« Derrière chaque richesse se cache un crime » écrivait L'ami
Balzac, cité à la page 159, au détour de cet ouvrage déjà critiqué 120 fois.
Donc ll faut faire court .
J'ai été impressionnée——-c'est le moins que je puisse écrire ——-par cette fresque ambitieuse située à la fin des années 80 où l'on côtoie le capitalisme triomphant et ses champions, celui des économies soviétiques, ces flux d'argent ces fortunes , celle de L'UBS en dizaine de milliards où sécurité bancaire , discrétion s'inversent dans l'opinion publique au profit de : risque, doute et insolence ….où les jeux de l'argent roi, du pouvoir, ces machines monstrueuses génèrent du profit au delà de tout entendement , l'argent , un moyen , un but , un prétexte , une dématérialisation de nos existences , un système financier fou qui échappe même aux professionnels du secteur …
Les banques ces forteresses sûres : derrière lesquelles se cachent essaimage, fusions troubles, rachats , poisons gloutons, blanchiment d'argent, financement occulte des partis politiques , à la différence que ces entreprises ne se déploient pas par fécondation et multiplication cellulaire mais cannibalisme et phagocytage…
Tout devient marchandage : les corps , les femmes , les privilèges , les financières prometteuses et avides telle Svetlana et ses tractations troubles dans les hautes sphères et sa rencontre opportune avec Aldo Bianchi, prof de tennis gigolo ,porteur de valises , leur histoire d'amour… Odile, cinquantenaire , mariée au richissime René….banquier genevois , et bien d'autres sous - fifres ..
L'auteur, en mots cinglants , brûlants , glaçants, décortique implacablement ces mécaniques complexes avec un sourire , celui du grand Charles - Ferdinand RAMUZ et ses oeuvres , notamment le magnifique titre : « La beauté sur la terre » .
Il dresse le portrait impitoyable , imagé , féroce d'êtres aux marges de la morale, répréhensibles sur de nombreux points, en proie à l'appât du gain sans gêne , en marchandant avec eux - mêmes et leurs consciences .
L'écriture est vive, percutante, rapide, efficace ..
La mécanique narrative est implacable, des banquiers mafieux , avocats , voyous , proxénètes , hommes de main, « Quand on ne peut pas avoir , on détruit » écrivait CH, F RAMUZ,., prostituées et hommes riches de plus en plus riches ….
C'est un roman noir , addictif, prodigieux , l'auteur , styliste hors pair doublé d'un moraliste à l'état pur , à l'aide d'une écriture explosive nous introduit —— ce qui est atypique dans ses réflexions personnelles ——nous donne son point de vue ironique , cynique , désabusé , sur sa propre histoire .
Il dépèce avec férocité les hommes et la société capitaliste d'une manière brillante , ambitieuse et aboutie , jusqu'au round final , où il y a toujours plus avide , cruel et féroce que soi.
De la Suisse au Mexique en passant par la Corse ….
Une mécanique insolente ….Une histoire d'érotisme , de vanité , de fortune, de ruse, de trahison , de nouveaux riches, d'ambition , de crime , d'amour aussi ?
On ne lâche pas cet arc narratif qui nous scotche de la nébuleuse financière aux petits arrangements aux folles équipées ,…de trop , et tout ça pour LE DIEU ARGENT .
Pas réussi à faire plus court …
Cela m'a fait penser au « Bûcher des Vanités » de
Tom-Wolfe , lu il y a longtemps.