Myriam Harry est née en 1869 à Jérusalem et y a grandi jusqu'à la mort tragique de son père en 1884. C'est cette enfance insouciante et hors norme qu'elle nous raconte dans ce premier livre de sa série autobiographique, où elle met en scène son personnage Siona.
Elle y mène une vie très libre, sous l'influence de son père, passionné d'archéologie biblique et propriétaire d'un magasin d'antiquité-librairie qui enchante ses premières années. Ce dernier est à la fois une véritable caverne d'Ali baba et un lieu de rencontres de tous les coins du monde.
Au grand désespoir de sa mère fidèle à l'austère religion protestante, Myriam se laisse charmer par l'atmosphère sainte de la ville imprégnée par de multiples cultes religieux, mais sans jamais éprouver autre chose que de la curiosité, ressentir une grande soif de connaissance et en tirer un sentiment de grande relativité en matière de croyances religieuses. Elle parle très tôt plusieurs langues, mais pas encore le français, déménage plusieurs fois avec sa famille, vagabonde aux bras de sa nourrice, puis à cheval avec son père dans l'arrière pays dont elle nous fait partager le charme aride.
De son éducation éclectique, des contes de sa nourrice, des blessures de ses premiers amours, du couple mal assorti que forment ses parents, une mère pieuse et un père passionné, enfin de la douleur de la perte brutale de ce père adoré, elle a forgé une personnalité attachante et une destinée de femme écrivain et journaliste qui a marqué son époque. On ne peut que regretter qu'elle soit tombée dans l'oubli...mais on peut encore découvrir son oeuvre atypique avec un peu de persévérance ! Je l'ai lu dans la belle édition illustrée du Livre de demain de Fayard qui date de 1925.