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EAN : 9782021424973
208 pages
Seuil (02/01/2020)
2.94/5   25 notes
Résumé :
Dans un coin de campagne perdu, une jeune femme lutte contre ses démons : l’ennui des jours, le tourment des nuits, le sentiment d’aliénation – à soi-même et au monde –, les pulsions de désir et de violence qui sans cesse l’assaillent et viennent peu à peu fissurer le tableau d’une vie domestique en apparence sans histoires. On la trouve instable, ingérable ; on l’appelle l’étrangère ; l’hystérique ; la folle. Et de fait, la folie est là, tapie dans les ombres du qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Brunes ou blondes, elles s'ouvrent à moi, mystérieuses et vaporeuses. Je parle de bières, je parle de femmes. Enfoncée dans le tréfonds de la pampa, une belle argentine – ô pléonasme, toutes les argentines doivent être sublimes – une bouteille de bière coincée entre ses cuisses nues et chaudes – et caramélisées, la condensation de la bouteille coulant sur ses poils pubiens, blonds ou bruns. Elle pense. J'essaie de la pénétrer, son âme, sa beauté mystérieuse. Ses pensées intérieures filent, à vive allure, défilent comme le va-et-vient de ma bite dans sa chatte baveuse. Ses cuisses ouvertes s'offrent à l'intimité de mon moi. Son soi, elle n'y pense que trop. Elle se sent prisonnière. de son homme, ce genre d'homme qu'on qualifie de « mon amour » dans l'intimité d'un canapé. Crève, mon amour, même, pense-t-elle furieusement. Prisonnière de son bébé. Prisonnière de sa vie, dans cet endroit reculé de l'Argentine, tragédie de sa vie.

De quoi rêve-t-elle, cette femme dans son long monologue intérieur. D'une autre vie, de son voisin, de la bite de son homme qui lui martèle le cul, la sueur aigre dégoulinant sur les draps.

Dirais-je que la folie la guette ? Elle n'est pas loin, dans l'ombre de sa tête. Elle tourne et se retourne dans la chaleur de la pampa, dans la solitude d'une vie, avec son homme et son mioche. Ce n'est pas sa vie, baby-blues. Ses pensées peuvent paraître brouillonnes, comme si elle écrivait intérieurement un premier roman, d'ailleurs c'est justement un premier roman de la toute jeune auteure argentine Ariana Harwicz. Il faut s'accrocher à son cheminement intérieur, inclassable même, difficile à suivre sans parfois se sentir perdu, quel chemin prendre, pourtant je plonge dedans, comme dans la gueule d'un caïman grand ouverte et me laisse avaler par la prose furieuse et psychédélique de cette femme. C'est une littérature dans le genre rarement lue, j'écarte ses cuisses, une violence sexuelle intrinsèque, je lui lèche l'intérieur, des émotions à fleur de peau, je laisse glisser ma langue, à fleur de sang, ma langue s'enfonce, crève, mon amour.
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Quelle lecture et quelle naration plus que décousue dans ce livre, alors certes la quatrième de couverture nous indique que nous allons suivre une jeune femme complètement névrosé mais je ne m'attendais tout de même pas à ce genre de récit .

Nous sommes dans les bois et j'avoue que c'est un thème un peu à la mode en ce moment et cela commence un peu a être redondant à mes yeux. Nous suivons ici une jeune femme qui est tout juste maman et qui semble avoir beaucoup de mal a gérer son bébé .

Je comprends ce que l'auteur a voulu faire mais il est difficile de comprendre ou de suivre cette protagniste dont la narration est plus que décousue et au final nous avons l'impression en refermant ce livre de ne pas avoir compris grand chose à sa vie.

Cela ne prend pas un long moment de lecture avec ses 202 pages cependant le parcetamol est à prendre par la suite.

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Mais qu'est-ce donc que ce « roman » ?!! Il faut qu'on m'explique le but de ce récit, là ! Si au début, j'ai cru comprendre l'histoire que raconte cette narratrice (notez que j'ai cru comprendre avoir affaire avec un narrateur à un moment…), à savoir une mère déjantée qui ne supporte plus son bébé au prétexte qu'il pleure tout le temps ; j'ai complètement décroché au fur et à mesure des chapitres.
Les phrases n'ont ni queue ni tête. Ajoutez à cela l'utilisation, excessive à mon goût, de grossièretés à foison et vous comprendrez ma lassitude, mon écoeurement.
Oui, j'avoue, j'ai terminé la lecture de ce livre que j'ai vraiment du mal à qualifier de roman, en le lisant en diagonale.
Ce que j'en ai compris ? Une femme oisive qui se plaint de son bébé, de son compagnon, qui passe son temps allongée dans l'herbe, qui apprend aussi à conduire occasionnellement, qui se rappelle de son beau-père plutôt particulier. Ah oui, elle tue le chiot aussi ; seul moment dans ces 203 pages où elle m'a semblé lucide.
Bref, pour moi, c'est ce que j'appelle une « lecture catastrophique ».
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Je remercie Babélio et les éditions Seuil pour l'envoi de ce roman.

Nous suivons le quotidien d'une femme instable, ingérable que la folie semble prendre sous son aile pour ne plus la lâcher. Nous l'accompagnons dans ses tourments, dans cette vie trop étriqué pour elle.

J'ai été totalement déboussolé par ce roman. Je m'attendais à lire plus ou moins un journal intime rempli d'humour noire, grinçant, de pensées intimes d'une femme qui hurle de l'intérieur, ne supportant plus son quotidien.

Je pensais prendre mon pied avec ce premier roman d'Ariana Harwicz, mais ça n'a pas été le cas. le début m'a pourtant emballé. J'ai été séduite par son écriture totalement hors norme, mais plus j'avançais dans le roman, moins je comprenais ce qui s'y passait réellement.
C'est devenu de plus en plus fouillis dans ma tête, sans doute autant que dans la tête de l'héroïne de cette histoire. Si l'auteure a voulu nous faire entrevoir les pensées et ressenti de l'intérieur d'une femme cinglé complètement à côté de ses pompes, c'est réussit. Mais ça rend l'histoire incompréhensible. Trop de phrases sans queue ni tête.

La fin ne m'a pas emballé non plus. Je suis peut-être passé totalement à côté, peut-être que ce roman sera votre coup de coeur, mais pour moi à peine finit, aussitôt oublié
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Cette histoire n'est pas pour tout le monde. Il faut s'accrocher et savoir que c'est un long monologue intérieur, qui parfois s'éclaire bizarrement.

C'est vulgaire, triste, glauque, sombre, violent. Les pensées décousues et morbides dans la tête d'une jeune femme qui ne se sent pas mère. Qui a des souvenirs qui refont surface inopinément alors qu'elle a oublié sa journée de la veille. Une obsession pour le sexe très certainement exposée pour se sortir de cette image de mère "parfaite" qu'elle devrait être...Des passages à vide. Des moments où elle n'est plus elle même, jusqu'à ce qu'on soit nous mêmes dans la tête d'un autre. Et de très forts moments où elle a juste envie de tout laisser tomber.

On est déboussolés par le style d'écriture et le peu d'événements qui se deroulent, pourtant je n'ai pas su lâcher cette livre, car l'histoire se déroulait d'elle même comme un film qu'on ne peut arrêter. Des moments très glauques qui m'ont beaucoup fait tiquer (T.W cruauté animale, viol, sexe violent, négligence parentale...) mais ajoutent à la noirceur de notre personnage principal.

Je ne sais pas si elle est un vrai cas "clinique", car je le suis pas une professionnelle de la santé, mais derrière son apparente "folie", on sent au fond l'expression du baby-blues, une lassitude dans son couple, l'envie d'aller voir ailleurs, d'ètre femme avant d'être mère, l'impression que sa vie ne lui appartient pas.

Elle ne sait plus qui elle est, et malgré sa relation un peu étrange avec son mari, c'est lui qui va lui mettre le nez dedans en la faisant interner. Mais peut-être pas au bon endroit ? C'est même elle qui nous le dit, à demi mot, en faisant un point à un moment où tout est un peu plus clair. Une impression de mieux très en surface, une fête organisée et soudain, le retour à la réalité. C'est trop. Trop pour elle, trop pour eux. Que faire ?

J'ai apprécié ma lecture même si c'est frustrant. J'ai apprécié malgré la violence de certains mots, de certaines scènes, le changement de point de vue et de langage. Malgré l'envie parfois de reposer le livre et de dire..."c'est n'importe quoi". Mais tout y est bien plus profond, plus complexe, plus compliqué.

Une lecture qui ne laisse pas indifférent, ça, c'est certain.

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critiques presse (1)
LeMonde
20 janvier 2020
Inclassable, écrit sous la forme d’un flux de conscience où se mêlent le récit d’une vie conjugale mise à mal par l’irruption d’un bébé et les visions, fantastiques ou cauchemardesques, de la narratrice, Crève, mon amour peint les troubles mentaux qui altèrent la vie de la jeune femme, ainsi que ses relations de plus en plus conflictuelles avec son entourage.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
A chaque fois que mon mari me baise je cligne des yeux et c’est comme si on abattait un arbre. Comme des coups de hache. Je mange d’une main et la graisse dégouline. Je parle fort, je bave, mais on me baise quand même, je suis toujours appétissante. Contre le mur, tu aimes ça, dit-il, lascif. Menottée, comme tu l’as demandé. Je ne le reconnais pas. On dirait qu’il a pris des notes. Il me baise et mes yeux explosent à plusieurs reprises. L’exorciste. Je reste aveugle. Une pierre contre le front. Il me baise, il me baise et tout s’effondre, les objets tombent et se fracassent. Les petites tasses en porcelaine de la grand-mère. Les images encadrées rapportées d’Italie. Ma maison est un dépôt de verre. Mon fémur me fait mal. Je ne dis rien. Pour une fois j’entre dans son jeu. Le petit mari fort en tautologies s’est dégourdi. Le rapace s’est réveillé. Je me noie sans résistance dans ses fluides. Il dit même pute. Il le dit et sa bouche s’emplit d’une eau rageuse. De l’eau polluée. Ce ne sont pas ses mots. Loué soit le Seigneur. Il a appris, a-t-il observé l’autre ? Mais ça ne me sert plus à rien. J’essaie de lui appartenir. Je lui donne mon cuir chevelu. Prends. Je lui donne mon cerveau. Je lui donne ma peau tendue. Pince-la. Je lui donne mes cils, je me fiche de les perdre. Que mes yeux s’assèchent en un clignotement. Je m’offre. Sers-toi. Tiens. Goûte. Je veux être son épouse mais je le regarde, étonnée comme une inconnue. Une femme qui fait la sieste et se fait agresser par une ombre. […] C’est fini. Je le laisse me toucher encore. On est tout baveux. Maintenant viennent l’étreinte et le baiser humide. Maintenant vient le harcèlement de l’amour. Je veux me fondre…
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On a de l'essence pour aller jusqu'en Sibérie, aller-retour dans la neige sale tassée sur les bas-côtés. Le roman commence ainsi. Le personnage féminin assis à l'arrière est emmené loin. Elle semble soumise, avec son short et ses cheveux relevés, presque comme une collégienne, mais en vérité les chiens fuient à son approche et elle a les yeux blessés par balle. Mais en vérité elle voit les arbres tourner en accéléré à cause des mouvements de la voiture. Ils s'imbriquent, s'entrelacent, ne font qu'un. Ce ne sont pas des arbres mais un sentiment exalté, la bouche perdue, en manque. En haut, sous la terre, partout dans les airs. Quelque chose manque. Les regards de mes hommes sont des coups de pied dans les côtes, tous deux chantent Love, love me, say that you love me, je couvre leur voix avec Mozart, divertimento de Ré majeur, K 334.
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Malgré toute la violence sexuelle et mes envies de repaître d’elle, de l’aspirer, je n’ai pas bougé. Elle non plus. Je dirais que nous nous sommes connus à ce moment-là, parmi les ombres. C’est là que nous nous sommes raconté la tragédie de nos vies. Là que nous avons parlé du passé en nous demandant ce que nous faisions dans ce puisard, ce nid de bestioles et ce qui nous pousse à nous échapper en pleine nuit. Elle m’a dit prends un couteau et coupe-toi la bouche, et j’ai obéi tandis qu’elle rentrait au galop dans la maison et que sans me retourner elle me regardait saigner.
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Et il était sorti du lit étroit au milieu de la nuit alors que j’étais encore nue. Il m’avait laissé une note sans lyrisme. Le début de l’effroi à l’état brut. Quelques heures auparavant nous avions lévité, mais que vaut la nuit d’avant le jour d’après ? J’ai bondi hors du petit lit, la bouche à vif. En bas, personne, ils étaient tous les trois allés faire des courses. Combien de va-et-vient en moi, l’air du grenier devenu miel ? Combien de fois le désir avait-il frôlé l’insupportable, la bouche d’un caïman ouverte aussi grand que possible ? Charriée par le fleuve, j’étais une branche sèche. J’ai pédalé jusque chez moi sur vingt kilomètres en ayant envie de vomir. J’ai pédalé, pédalé sans me séparer de son goût dans ma salive.
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Mon mari m’appelle pour qu’on se prenne une petite bière sous la pergola. Blonde ou brune ? Apparemment le bébé a chié et je dois aller acheter un gâteau pour fêter ses 6 mois. Je parie que les autres mères font leur gâteau elles-mêmes. Six mois il parait que c’est pas comme cinq ou sept. Chaque fois que je pose les yeux sur lui il me rappelle mon mari derrière moi qui a failli m’en foutre plein le dos avant d’avoir l’idée de me retourner et de me pénétrer à la dernière seconde. S’il ne l’avait pas fait, si j’avais serré les cuisses, si je lui avais empoigné la bite, je ne serais pas obligé d’aller à la boulangerie pour acheter un gâteau à la crème ou au chocolat avec ses petites bougies, une demi-année déjà.
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Videos de Ariana Harwicz (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ariana Harwicz
LES MOTS FORCÉMENT TUS D'UNE MÈRE
L'argentine Ariana Harwicz a écrit "Matate, amor" en 2012 et en porteño (l'espagnol de Buenos Aires). Un premier livre écrit en cachette dans un hameau - c'est son mot ! - français (de onze habitants et trois chiens) où elle s'est installée en 2007. « Je me suis allongée sur l'herbe au milieu des arbres abattus et le soleil brûlant contre ma paume m'a donné l'impression de tenir un couteau avec lequel me saigner d'un coup sec à la jugulaire ». La phrase d'entame de ce texte volcanique (beaucoup traduit et notamment au Seuil en 2020 par Isabelle Gugnon) annonce l'état d'âme débridé, brutal, fantasmé, assassin et honteux mais forcément tu d'une mère après une première parturition. Ici l'écriture a permis l'évitement d'une dépression post-partum et accouché d'une écrivaine. Maternité difficile, mais, à tout le moins, chemin de soi littéraire! Dans ce déferlement de pulsions et cette colère animale, rouge de sauvagerie et de culpabilité se déchaîne un monologue intérieur et brutal où personne, ni le bébé, ni les hommes, le mari ou celui qui passe sur sa putain de moto, ni le voisinage ne sont épargnés... Les gazettes disent que Ariana Harwicz a trouvé chez Bergman et le théâtre allemand contemporain "une vision angoissante du sexe". On peut aussi penser à Gisèle Halimi ou Maria Pourchet quand il s'agit d'évoquer avec elle le féminisme. Qu'on se rassure cette auteure argentine dont la découverte est un plaisir est la mère, "suffisamment bonne" dirait la psychanalyse de deux enfants et elle a continué à écrire des livres qui restent à traduire mais dont les titres, évoqués dans cette rencontre au "festival biarritz amérique latine", continuent de souligner une veine existentielle... Ph. l'
GISÈLE HALIMI (1927-2020): “L'instinct maternel n'existe pas. Il est inventé par la société pour distraire les femmes de ce qu'elles pourraient faire par ailleurs…” https://desmotsdeminuit.francetvinfo.fr/videotheque/338-quand-jecris-je-peux-tout-controler-pas-quand-je-vis-douglas-kennedy/ MARIA POURCHET et Lionel Naccache: littérature et neurologie. Écrire comme on observe; engrammer pour grandir… #587 https://desmotsdeminuit.francetvinfo.fr/l-emission/maria-pourchet-et-lionel-naccache-litterature-et-neurologie-ecrire-comme-on-observe-engrammer-pour-grandir-587/ LES RENCONTRES de Philippe Lefait au « festival biarritz Amérique latine » https://desmotsdeminuit.francetvinfo.fr/category/festival-biarritz-amerique-latine-cinemas-cultures/
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