Nous voilà donc dans l'Ouest américain avec John Clayton, ancien héros de l'armée confédérée, reconverti en éclaireur.
Par un caprice du destin, Clayton se retrouve membre à part entière de la tribu sioux de Crazy Horse. Pendant dix ans, sous le nouveau nom de Cetan Mani, Clayton va partager le vie et le destin de l'une des dernières grandes tribus libres. le récit s'achève sur la bataille de la Little Big Horn avec le dénouement que l'on sait...
C'est un roman un peu déconcertant. D'abord le héros ne m'était pas vraiment sympathique, exception faite des rapports qu'il entretient avec son cheval, Hussein, présent tout au long de l'histoire, et qui le rend plus touchant. Mais c'est un homme contradictoire. Dix ans passés chez les Sioux pour finalement rejoindre les rangs de Custer, voilà qui est irritant ! Amoureux d'une Sioux fort belle, Clayton est cependant "obligé" de l'abandonner alors qu'elle s'apprête à donner naissance à leur fils, pour aller rejoindre les Blancs. Agaçant non ?
Mais si on y réfléchit, la trame n'est pas sans rappeler
la Flèche Brisée, d'
Elliott Arnold (1947) ou même
Little Big Man (1964), de
Thomas Berger.
D'ailleurs, Si Henry caricature un peu les deux grands chefs, Crazy Horse et Sitting Bull, il a le mérite de brosser un portrait déplaisant de Custer, lequel est borné et ambitieux au possible. du reste, l'évolution de Clayton, ses sentiments pour les Sioux sont tout à son honneur.
Car n'oublions pas que le roman a été écrit en 1954 (ou 1952 ?), et les Indiens n'étaient pas encore à la mode au cinéma ou en littérature... de son vrai nom,
Henry Wilson Allen, était l'un des scénaristes préférés de
Tex Avery ! Henry a d'ailleurs eu une carrière prolifique, essentiellement en catégorie western.
A l'instar des films hollywoodiens, les personnages secondaires sont très réussis, et la fin du récit, ironique, n'est pas dénuée d'une certaine beauté. Si bien qu'elle gomme la mauvaise impression que j'avais de Clayton.
Au final, un bon roman qui a participé à faire changer, imperceptiblement, la vision des Américains sur les Indiens. Will Henry, suivant les traces d'Arnold ou
Alan le May (qui écrivit la même année, le très beau "
la prisonnière du désert), a contribué à dresser un portrait différent des Indiens. Rien que pour ça, le roman mérite donc une place dans toute bibliothèque !
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