Ce court roman aborde un sujet fort peu traité, celui de la dysmorphophobie, qui affecte pas mal de personnes, et en particulier les ados, soumis aux diktats d'apparences des réseaux sociaux, avec les influenceurs etc. Il s'agit d'une préoccupation qui affecte la manière dont on perçoit notre apparence physique, et nous fait croire que les autres voient avant tout nos défauts. Ce mal-être peut aller loin : Dans un miroir, on se voit déformés, plus moches que l'on est, voire monstrueux.
Ici,
Florence Hinckel aborde le sujet au travers d'une lycéenne, Sam, qui a grandi en étant marquée par l'absence d'un père qui l'a rejetée et qu'elle n'a jamais connu. le besoin d'amour qu'elle ressent, le besoin de reconnaissance de ses pairs, lui fait ouvrir un compte TikTok et poster des photos et des vidéos afin de recueillir l'assentiment de ses abonnés. Et pour se sentir plus jolie, elle souscrit à un filtre prometteur mais fort onéreux, au nom diabolique : "DevilFilterMaker". Peu à peu, elle semble sombrer dans une étrange folie, à laquelle assiste sa voisine et amie d'enfance, Lilou, qui est la 2ème narratrice de ce récit.
J'ai trouvé le propos original et fort, mais pour autant je n'ai pas adhéré plus que ça à l'histoire de Sam. J'aurais aimé un ancrage plus fort dans la réalité, une dysmorphophobie qui progresse de façon peut-être plus insidieuse, qui l'atteint non pas brutalement mais progressivement, jusqu'à se fondre dans sa personnalité et la changer à jamais sans que personne n'en ai conscience ni ne puisse l'aider...
Pour autant, l'écriture de
Florence Hinckel est toujours aussi fluide et agréable à lire. Un bon roman pour ados.