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Antoine Bargel (Traducteur)
EAN : 9782715250765
288 pages
Le Mercure de France (12/03/2020)
3.97/5   59 notes
Résumé :
Le jour baisse déjà lorsqu’ils franchissent un mur de pierres sèches pour se frayer un chemin en direction d’une petite baie. 'Ferme les yeux, Martha, et attends que je te dise de les rouvrir.' Puis au détour d’un rivage, il dit : 'Maintenant.' Devant eux, le ciel est en feu, rouge sang et or. Peu à peu il s’assombrit, devenant violet, puis noir, avant que la grande boule de feu ne tombe dans la mer. C’est sur la côte ouest de l’Irlande, au sein d’une nature sauvage... >Voir plus
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Les côtes Ouest de l'Irlande. Face à l'immensité de l'océan atlantique. Avec le regard qui revient toujours se poser sur les contours des îles Skellig, comme pour y chercher l'apaisement.
Un paysage sauvage, une nature encore, pour un temps, indomptée, un horizon toujours changeant, une lande battue par tous les vents. Des ciels tourmentés, tantôt d'un bleu limpide et transparent, tantôt chargés de nuages sombres qui filent, poussés par les bourrasques, prêts à laisser éclater leurs tumultes et métamorphoser le paysage en un contrefort de l'enfer.


C'est là, dans un cottage perdu au milieu de ces terres farouches que Martha vient, à la fois, trier les affaires de son défunt époux et à la fois trouver un peu d'éloignement après la mort brutale de celui-ci, face à ces îles chargées d'Histoire sur lesquelles des moines, vers l'an 500, sont venus vivre dans le dénuement, la pauvreté et le jeûne, espérant rencontrer un dieu réconfortant. Elle n'était pas revenue dans ces murs depuis de nombreuses années et au-delà des obligations, inconsciemment vient-elle chercher le retranchement de l'agitation quotidienne et le retour à l'essentiel pour essayer de se ré-apprivoiser dans ses larmes.

On comprend très vite qu'au delà de ce deuil récent qui la plonge dans un abîme, il existe une autre absence qui l'a fracassée, elle, mais aussi d'une certaine façon, le couple que Brendan et elle formaient.
Ce retour dans ce cadre rustique et tout en simplicité et la vie à laquelle il oblige de s'abandonner se fait refuge, Marthe se replie sur elle-même exhumant les souvenirs à mesure qu'elle trie les possessions de Brendan.


C'est un beau texte sur le deuil, les deuils, la solitude, les méditations afférentes, il retrace un cheminement de mémoire au long d'une vie dont Martha prend conscience qu'elle aurait pu être autre et que la solitude qu'elle a recherchée pour s'y protéger, l'a entraînée loin des siens et surtout au lieu de l'aider dans les moments difficiles, l'a anéantie encore bien davantage.
Ce sont des phrases qui disent les regrets, paroles d'une tristesse infinie, quand elles mettent en miroir ce qui a été échangé, partagé et ce qui a été caché, tu, remis, promis...
En oubliant que le temps est un des maîtres qui sculptent, en intransigeant, nos existences.
Toutes ces émotions, ces moments de doute, cette mélancolie trouvent leurs couleurs dans les paysages qui s'étalent au fil des pages. Un peu comme si, les sentiments se faisaient bruyère mouvante sur la lande et les reproches souffles d'un vent qui présage la tempête.

En parallèle de ce regard que le chagrin entrave, il y a celui de Paddy, qui vit seul également, fermier voisin du cottage que la vie n'a pas toujours entraîné sur des versants de quiétude. Il raconte quelques brins de l'Histoire de l'Irlande, sa pauvreté, sa misère, le poids des conventions, de la religion toujours répressive. Une très belle âme cultivant les souvenirs et l'appartenance, le respect et la filiation. Un homme droit et sincère.

J'avoue avoir été moins séduite par les pages sur l'appétit immobilier qu'ont certains de cette région, je ne les trouvais pas indispensables...
Mais peut-être sont-elles nécessaires pour faire avancer le roman et faire d'un texte qui serait contemplatif, un texte vivant. J'avoue que la contemplation me suffisait surtout quand l'écrivaine ajoute quelques lignes sur la poésie irlandaise, en expliquant rapidement ce qu'elle est aux tréfonds de ses origines.



Un texte qui, à travers les descriptions lumineuses de la nature, nous emmène au plus près de l'atmosphère d'un pays qui ne finit pas de panser ses plaies et de sécher ses larmes, se cherchant et fouillant sa mémoire pour avancer, en sérénité, et se détacher de ce passé glaise, un peu comme tente de le faire Martha.
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C'est une histoire de deuils : deuil d'un enfant, deuil d'un mari, deuil d'une existence. Martha retourne après la mort de son conjoint dans la maison que ce dernier possédait près des îles Skellig en Irlande, où il écrivait ses documentaires sur l'art. C'est le moment pour elle de faire le point sur sa vie et de lui donner un nouvel élan. Un très beau roman , une belle plume dont l'histoire entre bien en résonance avec les premiers vers du poème de Verlaine du même titre :

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur?

J'ai beaucoup aimé.
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Suite au décès brutal de son mari, critique d'art, Martha retourne dans leur cottage en Irlande, face aux îles Skellig, battues par les vents, mettre de l'ordre dans ses affaires.

Le chant de la pluie,nous a transporté dans le comté de Kerry en Irlande. Changer d'horizon et lire un livre qui me parle avec poésie et justesse de paysages, de nature, de mer, je crois que cela a fait tout de suite tilt.

Dans le chant de la pluie, le thème du deuil y est traité avec subtilité et sensibilité (mais jamais avec miévrerie) dans le chant de la pluie. On aime notamment beaucoup la langue poétique de Sue Hubbard, grande poétesse irlandaise, parsemée de mots irlandais et la belle traduction d'Antoine Bargel.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans une Irlande mythique, où la brume embellit la lande, où le feu de tourbe irrite les yeux et les poumons, où le bruit des vagues est assourdissant, Martha revient vider le petit cottage familial de son défunt mari, Brendan.

Son décès, rapide et inattendu, la plonge dans une solitude profonde - elle qui avait déjà accidentellement perdu son fils alors qu'il n'avait qu'une dizaine d'années. Dans le froid de janvier, l'humidité et le silence, Martha trie les papiers, range les livres de son époux, regarde des photos et laisse le temps panser ses plaies. Les visites du jeune musicien et poète Colm accompagnent le travail de deuil.

C'est un magnifique roman, très bien écrit - Sue Hubbard est un poète renommé dans son pays. le rythme est lent, il nous invite à une jolie réflexion sur le deuil, le temps qui passe, le sens de la vie.

C'est aussi une peinture réaliste de l'Irlande des années 2000 qui découvre la prospérité et navigue entre deux modes de vie : celui traditionnel de l'élevage et de la frugalité et celui de la prospérité et des investisseurs qui défigurent les sauvages paysages. Un très beau moment de lecture.

Challenge MULTI-DEFIS 2021
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Traduit par Antoine Bargel

Nouveauté sortie juste avant la Fin du Monde et lire que ça se passe dans le Kerry, en face des îles Skellig m'a intriguée. Sue Hubbard : je ne connaissais pas. Impossible de connaître sa nationalité en lisant la présentation de Mercure de France.

Martha, londonienne et enseignante revient dans le Kerry, après 20 ans d'absence, suite au décès brutal de son mari, Brendan, un Anglais d'origine irlandaise. Elle doit régler quelques affaires, faire du tri dans celles de son époux. L'occasion de se replonger dans le passé, de leur vie commune pendant près de trente ans. C'est aussi ce qui va l'amener  à évoquer le passé de l'Irlande, de ce coin perdu du Kerry, aux confins du continent européen. C'est là que se sont installés les anachoretes, ces moines qui se réfugièrent dans des "petits abris en pierres" sèches en attendant leur passage sur les îles Skellig, dans les années 500. Brendan était passionné par les Skellig. Il venait se réfugier dans son cottage irlandais, proche de Caherciveen pour écrire. Il n'écrit pas des romans. Il écrit sur l'art, en particulier sur la peinture anglaise, l'Ecole de St Ives. Proche du milieu de l'art, quoi. Bien loin des paysans du Kerry. Bien loin de Paddy, qui y vit depuis toujours.

Dans cette histoire, il y a un méchant (du moins un mec friqué du Kerry mais aussi un peu paumé et complexé) qui a de grandes idées pour donner un sens à sa vie et, par la même occasion, se faire encore plus de fric : Eugene Riordan. Il veut construire un spa de luxe, avec tous les trucs derniers cris pour attirer de riches touristes. Seulement, pour ce faire, ce serait pas mal qu'il rachète les terres de Paddy et celles de Martha. Il est prêt à y mettre le prix. Sans surprise, ni Paddy ni Martha ne voudront rien vendre. Mais finalement cette intrigue ne monopolise pas l'histoire.

Nous plongeons dans le passé du couple, qui révèle peu à peu ses failles, ses déchirures et le drame qui explique pourquoi Martha n'a pas remis les pieds en Irlande depuis 20 ans. Là aussi, je l'ai senti venir ce secret. Sans surprise.

La plume de Sue Hubbard est élégante, agréable et l'histoire, finalement se laisse lire. Cependant, rien d'extraordinaire. J'ai vite compris que l'auteure n'était pas irlandaise car elle évoque le Kerry comme une touriste. C'est plein de pluie (ok, il pleut en Irlande), on a l'impression par moments d'avoir un livre d'Histoire irlandaise qui se plaque sur le reste et en plus il y a des inexactitudes ou plutôt des approximations  : "Vous savez, les garçons, on dit que Cromwell a envoyé les frondeurs dans le Kerry car l'enfer aurait été trop doux pour eux."  Ah, certes, mais c'est plutôt du Connemara dont il s'agit !!!! Cromwell a dit : "To hell or to Connaught". Rien à voir. le Kerry n'est pas aussi aride que la région bien plus au nord. Première chose qui m'a agacée.

Et puis, trouver des gitans au marché ! Là, je ne sais pas à qui exactement je dois m'en prendre, n'ayant pas le texte VO, mais il n'y a pas de Gitans en Irlande. Juste des gens du voyage, appelés "travellers" ("Lucht Siul" en irlandais qui veut dire "le peuple marchant"). Ils parlent le shelta. On ne connaît pas exactement leurs origines, mais ce ne sont pas des Gitans. Certains pensent que ce sont les descendants des expropriés du 18e siècle. Mais c'est nettement remis en cause. L'autre thèse est que ce serait les descendants d'un autre peuple nomade irlandais : les Tarish.  Dans le texte, on trouve à de nombreuses reprises le terme de " bohémiens". Ça fait vraiment suranné ! Gens du voyage, tout simplement. Pourquoi se prendre le crâne ?

Revenons à l'histoire. C'est l'histoire d'un deuil. Bon. Pourquoi pas. Mais les personnages sont trop caricaturaux à mon goût : la veuve éplorée qui se demande si finalement elle connaissait bien son mari ; le paysan accroc à sa terre comme une moule à son rocher (ok, ça existe) ; le jeune poète paysan par vocation et l'affreux promoteur immobilier qui était pote, enfant, avec le mari de la veuve, lui fait du charme dans le but de lui spoiler ses terres. C'est un peu de la grosse ficelle !

Si vous découvrez l'Irlande, ce livre vous plaira car c'est bien plein de pluie et d'odeur de tourbe, de pierres sèches usées par les vents. Personnellement je n'ai rien appris. Les moines anachoretes sont justes là pour la déco. Rien de plus.

Sue Hubbard a dédié ce roman à ses parents. Ce qui me fait dire qu'elle a des origines irlandaises, à l'instar du couple de son histoire.

Un livre qui ne fera pas date dans mon esprit. Je l'ai terminé il y a une quinzaine de jours et ses contours s'effacent déjà. Si on veut apprendre sur la vie du Kerry, autant lire Peig, c'est bien plus instructif.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Il n'était pas taillé pour être contremaître. Il n'aimait pas dire aux autres ce qu'ils avaient à faire. Il avait une chambre près de Cumberland Street, là où les plus pauvres parmi les pauvres venaient faire leurs courses. Ceux des cités ouvrières et des camps des gens du voyage. Les rues étaient jonchées de bouilloires usagées et d'horloges en panne, de chaussures dépareillées et d'assiettes ébréchées.
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La musique emplit l'habitacle comme un cocon. Un espace protecteur et pourtant comme noyé dans ce paysage pluvieux. Elle est tentée de continuer à conduire indéfiniment, de suivre la route au hasard. Devenir gitane, faire sécher son linge sur un buisson d'aubépine. Cette idée lui semble rassurante : ne pas choisir de destination, ne pas être forcée d'arriver et de prendre des décisions.
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Chacun de nous a besoin de redécouvrir l'essentiel, de trouver un paysage qui convienne à nos rêves et à nos déceptions. Lorsqu'il ne reste plus rien, il y a encore l'océan et le ciel.
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L'amour passion ne donne guère d'indices sur la manière de gérer les choses après le premier tourbillon. Mais l'amour n'est pas fixe; comme le ciel surplombant ce cottage irlandais, il est en flux constant.
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Il était le genre d’homme qui, la rencontrant sur la plage en train de lire un livre, se vantait aussitôt de ne pas avoir le temps de lire. Avec son emploi du temps, il ne pouvait se permettre que les journaux et les magazines professionnels. Comme si lire était un signe d’inutilité. La preuve que l’on avait rien de plus important à faire.
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Videos de Sue Hubbard (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sue Hubbard
Le Chant de la pluie Sue Hubbard Éditions Mercure de France Collection Bibliothèque étrangère
Le jour où son mari Brendan meurt brusquement, Martha, enseignante anglaise vivant à Londres, part se réfugier en Irlande. Peu habituée à aller dans ce cottage au bord de la mer appartenant à son époux, elle rencontre ses voisins : le sympathique Paddy, attaché à ses terres et le désagréable Eugene ainsi que le jeune et charmant poète Colm, qui redonne à cette femme blessée le goût de vivre. ©Electre 2020
https://www.laprocure.com/chant-pluie-sue-hubbard/9782715250765.html
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