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3,67

sur 594 notes
Quel singulier roman ! C'est le premier que je lis de Joseph Incardona, mais sans doute pas le dernier.
Cap sur Genève, entre 1989 et 1990, dans le monde de la finance.
Le fric est roi et tombe à flots pour tout ce petit monde de banquiers et d'investisseurs en tout genre. L'argent s'étale dans les maisons, dans les bureaux et se planquent sur des comptes en Suisse et ailleurs, la législation financière de l'époque étant bien plus légère que celle d'aujourd'hui.
Dès le début, on est fixé par l'auteur. Ce livre est une histoire d'amour. Aldo, prof de tennis, séduit les femmes d'hommes d'affaire et leur soutire de l'argent. C'est qu'il est très beau... Cette fois-ci, ça tombe sur Odile, qui reste lucide mais malgré tout tombe amoureuse (le terme est approprié) du gigolo. Elle comprend bien qu'il veut du fric et lui propose de transporter une mallette pleine de billets, en échange d'une rémunération importante pour lui, petit prof.
Svetlana travaille pour une banque d'affaire et tente de faire ses preuves dans ce milieu. Elle est amenée elle aussi à transporter les fameuses mallettes et rencontre Aldo de cette manière. Entre les deux, c'est le coup de foudre et c'est là que l'histoire d'amour débute. Les deux sont fusionnels. Mais ils veulent devenir riches et imaginent un plan très ingénieux (vraiment ?) pour le devenir autant que leur entourage, pour faire partie des grands.
On suit plusieurs personnages, d'un chapitre à l'autre, qui tous auront un rôle à jouer dans cette grande machinerie qu'est ce roman. Ça avance doucement mais sûrement, et on sent bien que tout est très bien huilé, l'intrigue se dévoilant tout doucement sous nos yeux.
Plus que l'histoire, c'est l'écriture qui m'a charmée et cet univers incroyable, impitoyable même, à la Dallas. Je n'ai pas tout saisi des magouilles financières, mais ce n'est pas bien grave. Joseph Incardona a beaucoup d'humour, une plume extrêmement vive et un style unique. Il nous apostrophe sans lourdeur, se permet des digressions et des remarques sur ces personnages qu'il traite avec sympathie. Je me suis beaucoup amusée et j'ai tourné les pages avec hâte. Malgré un texte long, les chapitres très courts et l'écriture de l'auteur rendent la lecture fluide.
J'ai senti un léger essoufflement sur les cinquante dernières pages. La troisième partie m'a moins plu et j'ai trouvé que la fin était précipitée. C'est sans doute un parti pris, illustrant la précipitation des sentiments de nos deux héros, mais je suis restée un peu frustrée.
La soustraction des possibles aborde des thèmes très intéressants, comme la corruption et le blanchiment d'argent, le pouvoir, les tractations dans les hautes sphères, la place de Svetlana (et des femmes) dans le monde de la finance, la traite des femmes dans les pays de l'Est et la prostitution...
Au final, l'argent va à l'argent, ou bien ce sont les plus riches qui s'arrangent pour le rester ou l'être davantage encore.
Ce roman a pu me rappeler mort d'un roi du tango de Jérôme Charyn et le bûcher des vanités, exceptionnel roman de Tom Wolfe.
Je me souviendrai de ce roman !
Sélection Prix Cezam 2021.


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La soustraction des possibles est le roman du fric et de l'amour. Du fric : celui qu'Aldo, professeur de tennis, convoie entre la France et la suisse, sur proposition de sa maîtresse, la femme d'un homme d'affaire complaisant. D'amour : celui qu'Aldo va connaître avec Svetlana, financière croisée sur la route des valises , en quête d'argent et de reconnaissance.
Roman cynique à l'image de son narrateur, récit palpitant qui vous mène du Mexique à la Corse, texte ambitieux aux personnages percutants, La soustraction des possibles est le roman de ceux qui en veulent toujours plus. Au final, 500 pages sans temps mort écrites par un écrivain clairvoyant, à lire ne serait ce que pour le prologue car il est comme le reste : totalement addictif !
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D'un côté, on a Aldo Bianchi, professeur de tennis dans un luxueux complexe hôtelier, qui n'hésite pas à jouer de son physique pour séduire de richissimes femmes plus âgées que lui : elles savent se montrer très généreuses. Il a conquis Odile, riche épouse d'un riche banquier genevois. de l'autre côté, on a Svetlana, jeune banquière aux dents longues, originaire des pays de l'Est, prête à tout pour rejoindre la cour des grands. Joseph Incardona le dit lui-même : le point focal de ce roman, c'est l'argent. L'auteur va nous présenter le monde des nantis, de ceux qui sont scandaleusement riches, mais aussi celui des gens qui gravitent autour d'eux et qui espèrent bien gagner eux aussi leur place au soleil. Ne vous y trompez pas, il s'agit bien d'une folle et brève histoire d'amour qui se déroulera d'octobre 1989 à février 1990. Aldo et Svetlana vont s'aimer passionnément, mais vous saurez dès le début du roman qu'il s'agit d'une tragédie.
***
Plus encore que la passionnante histoire d'amour et d'argent que Joseph Incardona nous raconte dans La Soustraction des possibles, plus encore que les personnages fouillés et loin des clichées, c'est l'écriture et l'originalité narrative qui m'ont conquise. L'auteur emploie beaucoup de phrases nominales, certaines très courtes, présentées à la ligne ; couplées aux longues périodes, elles donnent un rythme tout à fait particulier et très personnel. Des digressions fréquentes s'intercalent dans la trame du récit sans nous en faire perdre le fil. C'est le cas de la description de l'hôtel où exerce Aldo ou encore du périple des filles venues de l'Est et de ce qu'elles subissent avant d'arriver en Suisse ou ailleurs. La focalisation varie fréquemment et les interpellations au lecteur, comme d'ailleurs aux personnages, abondent et se révèlent souvent pleines d'humour. Joseph Incardona joue à brouiller la frontière entre narrateur et auteur jusqu'à s'interpeller lui-même (« Quoi donc, Incardona ? p. 226) et à dialoguer avec ses personnages à plusieurs reprises en affirmant, par exemple, que ce sont bien eux qui commandent... Il vous prévient quand il résume, souligne un moment crucial, annonce une prolepse et la met immédiatement en doute, bref, il vous balade avec talent et ironie. Il vous entraînera aussi brièvement dans un scénario. Les allusions littéraires parsèment le texte, claires (Ramuz, bien sûr, mais aussi Réjean Ducharme et Patrick Manchette) ou en forme de clin d'oeil (« elle préfère ne pas »). J'avoue être allée vérifier l'authenticité de quelques-unes des citations placées en exergue, celles de van Damme et de Mesrine entre autres… Un roman très original et passionnant malgré quelques longueurs.
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Les aux troubles du Léman

Attention, chef d'oeuvre! La soustraction des possibles est LE livre à lire, surtout quand on a un peu de temps devant soi car, quand vous l'aurez commencé, vous ne pourrez plus lâcher cette merveille.

Joseph Incardona nous avait laissé avec un roman riche de promesses autour d'un thème très original. Dans Chaleur il nous racontait un extraordinaire championnat du monde de sauna. Des promesses qu'il fait bien mieux que concrétiser avec ce roman que l'on aimerait d'emblée affubler d'une belle guirlande d'adjectifs, à commencer par addictif. Mais on y ajoutera aussi fascinant, érudit, puissant, prodigieux, intense, inoubliable. Bref, La Soustraction des possibles fait partie des rares titres qui à mon sens ne doivent manquer dans aucune bibliothèque. Il répond en effet à tous les critères que j'ai définis pour cela: la lecture doit être agréable, l'ouvrage doit enrichir notre culture en s'appuyant sur le réel et les personnages doivent marquer notre mémoire.
Mais cessons de vous faire languir et venons-en au récit qui s'ouvre sur une leçon de tennis donnée par Aldo Bianchi à Odile. Les leçons de tennis particulières sont pour le presque quadragénaire l'occasion d'approcher la gent féminine et notamment les bourgeoises délaissées par leurs maris. En mettant Odile dans son lit, il cherche à entrer dans ce «beau monde» qui, on va vite le découvrir, n'est pas si beau que ça.
Nous sommes en effet au moment où le mur de Berlin tombe, où le bloc soviétique explose et où l'argent afflue dans les coffres des banques suisses encore protégées par le secret bancaire. le mari d'Odile profite de cette situation, su service d'un directeur de banque qui n'a guère davantage de scrupules que son épouse qui organise et contrôle. Aldo est chargé de faire des allers-retours entre Lyon et Genève et de transporter des sacs de billets de banque d'un point à un autre sans poser de questions, sans se faire prendre et d'empocher pour ce service une grasse commission. Une affaire qui roule…
C'est à ce moment que Svetlana entre en scène. Tout comme Aldo, elle est un rouage essentiel du trafic, tout comme Aldo elle cherche à comprendre comment circule l'argent, tout comme Aldo elle se méfie de tout le monde. Mais ni l'un ni l'autre n'ont envisagé que l'amour pourrait ajouter du piment à leurs ambitieux desseins. Ils imaginent comment réussir un «gros coup», comment se venger de ces «exploiteurs».
Le diabolique Joseph Incardona sait attraper son lecteur avec les ingrédients du polar, du suspense, des retournements de situation, l'apparition de la mafia corse, d'une bande de malfrats plus idiots que méchants ou encore de prostituées qui jurent de briser leurs chaînes. Mais ce qui donne à ce roman toute sa richesse, c'est à la fois son style et sa profondeur. Car le polar n''est qu'un prétexte. Au fil des pages, on va découvrir comment se sont construites les grandes fortunes dont les propriétés bordent le Lac Léman, comment les capitaines d'industrie et les banquiers ont ensemble fait fructifier leur argent – bien loin de la propreté helvétique. On va aussi, comme Balzac avec sa comédie humaine, plonger dans cette folie, cette avidité que l'argent peut susciter dès qu'on peut le humer. Qui a du reste affirmé qu'il n'avait pas d'odeur? Il a l'odeur du sang, du stupre, du cynisme, de la vengeance, de la peur…
Avant de conclure, disons encore un mot du style, lui aussi exceptionnel. Joseph Incardona a trouvé le moyen d'habiller son récit de références littéraires, de citer ici Ramuz ou là Norman Mailer, de placer quelques digressions qui nous offrent – un peu à la manière d'un hyperlien – d'approfondir tel ou tel aspect de l'histoire, mais aussi de jouer avec le lecteur en lui proposant d'apprécier telle ou telle intervention de ses personnages.
Vous l'aurez compris, La soustraction des possibles est le meilleur roman que j'ai lu cette année. Et à en juger par la longue liste des Prix littéraires pour lesquels il est sélectionné, j'imagine que je ne suis pas le seul à le penser. Affaire à suivre!


Lien : https://collectiondelivres.w..
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«  Derrière chaque richesse se cache un crime » écrivait L'ami Balzac, cité à la page 159, au détour de cet ouvrage déjà critiqué 120 fois.
Donc ll faut faire court .
J'ai été impressionnée——-c'est le moins que je puisse écrire ——-par cette fresque ambitieuse située à la fin des années 80 où l'on côtoie le capitalisme triomphant et ses champions, celui des économies soviétiques, ces flux d'argent ces fortunes , celle de L'UBS en dizaine de milliards où sécurité bancaire , discrétion s'inversent dans l'opinion publique au profit de : risque, doute et insolence ….où les jeux de l'argent roi, du pouvoir, ces machines monstrueuses génèrent du profit au delà de tout entendement , l'argent , un moyen , un but , un prétexte , une dématérialisation de nos existences , un système financier fou qui échappe même aux professionnels du secteur …

Les banques ces forteresses sûres : derrière lesquelles se cachent essaimage, fusions troubles, rachats , poisons gloutons, blanchiment d'argent, financement occulte des partis politiques , à la différence que ces entreprises ne se déploient pas par fécondation et multiplication cellulaire mais cannibalisme et phagocytage…

Tout devient marchandage : les corps , les femmes , les privilèges , les financières prometteuses et avides telle Svetlana et ses tractations troubles dans les hautes sphères et sa rencontre opportune avec Aldo Bianchi, prof de tennis gigolo ,porteur de valises , leur histoire d'amour… Odile, cinquantenaire , mariée au richissime René….banquier genevois , et bien d'autres sous - fifres ..


L'auteur, en mots cinglants , brûlants , glaçants, décortique implacablement ces mécaniques complexes avec un sourire , celui du grand Charles - Ferdinand RAMUZ et ses oeuvres , notamment le magnifique titre : «  La beauté sur la terre » .

Il dresse le portrait impitoyable , imagé , féroce d'êtres aux marges de la morale, répréhensibles sur de nombreux points, en proie à l'appât du gain sans gêne , en marchandant avec eux - mêmes et leurs consciences .

L'écriture est vive, percutante, rapide, efficace ..

La mécanique narrative est implacable, des banquiers mafieux , avocats , voyous , proxénètes , hommes de main, «  Quand on ne peut pas avoir , on détruit » écrivait CH, F RAMUZ,., prostituées et hommes riches de plus en plus riches ….

C'est un roman noir , addictif, prodigieux , l'auteur , styliste hors pair doublé d'un moraliste à l'état pur , à l'aide d'une écriture explosive nous introduit —— ce qui est atypique dans ses réflexions personnelles ——nous donne son point de vue ironique , cynique , désabusé , sur sa propre histoire .

Il dépèce avec férocité les hommes et la société capitaliste d'une manière brillante , ambitieuse et aboutie , jusqu'au round final , où il y a toujours plus avide , cruel et féroce que soi.

De la Suisse au Mexique en passant par la Corse ….

Une mécanique insolente ….Une histoire d'érotisme , de vanité , de fortune, de ruse, de trahison , de nouveaux riches, d'ambition , de crime , d'amour aussi ?
On ne lâche pas cet arc narratif qui nous scotche de la nébuleuse financière aux petits arrangements aux folles équipées ,…de trop , et tout ça pour LE DIEU ARGENT .
Pas réussi à faire plus court …
Cela m'a fait penser au «  Bûcher des Vanités » de Tom-Wolfe , lu il y a longtemps.
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Genève, fin des années 80. Avec la chute du bloc de l'Est, capitalisme et libéralisme sont rois. Surfant sur les possibles, les Golden boys menent les débats. C'est le cas d' Aldo, prof de tennis gigolo et Svetnala, financière aux dents longues qui ont soif de tout. Ils veulent plus d'argent, plus de pouvoir, plus de reconnaissance.
Les voilà qu'ils ambitionnent de réussir un grand coup et d'empocher cet argent qu'ils transportent semaine après semaine.
Mais à trop en vouloir , ne risquent ils pas au final de tomber sur plus forts et malins qu'eux?

On avait parlé de Joseph Incardona, écrivain suisse d'origine italienne. à l'occasion de la sortie en poche d'une saison en enfance

Joseph Incardona est actuellement sous les feux de l'actutalité de cette rentrée d'hiver littéraire 2020 avec La soustraction des possibles qui dresse une véritable comédie humaine aux personnages marqués par l'espoir de tout gagner.

On a ingurgité ce gros mais très passionnant roman noir de la finance dont l'argent est au centre des débats

Incardona nous épate par sa construction de son récit et la puissance de son écriture., qui surfe sur les différents modes de narration et de rythmes, est proprement imparable.

Un roman haletant sans concession, cynique et à lire comme un page turner !!

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est un bien étrange livre que celui-ci… Et, surtout, c'est un livre dont il est difficile de dire si on l'a aimé ou détesté, en réalité.

L'histoire est effectivement, comme annoncé en quatrième de couverture, subtile et implacable. Écrit autrement, ce livre pourrait être un roman noir ; entre les mains d'un Zola, cette histoire aurait pu devenir un grand roman social ; rédigé par un sociologue, ce pourrait être un essai sur l'année 89-90, qui, pour les quarantenaires – ou plus – qui s'en souviennent, est celle de la deuxième victoire de l'OM sous l'ère Bernard Tapie. Tout est dit : alors que le bloc de l'Est implose, le capitalisme triomphant semble renverser tous les obstacles. L'argent peut tout, il est partout.

Mais la forme choisie par Joseph Incardona fait de ce livre un objet tout à fait particulier. Tout d'abord, il y a cette voix off, qui s'adresse parfois directement à nous, lecteurs, pour nous livrer des éléments que nous n'aurions pas pu saisir, ou nous annoncer des choses à venir. le procédé est particulier, et sincèrement, par moment agaçant.

On voit également, autre caractéristique du livre, qu'il a dû y avoir un travail de recherche conséquent. Mais, là aussi, c'en est parfois agaçant, comme, par exemple, lorsque l'auteur, pour nous décrire le parc des Eaux-Vives, à Genève, nous fait toute son histoire en remontant jusqu'au XVIe siècle, au moment du percement du tunnel du Saint-Gothard. Sur quatre pages (18 à 21), on a l »impression qu'il nous ressort toute la fiche Wikipédia du sujet, depuis la famille Plonjon, jusqu'au menu de 1993 du restaurant qui y est installé. Il n'est pas certain que tout cela soit utile à l'histoire.

Mais, autant on peut être agacés à certains passages, autant l'on est emportés à d'autres. Avec des fulgurances, avec des moments de grâce, avec des personnages incroyables, comme Mimi Leone, figure du milieu corse.

En revanche, il y a un mystère que je ne suis pas certain d'avoir percé, celui du titre du livre. La soustraction des possibles. Page 268, l'auteur nous donne une clé… mais on n'est pas certain de ce qu'elle ouvre :

« le problème, avec la vie qui avance, c'est qu'elle soustrait les possibles », nous dit-il, alors que l'on vient d'apprendre que l'un des personnages souffre d'un cancer.

Sans aucune certitude sur ce que l'auteur entend précisément par là, j'ai plaqué sur cette citation deux idées – liées entre elles – qui me trottent dans la tête. D'abord celle que, au fur et à mesure des choix que la vie nous oblige à effectuer, un certain nombre de portes s'ouvrent ou se ferment – les fameux « possibles » -. Et, pour en donner une illustration très concrète, c'est la façon de voir de tous ceux qui n'aiment pas réserver leurs vacances un an à l'avance. Les adeptes de l'anticipation expliquent que cela leur donne le temps de rêver à ces prochains congés, cela les aide à se projeter. Mais, pour ma part, tant que je n'ai pas bloqué une destination, un hôtel, un vol, j'ai l'impression que le monde entier est « possible » ; alors que dès qu'un choix aura été fait, il n'y aura de « possibles », seulement une certitude unique, limitée, circonscrite…

Est-ce cela, ou quelque chose d'approchant, que l'auteur avait en tête ? Je l'ignore… mais voilà ce que cette formulation a signifié pour moi pendant cette lecture. Et cela s'appuie en partie sur le fait que, dans cette histoire, chaque personnage est appelé à faire ses choix, et donc à renoncer à certaines voies ouvertes initialement. Choix et conséquences… cela aurait pu être un titre alternatif.

C'est une histoire clinquante, mais aussi une histoire sombre ; une histoire sans odeur mais aussi une histoire au parfum sulfureux que nous propose Joseph Incardona. Et il nous laisse en permanence au milieu du gué. Ni tout à fait au sec, ni tout à fait mouillés. Entre deux eaux. Mais avec un art consommé !

Alors ? Alors je ne sais pas dire à qui cette histoire plaira, et à qui elle ne plaira pas. Cela m'arrive rarement. Parfois je crois savoir et je me trompe. Là, je ne sais pas. Mais je trouve que cela vaut le coup d'essayer, à la fois pour la mécanique de précision – suisse ! -, et pour toutes les interrogations que ce livre soulève. Vous aimez vous faire un peu promener, voire chahuter ? Alors je vous invite à tenter l'aventure !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Une plume qui se donne plein de libertés loin des clichés actuels des romans écrits sur « ce qui se vend ». Un joueur de tennis se sert de son physique pour côtoyer les riches helvétiques et acceptera d'être transporteur de blanchiment d'argent jusqu'à ce qu'il tombe dans un traquenard qui lui fera réviser sa mentalité parce qu'en plus il découvre le véritable amour. Une écriture cinématographique, des envolées jubilatoires où parfois il s'adresse au lecteur, des personnages fouillés, une intrigue bien construite bien que pas tout compris de ce monde de la finance où, pour le profit, tous les coups bas sont permis. Une analyse intéressante et parfois surprenante sur nos concitoyens. Des phrases qui claquent et n'épargnent personne. Des paysages que je connais. Un Suisse qui n'a rien à envier aux américains. Une agréable surprise !
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J'ai adoré ce livre, un peu lu par hasard, parce qu'il trainait là dans ce chalet suisse sans Wifi, au fond des bois.
Avec stupeur j'ai compris que l'auteur (suisse comme le chalet) avait écrit là son 12e roman et qu'il était inconnu au bataillon (à mon bataillon tout au moins ).
Magnifique roman noir porté par une sorte de souffle néo-tragique , La Soustraction des possibles nous embarquent entre Lyon et Genève à la fin de 1989.
Le dispositif narratif est audacieux , spectaculaire : c'est celui du coryphée.
L'auteur se met à nos côtés pour commenter, annoncer et soustraire. C'est vraiment balèze, le méta-récit est à la fois drôle, érudit et parfaitement maîtrisé.
Alors alors qu'est ce Joseph Incardona, notre impeccable démiurge suisse nous concocte ?
Petite anecdote : Si je sors du chalet et suis les piquets bleus ( il n'y a pas un pet de neige, il fait quasiment 15 degrés à 1000m ) , je monte monte monte et hop je suis sur la Dole, face au Mont Blanc . A mes pieds ( enfin tout en bas ) le Léman et Genève , son jet, ses banques où ....se déroule quasi toute l'action du livre ! Incroyable.
Joseph, donc, suis :
Aldo, l'ex-futur champion de tennis devenu gigolo
Odile, Mme Bovary pré-ménopausée, raide dingue d'Aldo
Svetlana, jeune louve , bébé banquiére, raide dingue d'Aldo (qui le lui rend bien)
Mimi, veuve corse et bandit de grand chemin , raide dingue de sa fille handicapée
Et Max, Horst,René, Christophe tous plus véreux les uns que les autres, avocats ou banquiers.
En trois actes, comme il se doit, on va s'aimer, magouiller, s'entretuer, c'est de la haute voltige . Tout un engrenage inéluctable et diabolique aboutira à une stupéfiante scène finale.
Rien de tout cela n'est gratuit ( bien sur) : Incardona dénonce les rouages du capitalisme en moraliste brillantissime . le Mur est tombé, les oligarques soviétiques ont du fric à placer, Zurich, Genève ont le secret bancaire...
ça va saigner.
J'ai lu dans la somptueuse critique de @Kirzy , sa préférence pour le personnage d'Odile. Permettez-moi d'avoir une immense compassion pour Aldo , son hyper-testostéronémie, et sa louze implacable.
Celle ou celui qui a laissé ce livre dans le chalet m'a fait un beau cadeau de Noel.
J'ai commandé Les Corps Solides paru fin aout 2022 . Je me régale d'avance.
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C'est un peu « le bûcher des vanités » dans sa version francophone. New York devient Genève mais l'argent est y toujours ce roi sans partage. L'époque, les années 90 et la fin de l'empire soviétique, hystérise les comportements, excite les appétits, avilit les instincts. Joseph Incardona sait planter un décor, introduire un personnage, provoquer une tension. En quelques lignes, on agrippe les fils des marionnettes, d'autant qu'il s'amuse à nous expliquer comment il les manipule. Ce dialogue avec le lecteur pourrait s'avérer déroutant. Il est savoureux. Mais tout n'est pas parfait. Les ficelles sont un peu grosses, parfois. Je ne suis pas friande des formules telles que « nous en étions là quand… », « sauf que... », « oui mais voilà… », ça donne l'impression diffuse que l'écrivain se fatigue à raconter.
J'ai aimé la première partie du livre, quand les vanités s'installent. Incardona fait un portrait au vitriol de ce monde de la finance où seuls les carnassiers prospèrent, où le crime n'est jamais loin du profit. Avec un peu de tendresse et beaucoup de cruauté, il dépeint la riche ménopausée, la jeune ambitieuse, le gigolo frustré ou le banquier cynique. Son tableau est d'un réalisme stupéfiant.
J'ai été moins convaincue par la deuxième partie du livre, quand les vanités des protagonistes s'entrechoquent, quand le dénouement approche et que la testostérone de l'auteur finit par gâter son style et faire douter de la finesse qui semblait le caractériser jusque-là. En 2019, on ne devrait plus lire qu'un homme pénètre une femme sans préliminaire tellement elle mouille. On dirait du Gérard de Villiers. « La Soustraction des possibles » est un roman haletant, truffé de scènes d'anthologie, mené tambour battant. Un livre parfait pour l'été prochain.
Bilan : 🌹
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