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3,67

sur 594 notes
L'argent n'a pas d'odeur, mais pour Joseph Incardona, il a une couleur : le noir. Car c'est bien un roman noir que j'ai lu, avec quelques tâches écarlates de sang en prime.

Cette tragédie suisse en 3 actes se déroulant dans les années 90 est furieusement bien construite, sous le regard parfois tendre mais toujours implacable de son auteur. Les engrenages de la couvertures font tourner la planche à billets, entraînant avec eux leur lot de désillusions...
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En examinant l'ensemble de l'oeuvre de Joseph Incardona on observe tout d'abord le parcours de son alter ego de papier, André Pastrella dont on découvrait les aventures dans un premier roman intitulé le Cul Entre Deux Chaises (BSN Press 2014) suivi de Banana Spleen (BSN Press 2018) pour s'achever avec Permis C(BSN Press 2016) prequel à la fois tragique et émouvant évoquant l'enfance de l'auteur. Un ensemble de personnages cabossés, vivant à la marge, qui nous rappelle l'univers désenchanté de John Fante ou même de Harry Crews au détour de péripéties déjantées prenant pour cadre la ville de Genève. Oscillant entre la tragédie et la critique sociale, les autres ouvrages de Joseph Incardona ont la particularité de s'aventurer sur le registre du roman noir tout en se déroulant bien loin de nos régions helvétiques. 220 Volts (Fayard Noir 2011) nous entraînait du côté des Alpes françaises tandis que Lonely Betty (Finitude 2010) et Les Poings (BSN Press 2016) nous présentait des coins reculés des USA. On échouait dans une station-service d'une autoroute du sud de la France avec Derrière Les Panneaux Il y a Des Hommes (Finitude 2015) alors que l'on séjournait sur une île perdue du Pacifique dans Aller Simple Pour Nomad Island (Seuil 2014) et que l'on suffoquait dans la touffeur d'un sauna surchauffé en suivant une compétition finlandaise déjantée dans Chaleur (Finitude 2018). Conjonction des lieux, conjonction des genres avec une intrigue se déroulant dans la Genève des eighties à une époque où l'évasion fiscale est considérée comme un art de vivre, Joseph Incardona revient sur le devant de l'actualité littéraire avec La Soustraction Des Possibles en nous proposant un roman à la fois complexe et ambitieux où il est question bien évidemment d'argent, mais également d'amour sur fond de magouilles financières qui vont forcément virer au tragique au détour d'un récit prenant la forme d'une comédie humaine à la fois sombre et féroce.

Aldo Bianchi officie comme moniteur de tennis au luxueux club du parc des Eaux-Vives à Genève. Séduisant, vaguement gigolo, il trouve dans ce magnifique écrin, quelques bourgeoises esseulées en quête d'aventures extraconjugales comme la séduisante Odile Langlois. Au-delà de leur relation, Odile propose à son amant de convoyer entre la France et la Suisse quelques valises pour le compte d'un banquier, relation d'affaire de son mari. Hautes sphères financières sur fond d'évasions fiscales, Aldo côtoie ainsi toute une diaspora de privilégiés et rencontre Sveltlana Novák, une jeune et belle financière ambitieuse dont il tombe follement amoureux. Une passion dévorante conjuguée à cette envie d'obtenir toujours plus, le couple met au point un stratagème pour écrémer une partie de ces fortunes qui transitent dans les coffres de la banque où travaille Sveltana. Mais ils vont découvrir qu'il y a plus vorace qu'eux. Une histoire d'amour, une histoire de fric, une histoire de trahison, les composantes implacables de l'équation de la tragédie.

L'une des caractéristiques du style Incardona ce sont ces fulgurantes digressions qui fusent avant d'éclater comme des feux d'artifice pour retomber sur le fil de l'histoire en définissant deux éléments essentiels de l'intrigue que sont le contexte social et le territoire. Avec La Soustraction Des Possibles c'est donc l'occasion de découvrir Genève, au terme des années 80 alors que la cité calviniste baigne paradoxalement dans un océan d'argent provenant d'une évasion fiscale outrancière qui, sous le couvert du secret bancaire inscrit dans la Constitution helvétique, se présente sous la forme d'une optimisation financière décomplexée. Et à l'aune d'une ère informatique encore balbutiante, on transfère les fonds d'un pays à l'autre dans des valises bourrées d'espèce, que l'on confie à des individus comme Aldo Bianchi qui se chargent du transport contre rémunération. Transactions financières douteuses, blanchiment d'argent, on découvre derrière les façades d'une ville austère toute une série de lieux emblématiques de Genève où se côtoient banquiers avides et entrepreneurs fortunés autour desquels gravitent toute une kyrielle d'individus souhaitant obtenir leur part du gâteau. Que ce soit le quartier des banques, les bars et autres endroits de villégiature d'une diaspora fortunée, les luxueuses résidences du bord du lac ou une périphérie plus modeste se situant en France voisine, Joseph Incardona restitue avec une redoutable précision tout un environnement vicié par l'argent, le pouvoir et une avidité sans fin. Dès lors, on ressent une certaine forme d'amour haine pour cette agglomération où l'on croise quelques personnalités comme Griselidis Réal, Mary Shelley quand ce n'est pas l'auteur lui-même qui interpelle le lecteur tout au long d'un récit rythmé qui ne cesse de bousculer nos convictions quant à l'image de cet univers de la finance s'apprêtant à basculer dans un monde globalisé où les algorithmes et les investissements dans les OGM n'en sont alors qu'à leurs balbutiements. Outre le fait de dépeindre, avec un regard éclairé, une période impitoyable où tout bascule en décrivant au vitriol tout un environnement financier complètement dévoyé, Joseph Incardona n'a pas décidé au hasard de situer son roman à la fin des années 80, puisque cela coïncide également avec le fameux casse de l'UBS, un fait divers qui a défrayé la chronique judiciaire genevoise en 1990 et dont l'auteur a choisi de s'inspirer librement en évoquant l'ombre de la mafia corse commanditaire de ce braquage rapportant un butin de 31 millions francs suisses qui n'a jamais été retrouvé.

Cette mafia corse il en est justement question avec Mimi Leone, un des personnages saisissants de la Soustraction Des Possibles qui découvre l'oeuvre de Ramuz et de Hodler ce qui l'incite à parcourir le pays pour retrouver dans les paysages helvétiques cette émotion qui inspira ces deux artistes, tout en profitant de son séjour pour faire fructifier sa fortune. C'est l'autre particularité du style Incardona qui insuffle à chacun de ses personnages cette part d'humanité qui transparaît même chez les individus les plus abjects en leur conférant une vulnérabilité qui se décline sur toute une palette d'émotions qui ne les rends d'ailleurs pas plus sympathiques à l'instar du banquier Horst Ridle, atteint d'un cancer et de Christian Noir comblant sa solitude à coup de lignes de coke et de partenaires tarifiées. Mais le dénominateur commun qui lie l'ensemble des acteurs de la Soustraction Des Possibles c'est bien évidemment cette voracité qui va alimenter une intrigue prenant la forme d'une tragédie impitoyable. Et que ce soit dans les rapports à l'argent, à l'amour et même, de manière plus triviale, au sexe, on retrouve bien cette notion de voracité au coeur de ce triangle relationnel que forme Aldo Bianchi, gigolo pathétique, Odile Langlois, bourgeoise désoeuvrés et Sveltana Novák, employée bancaire arriviste, personnages centraux d'un roman s'articulant autour de cette volonté d'en vouloir toujours plus en les conduisant ainsi à leur perte au détour d'une mécanique précise où les destins se dessinent autour de l'âpreté au gain et du crime qui en découle. Ainsi derrière l'opulence du milieu qu'il décrit, des paysages somptueux qu'il dépeint et de l'étude de caractère des personnages qu'il crée, Joseph Incardona nous offre une remarquable et ambitieuse fresque humaine qui flirte avec les codes du roman noir dont il cite un des maître du genre avec un extrait de Fatale (Gallimard 1977) l'un des derniers opus de Jean-Patrick Manchette qui s'intègre parfaitement à un récit nous offrant une multitude de références que les lecteurs, et plus particulièrement ceux ayant séjourné en Suisse et notamment à Genève, se plairont à déceler.

Symbole d'un intrigue parfaite avec cette fine mécanique ornant une couverture dorée tel un lingot clinquant, La Soustraction Des Possibles souligne incontestablement la somme de travail colossal d'un écrivain talentueux nous offrant un roman cinglant d'une rare intensité dont l'impact nous fait encore vaciller une fois l'intrigue digérée. Joseph Incardona est un auteur saisissant.

Joseph Incardona : La Soustraction Des Possibles. Editions Finitude 2020.

A lire en écoutant : Ordinary People de John Legend. Album : Get Lifted. 2004 Getting Out Our Dreams and Sony Music Entertainment Inc.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Aldo Bianchi a 38 ans, est professeur de tennis à Genève et accessoirement « gigolo » auprès d'épouses esseulées ou désoeuvrées (et vieillissantes …) de riches hommes d'affaires. Comme Odile Langlois (49 ans) qui voudrait tant croire qu'Aldo a succombé à ses beaux yeux … Et si Aldo, lui, est sûr de son pouvoir de séduction sur sa « cliente », il enrage de devoir reconnaitre qu'elle a « tout » (comprendre : l'argent) et qu'il n'a « rien » !

Et quand René, son mari, aura besoin d'une personne de confiance pour faire transiter des valises de cash de Lyon vers la Suisse, c'est tout naturellement qu'Odile lui proposera les services rémunérés de son jeune amant … Une façon comme une autre de « fidéliser » leur relation … Seulement voilà, Aldo rencontrera la jolie Svetlana Novak, cadre à l'UBS, volontiers intermédiaire des transferts de fonds à blanchir … Eh oui, elle a une petite fille à élever et un enfant, ça coûte cher …

Ça commence donc par une histoire d'argent et ça glisse lentement vers une histoire d'amour – Sauf qu'il n'est pas certain que l'amour et l'argent fassent vraiment très bon ménage … Et qu'Odile ait imaginé le même scénario …

Un roman particulièrement cynique (et parfois touchant) au rythme trépidant, digne d'un bon polar. Un style fluide, une narration agréable, des protagonistes capables du meilleur comme du pire, une intrigue plutôt accrocheuse enfin et un brin caustique ! Tous les ingrédients d'un grand cru ! Un récit que j'ai beaucoup aimé et un auteur que j'ai bien l'intention de suivre de très près !
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Aldo exerce le métier de professeur de tennis à Genève. Plutôt beau gosse, il sait saisir sa chance avec la clientèle féminine. Plus que l'âge et la beauté, c'est la richesse de l'intéressée qui dicte ses choix. Dit autrement, Aldo est un gigolo. Côtoyer des personnes aisées en ne profitant que de miettes le rend amer, et il est prêt à beaucoup pour la fortune qu'il convoite.

J'ai rapidement apprécié l'écriture, et la qualité des portraits des premiers personnages rencontrés, ainsi que la lucidité du regard porté sur les milieux dans lesquels ils évoluent.
J'ai cependant progressivement été agacé par la lenteur de la narration puis par l'intrigue.

- sélection Cézam 2021 -
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C'est un récit mené avec virtuosité, qui nous plonge dans le monde de la magouille financière, des très riche et riches en devenir. Et, comme le rappelle l'auteur parfois, c'est une histoire d'amour, ou plutôt deux histoires d'amour, que la cupidité va mener à perte.
Au-delà du scénario qui fonctionne sans temps mort et de la précision avec laquelle les choses sont posées, le plus extraordinaire dans cet ouvrage est la liberté d'écriture de l'auteur. Si l'essentiel de la narration est à la troisième personne, il passe à la première voire à la deuxième sans crier gare, changeant la focale, le temps de quelques pages. Il s'adresse quand nécessaire à son lecteur, lui donne des clés pour comprendre ce qu'il va suivre, et parfois affirme qu'il vaut mieux, pour le moment, ne pas savoir. Enfin, il ouvre des digressions quant ça lui chante, nécessaires ou non à l'avancée de l'histoire, mais toujours fascinantes, toujours pertinentes.
Une narration virtuose, des personnages que l'on n'arrive ni à aimer franchement ni à détester, une réflexion sur nos désirs profonds tandis que ruisselle l'argent ; on adore.
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Quelle belle découverte que cet auteur suisse et ce livre ! Je ne suis pas passée loin du coup de coeur, seule la conclusion de ce roman qui m'a un peu déconcertée, explique que ce ne soit donc pas un avis 5 étoiles ! Mais franchement, j'ai adoré cette lecture qui m'a transportée dans les rues et les quartiers de Genève puis de Lyon, sur les rives du Lac Léman puis sur les hauteurs corses, mais surtout dans des intrigues financières retorses...

Ce roman se déroule donc dans les milieux financiers suisses dans les années 89-90, à une époque où l'on découvrait golden-boys, paradis fiscaux et magouilles financières. On suit tout d'abord Aldo, trentenaire d'origine italienne, professeur de tennis pour quinquas riches en manque d'amour, qui arrondit ses fins de mois en offrant à ces femmes souvent esseulées un soupçon d'amour sous couvert de sexe. A force de côtoyer ces milieux chics et bourgeois, il rêve d'une vie plus aisée, d'argent et de pouvoir. Sa dernière conquête, femme d'un riche industriel, lui ouvrira les portes de ce rêve, de ce monde, dangereux. Puis on découvre Svetlana, belle, diplômée, financière intelligente et brillante qui aimerait gravir davantage et plus vite les échelons de la hiérarchie et du pouvoir. Ces deux êtres, d'origine étrangère et modeste, vont se croiser et tomber immédiatement amoureux. Ensemble, ils vont se lancer dans une vengeance sociale et se frotter, au travers de jeux d'amour, d'argent et de pouvoir, à des banquiers et avocats véreux, à la pègre, ... des jeux d'autant plus dangereux ! L'auteur nous offre donc deux personnages principaux forts et marquants, mais également une galerie de personnages secondaires tout aussi travaillés et intéressants, parmi lesquels Mimi Leone, Max Vermillon, René et Odile Langlois, ...

L'histoire est prenante, voire haletante, et elle est servie par une très, très belle écriture, une écriture recherchée et intelligente, mais accessible, avec un style fluide et agréable. le récit est parsemé de références historiques et littéraires que j'ai pris plaisir à découvrir avec notamment des citations, de Capone ou De Balzac, parfois même anonymes, données en introduction aux chapitres. Et l'une d'elles résume parfaitement ce roman, histoire d'amour mais surtout d'ambition et de convoitise : « Derrière chaque richesse se cache un crime ». Et une mention spéciale également à la très belle couverture de ce roman, représentant les rouages d'un coffre-fort comme ceux d'une intrigue, sur un fond doré...
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« Chacun sa vie, René. Tu as tes putes, je m'occupe de mon gigolo. »

C'est ainsi que fonctionne le couple genevois Odile et René Langlois.
Et quand une combine de blanchiment d'argent s'organise entre Monsieur et associés, c'est Aldo, amant et coach-tennis de Madame, qui fait le porte-valise. Chacun va pousser ses pions, motivé par le gain, le pouvoir, le sexe et pourquoi l'amour.
Se déploie une hydre à tentacules entre menus fretins, gros caïds de délinquance et nantis impunis en cols blancs, entre la Suisse, la Corse et la France. Une machine à sous bien huilée pour faire de l'argent, toujours plus d'argent. L'avidité est le maître mot dans un monde capitaliste sans scrupules où les petits sont toujours mangés par les grands.

Un roman implacablement noir et désenchanté sur le rapport de l'humain au gain, traité avec un cynisme et un ton désinvolte qui accrochent l'intérêt. Fric et entourloupes font bon ménage. Joseph Incardona s'invite parfois en personnage et nous enchaîne par une écriture travaillée, une structure narrative très personnelle et un peu compliquée. On est loin du thriller basique, le ton est sociologique, analytique et observateur du fonctionnement de l'humain et d'une époque. (Ere Mitterrand).

Mais, comme nous l'annonce l'auteur, ceci est une histoire d'amour!
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La soustraction des possibles, ou comment deux « petits » vont essayer de tirer leur épingle du jeu dans l'effervescence financière des années 1990. Svetlana et Aldo n'ont en apparence pas grand chose en commun, à part peut-être leur propension à voir le sexe comme un moyen pour parvenir à leurs fins, mais le destin va les rattraper et les lier à jamais, dans toutes leurs magouilles et leurs rêves de grandeur. Autant vous le dire, ça c'est l'intrigue dans les grandes lignes, en fait, c'est beaucoup plus compliqué que ça – et je ne suis pas sûre d'avoir tout bien compris alors je ne vais pas essayer de vous raconter.

Joseph Incardona convoque dans ce roman fleuve toute une foule de personnages plus tordus les uns que les autres – mafieux, banquiers, héritiers, exécutants, anciens révolutionnaires, pions sur l'échiquier ou épouse manipulatrice, tous ont une seule chose en commun : leur amour de l'argent. A travers les stratégies élaborées qu'ils mettent en place pour gagner toujours plus, l'auteur nous amène finalement à réfléchir sur le capitalisme, ce système de plus en plus libéral où un actif totalement virtuel constitue le centre des préoccupations, et où tous les coups sont permis pour maximiser sa rentabilité – surtout dans les années 1990 où l'informatique commençait tout juste à percer et où aucune législation, ou presque, ne venait entraver la libre circulation des capitaux.

Résultat de ce mix personnages-réflexion sous-jacente, nous obtenons un roman foutrement intelligent, rempli de références, d'explications, d'analyses sur une variété de sujets – jalousie, monde du travail, sexe, ambition, OGM, etc. le style d'écriture surprend, avec ce narrateur s'accordant de libres intrusions dans le récit pour faire de l'ironie (« Et une banque n'a rien de fasciste ni de totalitaire. N'est-ce pas?« ), se moquer ouvertement de ses personnages (« Et la dignité, Odile?« ) ou raconter des épisodes de sa propre vie (dont je n'ai jamais bien compris l'utilité dans le récit). Ça aurait donc pu être un roman passionnant, mais finalement, j'y ai trouvé des longueurs, des flous persistants (mais à quoi sert Christophe Noir dans le plan initial?) et des digressions perturbantes. Je relirais avec plaisir cet auteur – mais dans un format peut-être plus condensé.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Livre qui tient ses promesses pour ce qui concerne l'intrigue et le témoignage de cette période dorée où l'argent commençait à se dissocier du facteur travail. On pouvait ( on peut encore je crois) en gagner beaucoup sans que cela ne soit le fruit d'un quelconque travail ou effort. Les personnages gravitant autour de cela sont donc globalement antipathiques...Il faut donc se raccrocher aux 2 héros, embarqués dans cette histoire, mais acteurs également ,souhaitant récupérer une part du gateau. L'écriture est vive et les apartés ,pertinents . je recommande donc ( seul bémol peut être, le coté coup de foudre entre les 2 personages clés qui n'est pas très crédible)
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Joseph Incardona livre ici une fresque haletante, résolument contemporaine et engagée avec une liberté de ton tout à fait intéressante.

Le lecteur est invité à suivre Aldo, un professeur de tennis mais aussi un gigolo qui a soif d'argent et d'ascension sociale. Il va mettre le doigt dans un engrenage qui va le conduire à rencontrer son alter ego féminin, Svetlana. Cette envie de s'élever dans la société coûte que coûte va petit à petit les détruire.

Ce roman, c'est d'abord une critique acerbe de certains milieux comme la banque ou bien les ultra-riches, des milieux où l'argent est roi et surtout synonyme de pouvoir. Des actes immoraux jusqu'à la grande criminalité, l'auteur montre les répercussions pouvant découler de cette course à l'argent et au pouvoir.

Le rythme est parfait et ne laisse aucun répit au lecteur. La narration est soignée avec un style qui semble bien caractéristique de l'auteur à base de digressions savamment dosées et venant systématiquement se raccrocher parfaitement à la trame principale. le lecteur est baladé de droite à gauche sans temps mort et assiste impuissant à la chute qui au fur et à mesure du roman devient inexorable. La violence, l'argent, le sexe sont présents à quasiment chaque page sans pour autant tomber dans quelques choses de trop indigeste, de trop grossier. L'auteur fait montre d'une belle maîtrise et d'un équilibre quasiment parfait dans son récit.

C'est donc un roman tout à fait intéressant, particulièrement prenant et à l'écriture agréable et moderne. Derrière tout ça, on discerne une vraie critique de la société par l'auteur qui a écrit ce roman avec une liberté de ton très appréciable. Je n'ai pas vu le temps passer tant ce récit et ces parcours croisés aux trajectoires différentes mais ayant pour autant le même objectif est intéressant à suivre. Une vraie découverte !
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