Il suffit de lire quelques pages d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust pour s’émerveiller de l’infinie subtilité des états psychiques qu’éprouve l’aspie. D’ailleurs, comme les autres œuvres de fiction aspies évoquées, celle-ci présente une puissante cohérence, basée sur le parfait réalisme des protagonistes, pour la bonne raison qu’aucun d’entre eux n’est inventé et correspond précisément à une personne de l’entourage de Marcel Proust, son chauffeur ou sa voisine, sur lesquels l’auteur opère un changement de sexe ou de position sociale.
D’autant que les transports plongent l’aspie dans des espaces
confinés et sonores, une surcharge sensorielle qui ajoute à son
anxiété. Emprunter un tramway bondé ou rester dans un local
bruyant bouleversait l’écrivain Stefan Zweig pendant des
heures. Entre le bruit12, les odeurs et la promiscuité, beaucoup
d’aspies sont submergés et rejettent par pragmatisme ou
phobie le métro, le train, l’avion…
En voiture, Samantha étrangle sa sœur de 2 ans, qui est
coincée dans son siège-auto. Alertée par les cris sur la
banquette arrière, la mère les sépare.
_ Qu'est-ce que tu faisais ? demande la mère.
_ J'essayais de l'étouffer, répond Samantha.
_ Tu te rends compte que ça l'aurait tuée ? Elle n'aurait pas pu
respirer. Elle serait morte.
_ Je sais.
_ Et nous ?
_ Je veux tous vous tuer.
Le pourcentage des psychopathes tourne aussi
autour de 1%. Nous parlons donc de 700 000 individus en
France. Pourtant, en dehors d’une poignée de tueurs en série, «
ils sont comme invisibles », déplore la psychologue Laurence de
Rosen. Ils grimpent allègrement les échelles du pouvoir et de
l’argent, aussi bien privée, que publique ou ecclésiastique.
À la suite d’un problème de climatisation dans son
appartement, la femme appelle au téléphone son compagnon
pour l’aider. Celui-ci lui commence par une question qui lui
semble simple :
_ Le ronronnement de la climatisation est-il au-dessus ou en
dessous de 50 Hz ?
Elle est évidemment incapable de répondre.