« Même si nous devons affronter de grandes difficultés aujourd'hui et demain, j'ai pourtant fait un rêve. C'est un rêve profondément ancré dans le rêve américain. J'ai fait le rêve qu'un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : nous tenons cette vérité pour évidente par elle-même que tous les hommes naissent égaux. J'ai fait le rêve que mes quatre petits enfants vivront un jour dans un pays où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau, mais à la nature de leur caractère. » Après
Nelson Mandela c'est à Martin Luther King Jr, pasteur américain leader de la lutte contre la ségrégation des Noirs aux États-Unis, que les éditions 21g ont choisi de consacrer leur dernière bande dessinée. Un ouvrage très documenté au scénario classique mais qui a le mérite d'être instructif.
Michael Teitelbaum et
Lewis Helfand y reviennent plus ou moins brièvement sur les grands moments et les figures emblématiques de la lutte contre la ségrégation raciale, de
Rosa Parks et du boycott des bus de Montgomery à l'élection en 2008 de
Barack Obama à la présidence en passant par l'assassinat d'Emmett Till ou le fameux « Bloody Sunday ».
On peut également apprécier la présence d'un certain nombre de photographies représentants le pasteur à la tribune, ainsi que des extraits de ses plus célèbres discours : celui prononcé en 1964 à Oslo alors qu'il recevait le
Prix Nobel de la Paix ; celui de la lettre dite « de la prison de Birmingham » ; et bien évidemment celui prononcé à Washington le 28 août 1963 dont le début de cette critique reprend l'un des passages les plus connus. Boycotts, discours, marches pacifiques, manifestations... : telles sont les armes utilisées par cet homme profondément opposé à une quelconque utilisation de la violence afin de mener à bien le combat pour l'égalité entre Blancs et Noirs. de son enfance aux côtés d'un père fortement engagé à son ascension en tant que leader de la lutte contre la ségrégation, l'ouvrage nous dévoile tous les grands moments qui forgèrent, inspirèrent ou influencèrent les choix de
Martin Luther King. On apprend ainsi qu'il était un grand admirateur de Gandhi, qu'il s'est distingué en tant qu'orateur dès le lycée, qu'il était un farouche opposant de la guerre au Vietnam, et même qu'il lui arrivait de sombrer dans la dépression.
Mais au-delà de son parcours politique et de sa vie de famille, ce sont surtout de ses différents combats dont il est fait question : contre la ségrégation raciale dans les transports et lieux publics d'abord, puis pour garantir l'accès au vote des électeurs noirs ou pour améliorer le sort des Noirs des quartiers pauvres des états du nord. La lutte pour le droit des éboueurs de Memphis à un meilleur salaire sera son dernier : le 4 avril 1968
Martin Luther King est victime d'un assassinat perpétré par un ségrégationniste blanc armé d'un fusil. Un dernier chapitre aborde alors l'héritage laissé par le pasteur : les émeutes raciales qui suivirent sa mort, la poursuite du combat mené par sa femme et ses enfants... Un dossier composé d'une dizaine de pages a également été inséré afin de faire le point sur la chronologie de l'émancipation des noirs aux États-Unis et de proposer une interview d'un père et sa fille, tous deux Noirs et nés en Amérique, qui reviennent sur les conséquences qu'eut pour eux le combat de
Martin Luther King des années 1964 à aujourd'hui.
Comme la bande dessinée précédente consacrée à
Nelson Mandela, cet ouvrage se révèle très instructif : on en apprend beaucoup à la fois sur la vie de
Martin Luther King et sur le contexte américain des années 1960. Dommage toutefois que les graphismes de
Naresh Kumar ne soient pas à la hauteur du scénario... A noter qu'une autre bande dessinée de la collection « Destins d'histoire » consacrée à
Steve Jobs est parue ce mois-ci et qu'un quatrième album dédié à Gandhi devrait voir le jour en janvier 2015. Une collection prometteuse donc et des modèles dont il est aujourd'hui indispensable de se remémorer et de s'inspirer.