Pour ne pas voir ton carosse se transformer en citrouille, quitte le bal avant les 12 coups de minuit.
Pour lire les contes sarcastiques de Stuart Heritage, sors de ta couette un peu avant 7h le jour de la Masse Critique non fiction, collection hiver 2020.
Et d'un coup de baguette 🌟 ou d'algorithme 🔣 ces deux histoires se rejoignent : les 3 ours de Babelio (mais qui appelle encore ainsi les créateurs du site ?) te désignent et bim ! les éditions Autrement t'envoient 'Boris Johnson et les trois Ours'. 🤩
Après cette intro laborieuse destinée à neutraliser la bête au bois s'endormant en me lizant (bois dans lequel nous n'irons plus car les lauriers sont coupés et les bestioles sympa z'exterminées), entrons dans la danse féérique et horrifique de ce recueil.
Comme l'indique le titre original ('Bedtime Stories for Worried Liberals'), ces contes revisités évoquent notre 'monde chaotique'. Parodiant des légendes célèbres et une comptine, l'auteur s'amuse à décrire les dérives de notre société occidentale, nos excès d'humains, nos ambivalences entre déni et paranoïa face aux menaces climatiques, politiques, socio-économiques...
On ne sait pas toujours si c'est du faiblard ou du cochon Label rouge aux protéines végétales, mais tout y passe : Brexit, #Meetoo & féminisme, environnement & écologie, exil & xénophobie, réseaux sociaux, et j'en oublie...
Les récits sont-ils classés par qualité croissante ? Ou me suis-je habituée au ton de l'auteur ? Après avoir trouvé les premiers contes naïfs et poussifs, j'ai de plus en plus apprécié, notamment la version Tanguy de 'Dodo, l'enfant Do' et le revirement inattendu et jubilatoire de 'Hansel & Gretel'.
Histoires pour faire peur... et rire jaune, car les monstres, ici, sont souvent les deux vieux blonds célèbres qui se prennent pour les rois du monde.
• Merci à Babelio et aux éditions Autrement.
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Je n'ai pas été bercé aux contes de fées, je n'avais pas des parents liseurs d'histoires au pied du lit.
J'en connais bien sûr, qui n'en connait pas? Bien sur il a fallut attendre l'age adulte pour comprendre le coté un peu perversif de certains contes.
Dans ce livre là, on adopte le même ton, un ton gentillet comme les histoires pour les enfants, mais on y met des personnages contemporains et on se marre à leurs dépends, gentiment s'entend, même si certains ont un triste sort dans l'histoire.
C'est plutôt divertissant et on se surprend à sourire plusieurs fois. Bref, un bon moment de détente.
Merci à Babelio et aux éditions autrement qui m'ont fait gagner ce livre, c'est la première fois que j'en gagnais un et j'étais plus que ravie.
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■ Dodo, l'enfant do.
Dodo, l'enfant do, l'enfant dormira bien vite
Dodo, l'enfant do, l'enfant dormira bientôt
Bébé adoré, c'est l'heure de se coucher
On s'est bien amusés, mais il est tard maintenant
Tes paupières sont lourdes, tes parents fatigués
De devoir te border depuis vingt-huit ans
Tu es si cher à nos yeux, tu illumines nos vies
Même quand tu traînes à midi, encore en pyjama
Car oui, tu as grandi et t'aurais dû quitter le nid
Y a plus ou moins dix ans déjà
Cette chambre où tu dors, est techniquement à nous
On te l'a pourtant répété des centaines de fois
Nous te chérissons, nous t'aimons plus que tout
Mais Papa voudrait en faire son bureau, tu vois
Il faut bien entretenir tes jolies boucles blondes
Et ton appétit d'ogre, va falloir le calmer
Ne fais pas les yeux doux, tes pupilles bien rondes
Vont finir par nous faire déprimer
C'est bon de te savoir à l'abri, en sécurité
Et tu seras toujours bienvenu sous ce toit
Mais on aimerait retrouver notre intimité
Car on n'a pas baisé depuis 2003
Quand vas-tu finir par être adulte et payer tes factures ?
Il faut qu'on en parle sérieusement
On a bien une maison, un chien et une voiture
Il serait temps de prendre exemple sur tes parents
Qu'est-ce que tu attends pour te prendre en main ?
Quand on s'est mariés, on avait à peine dix-huit ans
Direct propriétaires, et avec le terrain
(Le PEL nous avait coûté vingt francs)
On sait bien que t'essaies de mettre de côté, gamin
De rembourser ton prêt étudiant, sauf qu'à la radio
Le présentateur racontait encore hier matin
Que tu dilapidais ton salaire en 'frappuccino'
Ton sourire nous ravit, ton rire nous fait craquer
Et tes larmes nous désolent profondément
Enfin, faut pas pousser, débarrasse le plancher
Demain serait l'mieux, idéalement
T'en fais pas, petit chou, ce n'est qu'un au revoir
Ton nom est écrit noir sur blanc dans notre testament
On t'lègue la maison - rénovations à prévoir
Quand on aura un pied dans la tombe, souviens-t'en
A présent, fais dodo, dans les bras de Morphée
Que tes rêves soient doux, tes désirs enfouis
Bercés par les lolos de ta bonne fée
On s'ra bientôt plus là pour te souhaiter bonne nuit
Dodo, l'enfant do, l'enfant dormira bien vite
Dodo, l'enfant do, demain on l'mettra dehors
(p. 117 à 119)
■ Prologue.
On oublie souvent qu'à l'origine, les contes de fées n'avaient rien d'enfantin. A l'époque où le savoir se transmettait à l'oral, les contes n'étaient rien de moins que des histoires populaires, donnant à voir, comme un miroir, les travers de la société. On pouvait y trouver de la violence, du sexe, mais toujours à des fins morales. Pas de 'happy end' pour les fainéants, les envieux ou les idiots du village.
Pendant un temps, ces histoires merveilleuses ont perdu de leur saveur originelle. On les a progressivement édulcorées, pour finir par dépeindre un monde de gentils Bisounours un peu trop doux pour être honnête. Mais contre toute attente c'est le grand retour des contes de fées.
Il suffit d'observer le monde actuel, peuplé de méchants (...) déterminés à anéantir la planète pour leur seul profit. Notre monde est clivé : possédés et possédants - en résumé, les nantis planqués dans leur tour d'ivoire, les petites gens dans les rues.
(...)
Kanako le hérisson avait connu la belle vie sur Instagram. Parce qu'il faisait partie des animaux les plus adulés du Web, Kanako n'avait rien d'autre à faire que de poser devant l'objectif - voilà ce qu'était son dur labeur quotidien. Un jour, il se nichait dans une tasse de thé en porcelaine ; le lendemain il se lovait dans un pull en cachemire. A force, il lui arrivait même de s'endormir pendant les séances photo, ce qui ne faisait d'ailleurs qu'accroître son potentiel #cute. 'Hérisson tout mignon de mon coeur !', 'Epouse-moi, Kanako !', pouvait-on lire dans les commentaires.
Mais ces jours heureux n'étaient plus qu'un lointain souvenir. Depuis que les Nations Unies avaient interdit Instagram afin d'enrayer le problème de l'oisiveté et de permettre à l'humanité de regagner en productivité, Kanako n'avait plus aucun rôle à jouer. Maintenant qu'Instagram ne faisait plus partie du paysage virtuel, sa mignonnitude n'avait plus la moindre importance. (...)
(p. 107-108)
Il était une fois un roi très méchant. (...)
Le plus étrange de tous ses attributs était sans contexte son couvre-chef royal : en lieu et place d'une traditionnelle couronne, il portait sur la tête un truc loqueteux, qu'on aurait dit tissé de poils pubiens. (...)
Le roi ne se laissait guider que par sa cruauté. Il haïssait tous ceux qui n'habitaient pas son royaume et fit bâtir un mur immense pour se prémunir de tous les étrangers.
(p. 81-82)
Stuart Heritage reads The Night Before Christmas.
Stuart Heritage read a poem from his book Bedtime Stories for Worried Liberals.