Le troisième tome commence avec un chapitre bouleversant sur la sangsue déshumanisée du premier tome. Il s'agit bien de celle qui avait séquestré Yoko. Celle-ci la prend en filature. Tout comme elle, il désire renouer avec sa vie passée et y croit. Pris dans son tourbillon négatif, nous assistons à la déchéance d'un homme. Il s'écroule littéralement face à son monde qui s'envole devant lui. Il s'était déjà construit sans lui et continuera de le faire. Il a au moins la décence de l'accepter et de renoncer à une énième crise de violence. C'était bien écrit et mis en scène. Cela m'a déjà bien mis dans l'ambiance et posé de nombreuses questions sur l'authenticité de la démarche de Yoko. Cela va en tout cas renforcer son idée de confronter passé et présent, en questionnant ainsi les choix qui l'ont menée à devenir une sangsue.
Nous avons droit à des flashbacks de la vie de notre héroïne. Son père est, comme on l'imaginait bien, une véritable raclure. Violent, dominateur, pervers, cet homme à l'apparence frêle, manquant de confiance en lui et se sentant impuissant, passe ses nerfs sur sa fille. Il ne faut pas oublier le petit ami manipulateur et menteur. Nous pouvons confronter le point de vue actuel de Yoko, parsemé de doutes, à son passé douloureux qui l'a poussée à partir. Un nouveau personnage du nom de Tetris entre en scène : la sangsue tueuse à gages. Encore une fois, les choix des personnages sont construits et réalisés avec profondeur et réalisme. Cela apporte une complexité et une richesse à l'oeuvre de
Daisuke Imai.
Après l'épisode dans la maison, nous en apprenons plus sur Makoto et son passé. Il se fait surnommer par sa nouvelle mère et mentore "Kara" ou "Karapace vide". Il a construit son univers autour du mode de vie des sangsues. Yoko voit en lui un esprit résilient qui l'attire et qui fait écho. On a donc un brin d'optimisme dans toute la violence que déchaîne l'univers créé par la société et comment cette mère spirituelle l'a transformé et encore plus perverti.