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EAN : 9782226436931
416 pages
Albin Michel (31/10/2018)
3.34/5   47 notes
Résumé :
Quelque part aux franges de l’univers, une armada de vaisseaux-mondes organiques, connue sous le nom de Légion, glisse lentement dans le vide sidéral. Depuis des décennies, ses différentes factions se battent pour mettre la main sur la Mokshi, le seul vaisseau capable de quitter l’armada condamnée.

La guerrière Zan se réveille sans souvenirs, prisonnière d’un peuple qui prétend être sa famille. On lui assure qu’elle est leur ultime chance de survie, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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C'est un livre curieux. Étrange.

A dire vrai, je ne suis pas arrivée, à aucun moment, à "entrer" dans le bouquin. de mon point de vue, c'est un défaut. Pas d'identification aux personnages, pas d'empathie pour eux non plus.

le fait qu'il n'y ait que des femmes m'est incompréhensible, comment sont-elles fécondées, comment sont-elles nées au départ, comment peuvent-elles échanger leurs utérus ?, d'où sortent-elle le métal (du bras, de certaines portes)?, vu que les organismes vivants ne synthétisent pas les métaux mais se servent de ce qui est dans la nature, "inorganique" de base, donc, et c'est bien pour ça qu'on en a besoin dans notre alimentation...

Donc, de quelle mystérieuse évolution découle cette civilisation des "Légions", tout ça ne sera jamais dit, jamais défini.
Le monde "vaisseau" vivant est une idée assez sympa, même si pas vraiment originale car déjà utilisée, mais manque d'assise "scientifique" et de fond. On a en fait beaucoup de descriptions (jusqu'à l’écœurement), mais pas d'explications, aucune explication. Pour moi, ce bouquin, c'est plus de la fantasy que de la science-fiction... Dans science-fiction, il y a le mot "science", et ici, il en manque vraiment beaucoup pour pouvoir mériter ce qualificatif, et c'est pas parce que ça se passe dans l'espace que ça valide le terme (enfin, de mon point de vue, toujours).

On nous décrit différents "niveaux", différentes peuplades d'un même monde, différentes façons de voir leur vie... plutôt soumises au final, pour un bouquin féministe ça ne le fait pas vraiment... Ceci dit vu que les personnages principaux sont des "seigneures de guerre", retors, qui trahissent sans le moindre scrupule au prétexte qu'il faut sauver Willy, je vois pas la différence avec les mecs, alors est-ce bien un bouquin féministe, ou bien un bouquin qui souligne que les femmes au pouvoir, bah c'est pareil que les mecs, peut-être pire, même ? Je me demande...

Bref, des descriptions, on en a. Mais c'est tout. Et pour moi, ce n'est pas suffisant. D'autant que j'ai vu venir les révélations des dernières pages de très très loin.
Les petites citations en entrée de chaque chapitre déflorent en grande partie la soit-disant "surprise".

Il manque de la cohérence, un ciment plus solide que la simple spéculation. Après l'histoire en elle-même est bien et se laisse lire, comme un conte, peut-être... Mais franchement, et là c'est la biologiste qui parle, avoir l'impression de lire un conte de bactéries qui vivent en symbiose (miraculeuse car pas explicable) avec leur hôte et essaient de le sauver de la maladie qui le ronge par des biais complètement délirants (finalement c'est sans doute Casamir ma bactérie préférée dans tout ça) (la quête des objets magiques dont on ne comprend pas du tout comment ils marchent...), c'était distrayant, mais un poil longuet au final. ça discute beaucoup, mais les scènes d'action et de combats ne sont pas géniales.
Pour dire le fond de ma pensée : ça manque de testostérone... En plus de manquer de science...

Il y a pourtant de bonnes choses, critique de notre société à peine voilée, remarques justes sur la condition du "peuple", mais malheureusement ça ne suffit pas à faire un chef-d'oeuvre... Il y a bien meilleur dans le domaine...

Edit : Il faut donner une mention spéciale "excellent travail" au traducteur, ça n'a pas du être facile comme boulot...

J'ajoute un grand merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour ce livre "Masse Critique", même si je ne suis pas convaincue, et que ça ne m'a pas du tout donné envie de découvrir autre chose de l'auteure, malheureusement.
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Si vous avez prêté attention au battage médiatique entourant cette version, vous saurez que le roman ne contient aucun personnage homme. Les femmes règnent sur les mondes et les étoiles, voilà pour le résumé. Autant dire, rien du tout, car l'intérêt du texte n'est pas là. Sans chercher à tout prix la métaphore, l'aphorisme, la comparaison, et toutes ces choses profondément déterministes, il n'en reste pas moins que ce texte est d'une originalité folle : je pourrais le résumer grossièrement, disons, comme ça : des femmes, terriblement organiques, terriblement faites de chair et d'os et de sang et de stupre et d'envies et de motivations évoluent dans des mondes, des espaces et des lieux d'aspect exclusivement organique. Dis ainsi, ça ne semble pas terrible.

Mais il y a quelque chose dans l'écriture de Hurley qui nous renvoie aux corps et au(x) pouvoir(s) du corps, qui met mal à l'aise, qui rappelle sans cesse le coeur, le centre, le milieu, l'utérus comme centre névralgique de toute chose à venir. Alors oui, c'est aussi sale, grotesque, immonde, et gore qu'admirablement humain, passionnant, fascinant et justifié.

J'ai lu à plusieurs reprises, pour les plus critiques des lecteurs, que le world building laissait à désirer et, d'une certaine manière, c'est juste : l'erreur serait peut-être - pour ma part - de chercher dans ce roman de SF les codes habituels des meilleurs romans de ce genre. C'est dommageable je trouve, dans ce type de texte justement, de chercher des explications "techniques" à tout prix. le roman semble être de la SF. Il pourrait être, en premier lieu, un roman sur l'identité, clairement. Sur l'identité mental et moral et physique plus que tout autre chose. C'est également un roman sur les cellules, sur les étoiles, sur les mondes et les étoiles, ceux qui sont autour de nous, comme ceux que nous portons en nous. C'est un roman de sensations. C'est un roman organique. C'est une expérience.

Et, au milieu des myriades de sorties de récits dans l'espace, c'est avant tout une autre proposition comme seule la littérature de l'imaginaire est capable de le faire.

Alors, au fur et à mesure que l'histoire progresse et que d'autres mondes sont explorés, nous entrons dans un territoire fantastique épique avec une construction de monde exceptionnelle et spectaculaire. Les mondes créés par Hurley sont organiques dans la matière : des choses vivantes, respirantes et ressenties qui abritent une grande variété d'horreurs et de merveilles qui y vivent. La construction du monde est superbe en ce sens qu'elle ne vide pas d'informations, mais choisit plutôt de se dévoiler et de se révéler au fur et à mesure que l'histoire progresse, ce qui lui donne une sensation épique et souvent inhabituelle.
Tout cela peut sembler un peu dingue, mais cela fonctionne vraiment et chaque chapitre ouvre votre esprit et votre imagination à quelque chose de nouveau et d'inhabituel.
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S'en sortir vivante grâce à un tentacule après avoir reçu un céphalopode Bhavaja lorsque l'on chevauche une limace de l'espace près de la Mokshi n'est pas donnée à tout le monde. Zan de Katazyrna est de celle là !!!

Voilà un roman qui m'a fait vomir pas seulement une fois, ni deux, mais trois fois ! Un record auquel on ne peut que s'attarder. Alors, qu'est ce qui a mis à mal mon estomac ?

Premier vomi ?
Si vous avez lu les premiers avis sur ce roman, vous n'êtes pas sans savoir que c'est un roman assez organique, sale, trash. L'auteure vous emmène dans un vaisseau monde ressemblant à l'intérieur d'un utérus en pleine menstruation. Et l'impression que l'auteure veut en rajouter des tonnes dans le dégueu, l'immondice, sans que cela ne serve l'intrigue. Pas très ragoutant, mais une fois passé la surprise, cela reste du décorum, du vrai. Car jamais nous n'aurons d'explications sur la raison de ce monde organique. Un univers assez original, mais dont aucune explications rationnelles ne sera donné. le "T'as gueule, c'est magique" fonctionne très bien en fantasy, mais en SF, il y a un minimum décent à respecter. Avec les premières pages, je pensais que Kameron Hurley lorgnait du côté de Reynolds et son vaisseau tumeur dans la trilogie des inhibiteurs, qu'elle allait peut être le surpassait. Mais non, cela fait Pschitt très vite. Au final, l'impression d'avoir lu une Fantasy dans l'espace, mais pas de la SF.
Résultat : cela peut choquer le chaland, mais moi, cela ne m'a pas fait vomir.

Deuxième vomi ?
Un livre dont tous les protagonistes sont des femmes. L'auteure pousse le bouchon un peu loin ? Mais moi je suis de la race canine assez ouverte. Pour peu, sans les autres avis, je ne suis pas sûr que je l'aurais remarqué. Reste une question, cela suffit-il à en faire un roman féministe ? Ben je m'en fous un peu aussi. Si le sujet est bien traité, qu'il me fait réfléchir, m'ouvre l'esprit, me chamboule dans mes certitudes, le pari est gagné. Mais pas ici. Car c'est ici un sujet sous jacent, jamais vous n'aurez de longues digressions philosophiques sur la femme dans la société. (mais les quelques fois où cela est abordé frontalement, c'est fais au forceps) Et tant mieux. Ou pas. Car quelques semaines après sa lecture, ce roman m'a tout de même fait réfléchir à la question de la place de la femme, son rôle et tout le toutim. Et je cherchais où et comment l'auteure avait fait germer ces réflexions. Alors est ce qu'il vaut mieux un livre qui vous interpelle pendant sa lecture ou après, à vous de décider.
Résultat : des femmes partout qui n'ont pas heurté ma sensibilité masculine, même pas vomi.

Troisième vomi ?
Et l'histoire dans tout ça ? Parce que moi, ce qui me fait aimer ou pas un livre, c'est son intrigue, l'envie de tourner la page pour savoir ce qui va se produire. Et ici, cela coince sévère, une histoire sans queue ni tête. Ce livre m'a fait penser au livre le monde vert : un périple initiatique niais au possible, ressemblant aux pires romans publiés à la chaîne dans les années 60-70. Je ne pensais pas que des écrivains pouvaient nous pondre encore des inepties pareilles. Je ne vais pas vous dire tout ce qui cloche, reportez vous pour ça à la critique d'Apophis à laquelle je souscris entièrement.
Au mieux, cela ressemble à de la très mauvaise littérature jeunesse.
Résultat : avec une intrigue pareille, je n'étais pas loin de vomir, mais non.

Mais alors, qu'est ce qui a mis mon estomac dans de si horribles états ? J'ai beau être un dur à cuire (hum hum), il y a une chose que je ne supporte pas. Et là me voilà servi. Quand je lis :

"– Va savoir à quel point la situation a changé, depuis mon départ. Les Bhavaja sont mauvaises. Il me faudra une armée, pour les vaincre.
– Tu n'as pas besoin d'une armée : tu nous as, nous."

Ben moi, je vomi. Manquerai plus que l'on parle d'amour derrière.
Alors quand quelques pages plus loin, je tombe sur :

« Qu'est-ce qui les y contraint ? demandé-je.
– La peur. La peur de notre mère, Seigneure Katazyrna.
– C'est ça, votre moteur ? »
Elle hésite, mais répond avec sincérité. « Oui. Je suis sûre que ton peuple tue pour toi par peur.
– Non, par amour.
– Par amour ?
– Et rien que par amour. Pour celles derrière elles. Pour celles qui viendront après elles. Par amour. »

je re-vomi de suite
A peine retiré les derniers morceaux restés collés autour de ma bouche, Hurley m'assassine, le coup de grâce.

"Ça suffit avec le passé. Nous bâtissons l'avenir, maintenant.
– J'ai peur.
– Je sais, mais c'est la peur qui nous a blessées. Il faut qu'on arrête d'avoir peur.
– Je ne sais pas comment faire.
– Nous apprendrons ensemble », dis-je."

Troisième vomi ! Et je vous pris de croire que lorsque l'estomac est vide, cela fait mal, très mal...
400 pages de crade-fantasy pour en arriver là, je dis chapeau bas l'artiste !
Alors, pour répondre à la question qui ouvrait mon billet : Qu'est ce qui bouge le cul des Katazyrn ? C'est l'amour. Si vous aimez Léopold Nord & Vous, vous aimerez Les étoiles sont légion.

Lu dans le cadre d'un service de presse
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Les étoiles sont légion fait partie de la deuxième vague de sorties des éditions Albin Michel Imaginaire. le roman paraitra le 31 octobre. Kameron Hurley est une autrice américaine et c'est son premier roman traduit en France. Elle a aussi écrit la trilogie Worldbreaker et la saga Bel Dame Apocrypha. Elle a été finaliste du prix Hugo pour son essai : The geek feminist revolution.

Albin Michel Imaginaire présente ce roman comme étant un space opera féministe, le livre ayant la particularité d'avoir uniquement des personnages féminins. J'avoue que ce roman m'a laissée perplexe pour plusieurs raisons, la première étant que je n'ai pas reconnu la description de l'éditeur à ma lecture. le côté space opera est léger et pareil pour le côté féministe. Il n'y a que des femmes certes, mais pour la très grande majorité elles sont victimes et subissent leur sort. le fait qu'il n'y ait que des femmes ne change pas vraiment la donne. Et j'avoue ne pas avoir trop compris pourquoi les femmes sont autant victimes, seules les deux personnages principaux tentent quelque chose pour changer leur sort, les autres subissent plutôt passivement.

La seconde raison est le manque d'explications sur certains points, une impression que l'auteure commence certaines choses sans aller au bout. le début nous balance dans l'univers sans parachute, après on arrive à s'y faire mais un peu tardivement. Cependant, j'ai eu du mal à entrer dans le récit et je ne sais toujours pas quoi penser de ce livre. Beaucoup de choses dans le roman font réfléchir et ceci même après la lecture, ce qui est une bonne chose. Mais, j'ai le sentiment de ne pas comprendre certains choix de l'autrice par rapport à ce qu'elle désirait faire avec ce roman.

Le roman se passe sur des vaisseaux-mondes organiques, sur lesquels tout est recyclé, absolument tout. Ces vaisseaux forment la ceinture extérieure et se trouvent autour d'une étoile, l'ensemble formant la Légion. Dans ces vaisseaux, deux clans se font la guerre: les Katazyrna et les Bhavaja. L'objet de ce conflit est la possession de la Mokshi, monde à part qui semble avoir des capacités inconnues des deux autres. L'aspect organique est poussé très loin par l'auteure, à un point presque écoeurant par moments. Les vaisseaux mondes sont le centre de tout, tout vit et meurt pour eux. Ce qui donne une succession de scènes explicites poussant la thématique vers le gore. Tout est recyclé, même les humains, la matière organique étant rare. Cependant, la maladie n'épargne pas les vaisseaux mondes qui sont victimes d'un cancer.

Le roman est raconté à la première personne par deux personnages différents en alternance: Zan et Jayd. Toutes les deux ont une grande importance dans les vaisseaux. Au début du récit, Zan est amnésique suite à une attaque contre la Mokshi. Jayd et Zan semblent avoir une relation étrange, fondée sur la manipulation et leur désir de changer le cours des choses. La relation entre les deux femmes est au coeur de l'intrigue, tout comme le rôle des Seigneures des vaisseaux mondes. Ces deux personnages sont des femmes fortes à la personnalité intéressante et complexe, elles sont attachantes, surtout Zan qui est confrontée à la perte de son identité et de ses souvenirs, de ce qu'elle est par rapport à ce qu'elle pense être quand ses souvenirs refont surface.

Les vaisseaux mondes font penser à des colonies d'insectes de types fourmilières, dans lesquelles la reine serait l'élément central. Les diverses femmes sont des ouvrières travaillant pour le bien-être du vaisseau en produisant tout ce dont le vaisseau a besoin, y compris avec leurs corps, en donnant la vie à ce que le vaisseau désire. Une reine les dirige appelée Mère, et peut faire tout ce qu'elle veut. Tout le côté organique du roman renforce cette impression, tout comme la seconde partie du roman avec la remontée en apnée de Zan.

Les étoiles sont légion est donc un roman étrange, clivant et inhabituel. Son univers et son ambiance sont particuliers, on peut aimer ou alors passer à côté. L'univers est original et bien construit, les thématiques également, ce qui en fait un roman intéressant. Pourtant, le roman me laisse un goût amer (peut-être lié à cet aspect organique) et je ne sais toujours pas vraiment quoi en penser.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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En voilà un livre déroutant... et même dégoûtant, par moments. Mais qui comporte quelques idées très intéressantes. Enfin, c'est le premier livre de SF que je lis dont les hommes sont complètement absents ! Pas disparus, ni regrettés, ni détestés : non, ils n'existent tout simplement pas.

Dans ce roman, on suit deux personnages femelles qui n'ont d'humain que le fait d'avoir 2 bras et 2 jambes, des yeux et des sentiments. Et encore, on n'en est pas sûrs. En incipit, le livre est dédié par l'auteur « à toutes les femmes brutales » : c'est donc de cela qu'il s'agit, de femmes brutales qui s'affrontent sur des vaisseaux-mondes immenses et organiques flottant dans le néant de l'espace, dirigées par une « seigneure » qui les envoie au casse-pipe contre d'autres ruches ou au « recyclage » comme une reine des fourmis toute puissante. L'une de ces soldates se réveille, amnésique, à la suite d'une opération d'invasion qui a mal tourné (tout le monde est mort, sauf elle). On lui dit qu'elle va devoir repartir, sans se poser des questions, et tout faire pour revenir. On lui parle de « monde » à voler, d'enfant à naître, de vaisseau à soigner, de bras métallique, de trahison, d'amour... et surtout, d'une mystérieuse « Mokshi » qu'il faut à la fois conquérir et sauver. C'est le but de tous ces affrontements entre ruches : s'emparer de cette fameuse Mokshi.

Honnêtement, à ce stade, on ne comprend rien. C'est quoi la Mokshi, pourquoi est-ce si important, où se trouvent ces femmes si étranges, que sont-elles, à quoi ressemblent-elles vraiment ? Dans cet univers, tout est nouveau à première vue, et il faut accepter d'être aussi perdu que Zan, la générale amnésique. Au début, j'ai eu un peu de mal, je l'avoue. Où nous emmène-t-on ? Même les narratrices (une qui a perdu la mémoire, et l'autre qui veut tout nous dissimuler) n'ont pas les mots pour décrire ce qu'elles voient : des murs mous qui « pulsent », « d'étranges animaux qui servent de véhicule », des « tubes bizarres »... Mais, au fil des pages, on s'habitue à cet univers gluant et palpitant, et on comprend ce qu'il est. Les enjeux, et l'intérêt à suivre ces opérations sans cesse renouvelées, aussi, apparaissent. Car ce monde organique qui sert à la fois de nid, de maison, de ressource et de famille (au sens littéral...) est malade, et la survie de ces femmes dépend de la sienne. Les informations sont délivrées au compte-goutte, et parfois de manière erratique, mais à la fin, tout fait sens (je me suis amusée à relire le début après avoir terminé le roman, et ça m'a paru évident). Cela vaut le coup de s'accrocher, car une fois les choses bien en place (fin de la première partie), l'action démarre enfin et il devient difficile de lâcher. Toute la quête de Zan dans les entrailles du vaisseau Katazyrna est vraiment passionnante. Un peu dégueu, mais passionnante !

C'est un roman que je peux comparer à La porteuse de mort de Stark Holborn (ce qui me fait dire qu'il y a toute une vague de SF comme ça qui arrive, et c'est cool), à plus d'un titre : les secrets sur la protagoniste dont l'identité réelle n'est révélée qu'à la toute fin, le côté crade, gore et violent (ici, d'une manière viscérale), la volonté de mettre en scène des femmes fortes dans toute leur complexité (mères, guerrières, et amantes) qui luttent, s'affrontent, s'aiment et s'entraident sans les hommes (qui n'existent pas — ou plus — ici).

Enfin, ce roman m'a fait penser aux mangas de Tsutomu Nihei, pour le côté quête dans des mondes complètement déroutants sur des milliards de niveaux, par un personnage amnésique et post-humain (je peux pas pousser plus loin les comparaisons pour ne pas spoiler, mais la fin de ce livre ressemble beaucoup à celle de Blame !)

Mais comme ces deux oeuvres précitées, je pense que ce roman est tout sauf un livre consensuel, qui peut plaire à tout le monde. Pourtant, il n'est pas à proprement parler exigeant : pas de concept ou de terme compliqué, une écriture simple, accessible, directe, qui colle bien au style des personnages. Attention tout de même aux gens sensibles au body-horror ou allergiques aux histoires d'accouchement, de saignements et d'utérus, parce qu'il y en a pas mal... Je verrais bien cette histoire adaptée en BD. Ça pourrait donner quelque chose de vraiment impressionnant !

Si vous cherchez de la SF originale, qui ne ressemble à (presque) rien d'autre et qui bouscule un peu, et surtout un roman qui a vraiment dépassé le concept du space-opera pour papa, allez-y. Pour ma part, je vais regarder de près les autres romans de cette autrice ! À commencer par son essai The Geek Feminist Revolution, publié en 2016 (et non traduit).

Encore une fois, merci à Albin Michel Imaginaire de nous apporter ces romans-là, et merci pour ce SP déroutant !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le monde est vivant, oui, mais est-il davantage qu'un ensemble d'organes, de chair et de fluides ? Est-il conscient ? Doué de sensations ? Le monde est-il littéralement une divinité, une créature qui nous a capturées comme Casamir a capturé ces femmes en cage ? Je nous imagine tournant autour du Cœur brumeux du soleil génération après génération, engagées dans une bataille non seulement contre nous-mêmes, mais contre toutes les choses terribles qui se développent autour de nous et en nous, nous liant si fort à elles que nous ne pouvons exister sans elles.
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— Qu'est-ce que la liberté ? dit Arankadash. C'est le contrôle du corps, et de sa progéniture, et de sa propre place dans le monde.
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Quand on comprend la nature du monde, on a le choix entre deux possibilités : soit en devenir une partie et perpétuer ce système jusqu'à la génération suivante, soit le combattre et le briser, et construire quelque chose de nouveau.
La première possibilité est plus sûre, plus facile. La seconde plus effrayante, car qui dit que ce qu'on construira sera mieux ?
Mais vivre en esclavage n'est pas vivre.
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Des ténèbres, puis du vert laiteux.
Aspirée de la surface du monde, je m'enfonce profondément dans l'intérieur d'émeraude verdoyant de Katarzyna, née de nouveau peut-être pour la millionième fois, ou seulement la dixième. En tout cas, ce n'est que la deuxième dont je me souvienne.
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Vivre dans le ventre d'un organisme vivant me dérange.
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