Johnny a huit ans, c'est un enfant de la banlieue. Il vit dans une cité avec ses parents et son petit frère, Noah. Une famille chaleureuse, aimante et travailleuse mais qui sait ce que c'est que de se serrer la ceinture : la nourriture achetée au jour le jour, les vêtements pris un peu grands pour servir plus longtemps et surtout, surtout, jamais de vacances ni même de journées "ailleurs". Alors son plaisir à lui, c'est d'aller à la bibliothèque une fois par mois avec sa classe : oh, pas pour les livres, ni pour les histoires, non ! pour le trajet en car, il adore ça. Il regarde le chauffeur conduire, et comme en ville c'est toujours pareil il rêve qu'il l'emmène plus loin, à 503 kilomètres de là, à la mer, parce qu'il ne l'a jamais vu, lui...
Mon avis : Ce roman graphique est à rapprocher de " Lali l'orpheline, où l'on se demande si on peut faire du mal en croyant faire du bien ", que je vous présentais à la fin du mois d'août dernier, puisqu'il appartient lui aussi à la collection Trimestre aux éditions Oskar, collection dirigée par
Benoît Morel et
Thierry Lenain !!! le concept en est simple : "4 textes, 4 auteurs, 4 illustrateurs, 4 couleurs… par an, pour réfléchir et aussi s'émouvoir". Il nous entraîne dans le sillage de Johnny, un enfant de huit ans, issu d'une famille modeste. Rien de pessimiste dans cette histoire, un zeste d'humour et si, dans cette famille, on serre souvent la ceinture, on sait aussi se serrer les coudes et se dispenser plein d'affection. La poésie lue par la bibliothécaire ne touche pas le jeune Johnny, il a même plutôt tendance à penser qu'elle ne rime à rien (et cela sans jeu de mot !). Mais elle renforce un rêve, celui d'aller enfin voir la mer, telle qu'elle est en vrai, sans passer par les mots d'un poète. le soir, quand il doit répondre dans ses devoirs à deux questions : où irez-vous dimanche et où irez-vous cet été, une seule réponse lui vient à l'esprit, c'est " nulpart ". Je n'ai pu m'empêcher de repenser à un stage que j'avais effectué il y a quelques années. le formateur nous avait expliqué qu'avec un groupe d'enfants qui ont des vies très différentes, il faut penser à orienter les questions sur le vécu du groupe et non de l'individu pour éviter une blessure involontaire... Les illustrations sont des linogravures bi-colores de la main de
Jean-Pierre Blanpain : " C'est à dire que j'ai tiré mes lino en noir sur papier blanc et sur papier bleu. Après ça j'ai découpé mes tirages et fait un montage." Malheureusement, et à contrario de la promesse faite en quatrième de couverture, je n'ai pas adhéré du tout : le bleu très soutenu et le noir se font la part belle, rendant une grande majorité des planches sombres et austères ; les visages des personnages, anonymes ou principaux sont rendus antipathiques et renfrognés si ce n'est ceux des enfants. Je suis vraiment désolée, à mes yeux, et pour en garder ce qu'il avait de porteur d'espoir, ce texte méritait moins de noirceur.
Public : à partir de sept – huit ans.
Si vous voulez vous rendre sur le blog de l'illustrateur,
Jean-Pierre Blanpain, vous pouvez suivre cette adresse :
http://jeanpierreblanpain.unblog.fr/