Qui aurait pu croire que je me retrouverais un jour à lire une thèse sur la musique punk ? C'est avant tout le contexte nord-irlandais qui m'a ici attirée et je ne regrette pas car même si le propos est universitaire, l'ensemble est tout à fait lisible et abordable pour les non-initiés. Et j'ajoute dorénavant quelques noms à mes trop rares connaissances punks. Et l'envie de creuser encore plus le sujet !
Le genre punk semble très codifié, qu'il s'agisse d'apparence ou de thématiques abordées dans les morceaux proposés par les artistes. Comme beaucoup de novices, j'imaginais des paroles très politisées ou au moins marquées par un désir de justice sociale, par une contestation et des revendications à la limite de l'anarchisme.
D'un point de vue extérieur, j'imaginais tout à fait que le punk puisse justement se nourrir du contexte nord-irlandais – et notamment du conflit armé – pour trouver l'inspiration…
Mais finalement,
Timothy Heron nous apprend que lors de la première vague punk, entre 1976 et 1983 (quasiment au plus fort des Troubles), les chansons dédiées à ce sujet ne sont finalement pas aussi présentes qu'on aurait pu l'imaginer.
Un groupe comme Stiff Little Fingers – qui donne justement une apparence politisée – semble finalement avoir surfé sur l'imagerie du conflit pour offrir une image percutante et donc mieux se vendre à l'international…
La grande majorité des autres groupes – The Undertones pour citer le plus connu – se tournent davantage vers les sujets amoureux et les élans introspectifs (avec parfois des approches sexistes et racistes…).
Alors oui, grâce à de très courts morceaux dynamiques, jeunes catholiques et protestants de la fin des années 70 se retrouvaient en terrain neutre mais surtout en terrain connu : celui des affres de l'adolescence (la découverte de la sexualité, les premières amours…) et des ennemis communs (l'autorité parentale et celle des professeurs, la répression policière…). Finalement, qu'elle habite dans les quartiers de l'ouest ou de l'est de Belfast, la jeunesse et les sujets qui l'occupent sont universels.
J'avais peur que la thèse de
Timothy Heron soit indigeste comme peuvent parfois l'être certains travaux universitaires mais force est de constater que la lecture a été particulièrement fluide, passionnante et enrichissante !
Les deux premières parties dédiées à la mise en contexte géopolitique et à l'apparence (vestimentaire) des punks m'ont beaucoup appris (vous saviez que ce sont les punks qui sont à l'origine du DIY ?). La partie suivante (et la dernière) entre vraiment dans le vif du sujet car s'attache à détailler les paroles des chansons produites par la scène punk en Irlande du Nord entre 1976 et 1983. Les musicologues seront peut-être davantage touchés par l'exercice mais un oeil extérieur peut également y piocher quelques conclusions fort intéressantes. En tout cas, ce fut mon cas.
N'étant pas une grande connaisseuse du mouvement punk je suis sans doute passée à côté de certaines références importantes pour le milieu mais j'ai eu plaisir à croiser Marc Bolan,
David Bowie et
Patti Smith entre ces pages et surtout, j'ai eu encore plus de plaisir à me laisser aller à la curiosité et à aller découvrir des artistes que je ne connaissais pas encore ! Les morceaux de Stiff Little Fingers tournent depuis quelques jours dans mes écouteurs.
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