « C’est un revenant
qui t’écrit », note-t-il à l’un de ses correspondants.
Loin d’être anecdotique, le cas personnel de Waterlot est à la fois
unique et représentatif : avant notre recherche, qui connaissait cet
obscur 2e classe, originaire du Pas-de-Calais, ouvrier d’entretien aux
mines, un anonyme parmi les millions d’anonymes jetés dans la guerre en août 1914 ? Le soldat Waterlot est cependant une figure
fantastique : lui seul peut dire ce qu’est une exécution.
Commenter  J’apprécie          50
Les lettres que nous analysons renvoient à l’existence passée du
narrateur que nous avons jugé nécessaire d’explorer en utilisant de
multiples sources. Pour compléter cette reconstitution, nous avons
recherché et retrouvé les familles des victimes ; toutes ont collaboré
à notre travail, nous communiquant photographies, objets, archives
personnelles, nous transmettant ce qu’elles savaient du vécu familial
après l’exécution du père ou de l’époux. Recueillir ces témoignages,
parcourir les lieux nous a permis de nous imprégner du sujet.
Commenter  J’apprécie          90
François Waterlot, quant à lui, se déclare maçon dans son livret de famille, en
1912, et lors de son mariage avec Élise Corroyez la même année.
Dans un acte de location daté de 1911, il est dit magasinier aux mines
de Courrières, c’est-à-dire ouvrier du jour . C’est cette même
profession que lui attribue "Le Télégramme du Nord", le 7 octobre 19213,
invitant la population de Montigny à sa réinhumation le 9 octobre.
Nous nous heurtons aux difficultés inhérentes à l’énoncé des professions
par les intéressés eux-mêmes. Il est probable que François
Waterlot ait occupé successivement ou de façon alternative ces deux
emplois.
Commenter  J’apprécie          60

Lire un extrait
autres livres classés : première guerre mondialeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Autres livres de Odette Hardy-Hémery (1) Voir plus

Lecteurs (16) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3196 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}