La redevance du spectre et autres contes

Ce livre regroupe six nouvelles d'Henry James dans une traduction peu courante. Aussi ces nouvelles sont-elles plus connues sous un autre titre.

‘Une curieuse prédiction' est connu sous le titre ‘Un problème', texte de jeunesse de Henry James (1868) dans lequel un couple se pourrit la vie pour avoir attaché trop d'importance aux prédictions funestes qui leur ont été annoncées.

‘En ses habits anciens' est également un écrit de jeunesse (1868), généralement connu sous le titre ‘Le roman de quelques vieilles robes'. La nouvelle raconte l'histoire de deux soeurs en concurrence pour épouser un jeune homme de bonne famille et se clôt par la mort de la seconde tuée par le fantôme de la première.

‘Une race funeste' date aussi de 1868. Cette nouvelle est connue sous le titre ‘De Grey, histoire romantique'. Elle raconte l'histoire de la famille de Grey touchée par une malédiction qui s'abat sur les premières femmes aimées par les héritiers mâles. Un intéressant passage de cette nouvelle, certes tout à fait secondaire pour l'intrigue mais représentatif du tiraillement entre deux cultures que ressentait Henry James, montre la différence de mentalité entre l'Europe et l'Amérique à propos du travail. L'oisiveté est considérée comme un vice en Amérique alors que la haute société européenne n'a aucun scrupule à vivre de ses rentes.

‘La redevance du spectre' est ‘La redevance du fantôme' (1876). Un jeune étudiant en théologie à l'insatiable curiosité se retrouve mêlé à une histoire de fantôme et de maison hantée qui s'avère être une supercherie. Le dénouement laisse toutefois planer le doute. La nouvelle est intéressante car elle me semble représentative d'une époque qui voit à la fois triompher le positivisme rationnel et des mouvements assimilés aux sciences occultes (comme le spiritisme) connaître un grand succès.

‘Le secret du romancier' est en fait la célèbre nouvelle ‘Le motif dans le tapis' (1896). La nouvelle met en scène des critiques littéraires qui commentent l'oeuvre d'un écrivain célèbre et cherchent à identifier le message omniprésent dans celle-ci tel un motif dans un tapis persan. C'est une réflexion sur le mystère de la littérature et l'impuissance de la critique littéraire.

‘Fantôme à prendre' est connue sous le titre ‘La tierce personne' (1900) et met en scène un fantôme venant rendre visite à deux cousines héritières d'une vieille maison. La thématique des fantômes rencontre alors un grand succès commercial et Henry James répond là à la demande, mais dans un style humoristique plein de second degré.

H. James a un sens du style qui transporte sait distiller le suspens comme un prestidigitateur. Ce livre est un beau recueil des tours de magie dont il est capable, articulant le vide et la fumée de sorte à leur donner l'apparence de choses réelles.